BLOGUE. Des pauvres moins pauvres, une population plus scolarisée, des régions plus instables, une guerre entre l’eau, la nourriture et l’énergie… le cinquième rapport du Conseil national du renseignement américain (CNRE) nous propose du 4 méga-tendances, 6 influences et 4 scénarios pour 2030 (Global Trends 2030).
Les 4 méga-tendances c’est ce à quoi nous ne pouvons échapper, ce qui teintera notre vie professionnelle et personnelle.
1- L’autonomisation individuelle ( empowerment) : les pauvres se hissent de plus en plus vers la classe moyenne qui, elle, devient la plus grande puissance économique et sociale d’un nombre croissant de pays. L’ascenseur social des quasi-pauvres et de la classe moyenne c’est une éducation de plus en plus accessible géographiquement grâce à la technologie. Une technologie qui s’infiltre aussi dans le secteur de la santé et affranchit encore plus la classe moyenne.
2- Un monde multipolaire : il est question, bien sûr des États, Chine, Inde, Brésil, mais aussi Colombie, Indonésie, Nigéria, Afrique du sud et Turquie. Mais, il est aussi question d’États dans l’État, c’est-à-dire tous les groupes citoyens, coalitions et réseaux en tous genres. La légitimité des gouvernements reposera en grande partie sur leur capacité à composer avec ces groupes. Plus encore, selon le CNRE, les pays les plus prospères aux économies les plus solides seront ceux dont les élus peuvent naviguer dans un monde multipolaire.
3- Une démographie ominiprésente : d’un côté, un vieillissement généralisé et, de l’autre, une poignée d’États à la population hyper-jeune. Des mouvements migratoires croissants et une urbanisation soutenue. Voilà qui devrait influencer, entre autres,
la construction, les transports et la demande de main-d’œuvre.
4-La guerre eau-nourriture-énergie : d’ici 2030, la demande pour la nourriture devrait croître de 30%, celle pour l’eau de 40% et celle pour l’énergie de 50 %. Chaque demande exerçant une pression sur l’une ou les deux autres à la fois. Parfois ces demandes se complètent. Parfois, c’est la guerre. Pensons au bio-carburant : on nourrit les voitures ou les humains ?
Les 6 influences suivantes ( game changers), elles, peuvent faire pencher notre univers d’un côté ou de l’autre. 1- La volatilité : aura-t-elle pour effet de multiplier les crises ou incitera-t-elle les acteurs à bâtir leur résilience ?
2- La gouvernance : les États sauront-ils s’adapter aux changements sociétaux ou seront-ils à leur remorque ?
3- Les conflits : le déplacement du pouvoir engendrera-t-il plus de conflits à l’intérieur des États et entre ceux-ci ?
4- L’instabilité régionale : l’instabilité du monde arabe et de l’Asie du Sud-Est sera-t-elle limitée à ces régions ou y aura-t-il contagion ?
5- La technologie : viendra-t-elle au secours de grands problèmes de l’humanité ?
6- Le poids des États-Unis : arriveront-ils à travailler de concert avec les nouvelles puissances pour réinventer le système international ?
Les 4 scénarios qui suivent vont du plus optimiste au plus pessimiste. Nous pourrions assister à l’un ou une fusion de plusieurs.
1-Le point mort : les conflits augmentent, rien n’avance, la globalisation fait du sur-place.
2-La fusion : la Chine et les États-Unis collaborent, ce qui donne le ton à une collaboration mondiale.
3-Le fossé : les iniquités croissent entre les individus aussi bien qu’entre les pays et les régions. L’Union européenne fonctionne à peine. Dans ce monde de gagnants et de perdants, le résultat final est peu reluisant, la croissance de l’économie mondiale s’avère moins que brillante.
4-Le cinquième pouvoir : ONG, coalitions citoyennes, lobby… les acteurs non-gouvernementaux prennent de plus en plus de place. Les gouvernements existent toujours mais ils doivent composer avec ce cinquième pouvoir de mieux en mieux organisé. Pour les dictatures, cela donne lieu à une explosion de violence. Mais, d’une façon générale, l’économie se porte légèrement mieux que sous le scénario no3 parce qu’on assiste à davantage de collaboration pour résoudre les grands problèmes mondiaux.
Voilà un premier portrait de ce qui peut nous attendre. Il y en aura d’autres. Il reste tout de même neuf jours avant les vacances de Noël. Je garde l’œil ouvert.
ME SUIVRE SUR TWITTER : diane_berard