BLOGUE. Starbucks paiera 16M $ en impôt au gouvernement britannique en 2013 et 2014, qu’elle fasse des profits ou non. C’est ce que Kris Engskov, le dirigeant britannique de Starbucks, a promis, la main sur le cœur. Il a ajouté qu’au cours de deux prochaines années, son entreprise ne réclamera pas les déductions fiscales auxquelles elle a droit.
Le gouvernement britannique n’a pas été impressionné. Il a réservé un accueil plutôt froid à cette annonce. « L’impôt n’est pas un choix, c’est une obligation », ont répondu les parlemantaires.
Starbucks est présent en Grande-Bretagne depuis 14 ans. Au cours de cette période, elle n’a payé que 13,8M$ en impôt. Pourquoi ? Parce que, dit-elle, ses cafés britanniques ne rapportent pas. Starbucks affirme opérer à perte en Grande-Bretagne depuis les premiers jours où elle s’y est installée.
La réalité est autre. Par une habile stratégie d’optimisation fiscale, Starbucks déclare des pertes dans les États où le taux d’imposition est élevé et des revenus là où il l’est moins.
J’ai abordé le thème de l’optimisation fiscale dans cette chronique il y a quelques semaines, tandis que des représentants de Google, Amazon et Starbucks ont défilés devant le gouvernement britannique pour répondre à la question suivante: «Pourquoi ne payez-vous pas votre juste part d’impôt chez nous?» Penauds, ils ont servi des réponses évasives. Ils ne pouvaient faire autrement, la réalité ne se dit pas, tout simplement.
Starbucks n’avait pas vraiment le choix. Ça commençait à sentir le boycott des consommateurs. Ces 16M$ en impôt pendant deux ans, il s’agit d’une décision de relations publiques, on s’entend.
D'où sort ce montant? Comment a-t-il été établi? Depuis quand une entreprise ou un particulier établit-il lui-même le montant de ses impôts ? Pire encore, comment peut-on le déterminer avant même que nos revenus soient connus? Les seuils d’imposition sont fixés par le gouvernement, pas par les contribuables.
Starbucks peut bien payer un montant pour compenser l’impôt qu’elle n’a pas payé en recourant à l’optimisation fiscale. Mais, cette entreprise ne peut certainement pas qualifier cette somme d'impôt. C’est un paiement compensatoire, peut-être, mais on ne peut pas parler d’impôt. Que ce soit clair.
Il n’y a pas 36 façons de régler cette situation. Il faut que les entreprises présentent des résultats financiers pays par pays et non des résultats consolidés.
Cette mesure a été évoquées à maintes reprises lors de la 15e conférence internationale anti-corruption à laquelle j’ai assistée à Brasilia. C’est le dossier de la une de l’édition de cette semaine de Les Affaires. Le message qui se dégage de mon reportage est clair : la corruption n’est pas une fatalité. On peut agir. Et tout débute avec la transparence.
Le geste de Starbucks est tout sauf transparent. Il vise plutôt à calmer le jeu et attirer l’attention ailleurs pour éviter de régler le problème.
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