Martin Roberge, stratège quantitatif de Canaccord Genuity, présente encore une fois ses trois thèmes à contre-courant pour l’année qui commence.
Les clients institutionnels aiment bien consacrer une petite partie de leur portefeuille à des placements plus spéculatifs.
Investir loin des foules requiert donc un portefeuille déjà bien équilibré et diversifié, ainsi que... des nerfs d’acier.
La cuvée de 2013 de M. Roberge a donné de bons résultats. Le secteur canadien de l’aérospatiale a donné un rendement de 27% grâce au gain de 18,4% de Bombardier et de 34,6% de CAE, l’an dernier.
L’industrie américaine des puces, représentée par le fonds négocié en Bourse (FNB) Market Sectors Semis (NY, SMH), s’est apprécié de 27 %, tandis que celle des équipements médicaux représentée par le FNB iShare US Medical Device (NY, IHI) a gagné 35%.
Pour ses idées hors des grands courants, M. Roberge se tourne vers des secteurs impopulaires dont les perspectives ont probablement atteint le fonds du baril, ce qui leur donne un bon rapport risque-rendement.
Ces thèmes à contre-courant doivent rencontrer deux critères : le potentiel haussier que procure au rebond de leur industrie et un risque de baisse limité provenant d’une évaluation attrayante.
«La cuvée de 2013 est probablement encore bonne pour 2014. C’est normal puisque peu d’investisseurs croient au potentiel de revirement d’industries mal en point et ils investissent seulement quand les secteurs en défaveur ont déjà bougé», explique le stratège en entrevue.
Voici trois nouveaux thèmes à explorer pour 2014 pour ceux qui aiment ramer à contre-courant.
1- Les producteurs canadiens de pétrole lourd
1- Les producteurs canadiens de pétrole lourd
Les pétrolières canadiennes tirent de l’arrière sur la Bourse canadienne depuis quatre ans. Du jamais vu, selon M. Roberge.
Des lueurs d’espoir se pointent toutefois en 2014, particulièrement pour les producteurs de pétrole lourd.
La croissance mondiale retourne à sa moyenne de 3,5 %, ce qui devrait nourrir la demande pour le pétrole raffiné.
Le prix du pétrole canadien (Western Canada Select) devrait aussi se rapprocher un peu plus de celui du prix de référence du West Texas américain, car les producteurs achemineront plus de leur pétrole par train et les raffineurs augmentent leur capacité de raffiner le pétrole lourd.
BP Plc vient notamment de compléter une importante expansion de sa raffinerie de Whiting, en Indiana.
Déjà, le WCS est à un sommet de cinq mois et le contrat à terme de février n’est que 18,50$ US inférieur au prix du West Texas.
Canaccord Genuity prédit que le prix du pétrole canadien (WCS) atteindra 90$ US en 2014 et 100$ US en 2015, par rapport au cours actuel de 80,93$ US.
Si en plus le huard baisse à 0,90$ US comme le prévoit M, Roberge, les pétrolières canadiennes récolteront plus de dollars canadiens de leurs ventes réalisées en dollars américains.
Autre facteur d’attrait: l’évaluation des pétrolières canadiennes est 25% inférieure à celle de leurs cousines américaines et 50% inférieure à celle des exploitants canadiens de pipeline.
Ces titres pourraient aussi bénéficier d’un déplacement des gros investisseurs qui leur préféraient jusqu’ici les titres des grandes banques, parmi les titres canadiens à grande capitalisation.
La croissance des bénéfices des banques ralentit tandis que celle des producteurs pourrait être sur le point de rebondir.
2- Les fournisseurs canadiens de machinerie
2- Les fournisseurs canadiens de machinerie
Contrairement à leurs consoeurs américaines Caterpillar et Deere, qui souffrent de l’affaissement de la demande mondiale pour les équipements miniers, les perspectives des équipementiers canadiens Toromont et Finning semblent se stabiliser.
Le recul du huard rend aussi leurs équipements plus concurrentiels.
Toromont et Finning profitent davantage des projets de sables bitumineux de l’Ouest canadien, auxquels s’ajouteront éventuellement les projets d’infrastructures pour le gaz naturel liquéfié.
Après trois ans de contre-performance, les titres des équipementiers sont aussi de bons choix cycliques pour 2014, fait valoir M. Roberge.
Les meilleurs prix pour le pétrole et le gaz naturel augmentent les forages de la part des producteurs qui devraient à leur tour faire rebondir la demande de machinerie. D’ailleurs, les revenus des équipementiers ont récemment recommencé à croître.
Pour l’instant, les fabricants de machinerie écoulent leurs stocks existants, mais ils devront bientôt en produire davantage, ce qui est de son augure pour leurs prix de ventes et leurs revenus, deux variavles auxquels leurs titres réagissent en Bourse.
L’amélioration des perspectives des équipementiers ne se reflète pas encore dans leurs titres en Bourse, qui sont encore 10% moins chèrement évalués que l’indice S&P/TSX et 17 % moins chèrement évalués que le sous-indice du secteur industriel auquel ils appartiennent.
L’analyste Yuri Link, de Canaccord Genuity, recommande aussi l’achat de Finning (Tor., FTT) et de Toromont (Tor., TIH).
3- Les fabricants américains d’équipements de télécommunications
3- Les fabricants américains d’équipements de télécommunications
Ce secteur volatil est redevenu aussi impopulaire qu’en 2012 dans la foulée des résultats décevants de la société-phare Cisco Systems, en 2013.
Pourtant, les dépenses pour les équipements de communications ne sont pas aussi anémiques que les cours des fabricants ne le suggèrent, dit M. Roberge.
La demande d’équipements pour le déploiement américain des réseaux de quatrième génération (LTE) augmente.
De plus, la hausse de l’indice économique précurseur (LEI) des marchés émergents au dessus de la barre de 50 laisse entrevoir une amélioration de la demande de ces pays.
Les fabricants encore prudents écoulent leurs stocks et freinent l’embauche, pour réduire leurs coûts.
L’industrie s’est aussi rationalisée de sorte que les fabricants survivants bénéficient du meilleur pouvoir d’imposer leurs prix depuis 2008, affirme M. Roberge, graphique à l’appui.
Avec une structure de coûts allégée, toute amélioration des revenus plus tard en 2014 gonflera les marges et les bénéfices des fabricants.
De plus, cette industrie n’a pas suivi le mouvement haussier du marché depuis maintenant quatre ans, si bien que son évaluation n’a jamais été aussi faible par rapport à l’indice S&P 500, malgré le rendement de dividende supérieur des fabricants.
M. Roberge suggère d’investir par le biais du fonds négocié en Bourse (NY, IGN) ou encore dans un panier de titres de sociétés-phares telles que Cisco (Nasdaq, CSCO), Corning (NY, GLW), Motorola Solutions (NY, MSI), Juniper Networks (Nasdaq, JNPR) et Harris Corp. (NY, HRS).