BLOGUE. « La Grande-Bretagne est en guerre », voilà ce qu’a déclaré aujourd’hui le PM David Cameron. Il estime la situation économique de son pays suffisamment critique pour la comparer à celle qui prévaut lors d’une guerre. Ce qui, a-t-il ajouté, justifie le fait de ne plus suivre les « règles normales ». Un peu comme le fit Winston Churchill lors de la Deuxième Guerre Mondiale.
Que signifie exactement « les règles normales » ne s’appliquent pas ?
Si le gouvernement Cameron estime une loi ou une mesure essentielle pour redresser l’économie, il passera immédiatement aux actes.
Deux exemples :
1-les ministres pourront introduire de nouvelles mesures sans aucune consultation préalable. Jusque là, l'introduction de toute nouvelle mesure était précédée d'une période de consultation de trois mois . Récemment, celle-ci est passée à deux semaines. Désormais, si la situation l’impose, aucune période de consultation n’est requise;
2- il sera désormais plus onéreux et plus complexe pour les individus aussi bien que pour les groupes de contester les mesures gouvernementales devant la cour.
Depuis quelques semaines, Cameron n’y va pas avec le dos de la cuillère. Aux grands maux, les grands moyens. Chez lui comme à l’extérieur.Le PM britannique évoque de plus en plus un éventuel retrait de l’Union Européenne. Il se dit insatisfait du manque de sérieux des mesures d’austérité de l’UE. « Brexit », voilà le terme qu’on utilise pour qualifier le départ possible de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne.
Jeudi et vendredi, les ministres des finances de l’UE doivent se réunir pour approuver le budget 2014-2020 de l'UE. Cameron a annoncé ses couleurs : si ledit budget augmente, Londres y posera son veto.
Pourquoi Cameron se montre-t-il si ferme ? Parce que sa tête est mise à prix chez luii. Son parlement, aussi bien la gauche que la droite, grouille « d’eurosceptiques » qui ne donnent pas un rond de l’avenir de l’Union Européenne. Les « eurosceptiques » estiment que « charité bien ordonnée commence par soi-même ». Ils exigent que la Grande-Bretagne réduise ses contributions au budget européen au plus vite pour consacrer cet argent au redressement de l’économie nationale.
David Cameron est-il un mauvais Européen ? Défend-il son pays ou son siège ? Est-il courageux et sage ou désespéré et opportuniste ? Doit-il faire preuve de solidarité puisque la Grande-Bretagne est encore membre de l’Union Européenne ? J'en profite pour amener ici les réflexions de Ian Bremmer, président et fondateur du Groupe Eurasia, une boîte de consultants en géopolitique et gestion des risques. Voici un extrait: "De moins en moins de nations affichent la capacité ou la volonté de collaborer à l'échelle mondiale ou d'assumer une quelconque forme de leadership."
Dernière question: Cameron a-t-il raison d’affirmer qu’un État en crise économique doit mettre en veilleuse la consultation pour servir « les intérêts supérieur de la nation » ? Pour ma part, ce raisonnement m’inquiète un peu.
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