BLOGUE. Depuis 2010, 180 sociétés chinoises ont procédé à leur premier appel public à l’épargne sur les marchés étrangers. Les investisseurs ont applaudi. Aujourd’hui, ils déchantent : allégations de fraude, bilans financiers incomplets donné au compte-goutte… c’était trop beau pour être vrai.
Les entreprises chinoises inscrites Bourse de Hong Kong ont vu leur titre chuter de 15,8% alors que celui des autres sociétés entrées à cette bourse à la même période s’est apprécié de 6,5%.
Sur les bourses américaines, c’est pire. Les titres des sociétés chinoises ont chuté de 38% en moyenne depuis leur inscription alors que ceux des autres sociétés ( inscrites depuis 2010 ) ont connu une hausse moyenne de 9,9%.
Devinez la suite…Les entreprises chinoises quittent la bourse. Au cours des neuf premiers mois de 2012, 16% des entreprises de la planète qui sont redevenues privées étaient chinoises.
Confrontées à une crise de crédibilité, les pdg chinois se remplient dans leurs terres. Une solution facile, mais qui ne règle rien. La gouvernance des entreprises chinoises est mise en doute. Et ce ne sont pas que les dirigeants que l’on pointe. La SEC accuse les Big Four ( les cabinets comptables) de ne pas coopérer avec elle pour neuf enquêtes qu’elle mène présentement sur des sociétés chinoises inscrites en bourse aux États-Unis. Les cabinets comptables répondent que les demandes de la SEC contreviennent aux lois chinoises. Ils ont probablement raison, la législation chinoise est moins contraignante en matière de divulgation d’information financière.
Voilà une situation intéressante. Combien de temps les entreprises chinoises pourront-elles réclamer et défendre ces doubles standards? Même les investisseurs chinois commencent à en avoir marre. À leurs yeux, les sociétés chinoises inscrites aux bourses étrangères représentaient la crème de la cème. Les enquêtes de la SEC sèment le doute dans leur esprit. Les investisseurs chinois voient bien qu'il existe une réglementation bien plus musclée que celle de la Chine et se sentent tout à coup bien mal protégés.
Parlons maintenant du rôle des auditeurs chinois dans cette affaires. Ceux-ci sont tous attachés à de grands cabinets internationaux. Ils connaissent très bien les lois et les règles que suivent les bourses étrangères. Pourtant, ces auditeurs acceptent de signer les états financiers de sociétés chinoises inscrites à l’étranger en sachant fort bien que ces documents sont non conformes. Et ils invoquent les lois chinoises pour se défendre. Cet argument ne peut tenir éternellement.
Pour gagner du temps, les sociétés chinoises quittent la bourse. Est-ce une solution de transition pour leur permettre de revoir leur gouvernance ? Ou alors une solution à plus long terme? Les gens d’affaires chinois misent peut-être sur des investisseur privés plus « accomodants » que les autorités réglementaires. (Le Groupe Carlyle, par exemple, investit dans la société chinoise Focus Media Holdings qui vient tout juste de quitter le Nasdaq.)
Un dossier à suivre en 2013
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