Blogue. Normalement lorsqu’un acteur contrôle 83 % de son industrie, les craintes que la concentration diminue la concurrence et fasse monter les prix font surface.
Or, l’achat du deuxième fournisseur de fonds négociés en Bourse Claymore par le premier fournisseur BlackRock, propriétaire des populaires iShares, ne suscite pas de montée aux barricades.
La transaction qui verra BlackRock acquérir Claymore, pour un montant non divulguée, donne au groupe combiné 37 milliards de dollars ou 83 % de l’actif en gestion de l’industrie canadienne des fonds négociés en Bourse et 82 fonds négociés en Bourse.
« Nous ne voyons aucun impact négatif pour les investisseurs. Les deux firmes continueront d’offrir des produits performants et efficaces », fait valoir Pat Chiefalo, analyste des fonds négociés en Bourse, à la Financière Banque Nationale.
Une masse critique pour baisser les frais
« Je suis content que Claymore passe entre les mains solides d’un fournisseur établi. Il s’agit d’une fusion entre deux bonnes organisations », dit Raymond Kerzerho, directeur de la recherche, chez PWL Capital.
BlackRock ne profitera de sa domination pour hausser ses frais, croit M. Kerzerho. Au contraire, la société s’appuiera sur sa masse critique pour maintenir ou même baisser ses frais, pour mieux rivaliser les nouveaux concurrents, prévoit Rudy Luukko, chroniqueur au site sur les fonds Morningstar.
L’union des deux entreprises est avant tout une transaction d’affaires pour les deux acteurs qui font face à plus de concurrents.
BlackRock élargit sa gamme de fonds et met la main sur un fournisseur plus innovant qui croît plus vite qu’elle, à un moment où deux banques (BMO et Royale) et le colosse américain Vanguard entrent dans le marché des fonds négociés en Bourse, indique Dan Hallett, vice-président, associé de HighView Financial Group Canada
D’ailleurs, en décembre la part de marché des fonds iShares de BlackRock a baissé de 6,6 %. à 67,2 %, pendant que celles de Claymore a augmenté de 1,2 % (à 15,5 %) et celle de la Banque BMO a crû de 1.2 % (à 9 %), selon les plus récentes données publiée par l’Association canadienne des fonds négociés en Bourse.
L’effet Vanguard se fera sentir
L’industrie a crû de 13 % en 2011, mais huit acteurs se partagent désormais la tarte de 43 milliards de dollars, précise M. Hallett (BlackRock, Claymore, BMO, Horizons, PowerShares (Invesco), Vanguard, RBC et XTF Capital), alors qu’ils n’étaient quatre, il y a un an.
Vanguard joue la carte de sa notoriété américaine et de ses frais modiques pour prendre des parts de marchés.
Dans tous les marchés où Vanguard prend pied, le géant impose une baisse des frais à ses concurrents, indique Howard Atkinson, président de BetaPro Management, le fournisseur des fonds Horizons, récemment passé dans le giron de la firme coréenne Mirae Asset Global Management.
Les banques, elles, bénéficient de l’étendue de la force de frappe de leur réseau de succursales. C’est ce qui explique que la Banque BMO ait pu récolter si rapidement 3,8 milliards de dollars d’actif dans ses fonds négociés en Bourse.
En avalant Claymore, BlackRock empêche aussi l’un de ses rivaux de prendre plus de place.
« Le motif derrière la transaction est davantage une affaires d’expansion que de consolidation », écrit Rudy Luukko, chroniqueur au site sur les fonds Morningstar. D’ailleurs, les 48 fonds de BlackRock et les 34 fonds de Claymore sont complémentaires.
Les iShares calquent des indices de marché généralistes construits en fonction de la valeur boursière des sociétés.
Les fonds Claymore cherchent à surpasser les indices à l’aide de fonds négociés en Bourse qui filtrent les titres des indices en fonction de critères fondamentaux.
Claymore rend aussi ses fonds négociés en Bourse attrayants pour les planificateurs financiers en leur versant une commission de suivi de 0,75 %.
Les Fonds iShares de BlackRock sont populaires auprès des investisseurs institutionnels, explique M. Kerzerho.
Certains fonds pourraient fusionner au fil du temps, notamment ceux qui investissent dans les marchés émergents, croit M. Hallett.
Dave Paterson, un analyste indépendant en fonds d’Oakville, s’attend à des fusions éventuelles parmi les fodns de tirtes à revenu fixe.
« De toute façon, tout changement exigera un vote des porteurs d’unités », dit M. Kerzerho.
Seul Jonathan Chevreau, chroniqueur en finances personnelles au Financial Post, dit craindre moins d'innovation de la part de la société combinée.