BLOGUE. Lorsque les Talibans tuent une jeune fille voyageant à bord d’un autobus scolaire pour dissuader ses compagnes de fréquenter l’école, s’agit-il d’un geste politique, social ou économique ?
Les trois à la fois. Je n’ai pas à expliquer pourquoi il s’agit d’un geste politique et social. Nous le savons tous. Ce à quoi nous pensons moins ce sont les répercussions économiques de cet acte de violence. Dissuader des jeunes femmes de fréquenter l’école c’est aussi nuire au développement économique. C‘est priver un pays de la moitié de ses cerveaux. La moitié moins d’employés, d’entrepreneurs potentiels, de contribuables.
J’ai débuté par un exemple dramatique et extrême ( cité par l'OCDE). Mais, derrière celui-ci se profile une réalité très répandue. Les femmes et les filles qui veulent améliorer leur sort ou contribuer à la société active ne sont pas menacées de mort dans tous les pays, certes. Mais, la contribution économique des femmes est bien en-deçà de ce qu’elle pourrait être et ce, partout dans le monde. C’est ce que nous rappelle un récent rapport de l’OCDE sur les conséquences économiques du fossé social entre les hommes et les femmes.
Les femmes constituent la moitié de la population, soit la moitié du capital humain disponible. Se priver de leur contribution c'est nuire à la compétitivité. Les pays où le fossé économique, politique et social entre les hommes et les femmes est le pllus faible sont aussi ceux qui affichent le meilleur indice de compétitivité, comme nous le rappelle l'étude annuelle du Forum économique mondial sur le fossé homme/femmes.
Cette étude se penche sur la façon dont 135 États distribuent les ressources et les opportunités entre les hommes et les femmes. Les pays les plus "équitables": l'Icelande, la Finlande, la Novège et la Suède. Les dernierse classe: le Tchad, le Pakistan et le Yémen. Mais, gare aux conclusions hâtives, on constate de grandes disparités à l'intérieur des continents. Ainsi, cinq pays africains de méritent une place dans la top 30. Mais, aucun pays d'Afrique du Nord n'apparaît dans le top 100.
Y a-t-il de l'espoir? Un peu. Depuis sept ans, 6 pays ont gagné 10%. Mais, 75 pays ont vu leur note augmenter de moins de 5%.
C’est fou le temps et l’argent qu’on gaspille à organiser des sommets, financer des recherches, payer des consultants pour trouver de nouvelles avenues de développement économiques. Les pays riches comme les pays pauvres courent tous après le moindre dixième de point de croissance. On élabore des plans de développement de ceci et de cela, on signe des accords de libre-échange, on investit dans l’innovation, etc.
Mais, dans les pays de l’OCDE :
-les femmes gagnent encore 15% de moins que les hommes ;
-les femmes occupent à peine 10% des postes sur les conseils d’administration.
Voici ma question : pourquoi explore-t-on toutes les avenues de croissance sauf celle qui consiste à augmenter la contribution économiques des femmes ? Est-ce parce qu’il s’agit d’une solution trop simple ou trop complexe ?
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