BLOGUE. Hier, Costas Vaxevanis rédacteur de l’hebdomadaire grec Hot Doc, a été arrêté par une quinzaine de policiers alors qu’il accordait une entrevue à la radio. Cette entrevue portait sur la liste Lagarde. Une liste contenant les noms de 2059 contribuables grecs qui possèdent des comptes en Suisse chez HSBC. Sur cette liste apparaissent, entre autres, des dirigeants et des hommes politiques.
On accuse Costas Vaxevanis de violation de la loi sur la publication des données privées. Il a publié cette liste sans preuve que les individus qui y apparaissent sont vraiment coupables. Relâché dimanche, Costas Vaxevanis est apparu en cour de matin. Son apparition a donné lieu a un élan de solidarité de la part de la population.
Mais d’où vient donc la « Liste Lagarde » ? En octobre 2010, Christine Lagarde, alors ministre de l’économie française, remet à son homologue grec un CD-Rom contenant les noms de 2059 Grecs ayant des comptes à la banque HSBC. La suite ressemble au jeu de la « patate chaude » .
Le ministe Papaconstantinou aurait remis la liste à la brigade financière, la SDOE. Pour qu’elle fasse enquête. Silence radio. En 2011, Papaconstantinou tombe. Il affirme avoir remis le document au nouveau chef de la police fiscale pour qu’il fasse enquête. Son successeur, Evangelos Venizélos, affirme pour sa part que, début octobre, il a remis à la police un clé USB contenant la liste Lagarde. Le successeur du ministre Venizélos, Iannis Stournaras, affirme quant à lui qu’il ne trouve pas le CD-Rom originel au ministère.
Costas Vaxevanis affirme que cette liste est parvenue de façon anonyme au magazine Hot Doc. L’expéditeur a le sens du timing. Demain, le gouvernement grec doit voter des baisses de salaire pour les fonctionnaires grecs. Ces coupes salariales s’ajoutent à celles liées à la retraite. C’est ce qu’on appelle jeter de l’huile sur le feu.
La liste des noms a été publiée samedi. Mais, son existence est connue depuis plusieurs mois déjà. La semaine dernière, l’ex ministre Papaconstantinou a été invité à s’expliquer devant le parlement. Selon lui, un total de 1,9 G$ est en jeu lorsqu’il est question de la liste Lagarde. « Mais ce n’est rien, ajoute-t-il. La Banque de Grèce a une liste de 54 000 noms de citoyens qui auraient sorti 22GE ( 28G$) du pays. Une première enquête a permis de déterminer que, de cette somme, 6GE (7,74G$) ne peuvent être justifiés. Près de 15 000 contribuables ont donc reçu des lettres leur annonçant que leurs avoirs seront taxés à 45%. »
Pas joli tout ça. La tentation est grande de dire que les Grecs ont creusé leur propre tombe. Je m’en abstiendrai. La plupart, sinon tous, des États vivent dans une maison de verre lorsqu’il est question d’évasion fiscale. Au Québec, on estime que 3,5G$ échappe au fisc. Alors que les mesures d’austérité succèdent aux mesures d’austérité. Que les États-Unis font face au précipice fiscal. La liste Lagarde nous rappelle que le défi principal des chefs d’États n’est pas de réduire les dépenses mais d’augmenter les revenus. Ou plutôt de réclamer ce qui leur est dû. Notre dû.
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