BLOGUE. Après les données décevantes concernant la création d’emplois en août, experts et marchés sont convaincus que la Réserve fédérale des États-Unis annoncera des mesures additionnelles pour stimuler l’économie dès cette semaine. Or, à mon avis, la banque centrale américaine devrait attendre.
D’abord, il est vrai que les Bourses ont bien fait depuis quelques semaines, rebondissant d’environ 10% depuis les creux de juin en partie supportés par des espoirs que l’économie recevra une nouvelle dose de vitamines monétaires.
De plus en plus de stratèges expriment ouvertement leur désir que la Fed passe à l’action. Il est clair que Wall Street met de la pression sur Ben Bernanke, président de la Fed et les autres gouverneurs.
Toutefois, les autorités ne doivent pas se laisser impressionner par les demandes des financiers qui ne pensent qu’à leurs intérêts à court terme. Wall Street peut très bien, et très facilement, tomber dans la dépendance face aux politiques monétaires expansionnistes, malgré les conséquences négatives qu’elles peuvent avoir à long terme (par exemple, en semant les graines de l’hyperinflation).
De plus, les demandes d’intervention de la Fed sont, la plupart du temps, reliées à la faible croissance de l’emploi et au taux de chômage élevé aux États-Unis. Il est vrai que le chômage est très élevé et que la création d’emplois est décevante.
Mais en conclure que par conséquent l’économie a besoin et profitera d’une nouvelle ronde de stimulation monétaire est une erreur. Parce que les problèmes d’emplois ne seront pas nécessairement réglés par des manoeuvres monétaires.
Il faudra des années pour résoudre les problèmes, page 2
Une grande partie de ces problèmes sont de nature structurelle et prendront des années à se régler, peu importe ce que fera la Federal Reserve.
De plus, la croissance économique a ralenti depuis quelques mois, certes, mais elle n’est pas morte. Il y a plusieurs vecteurs positifs qui sont toujours dans l’ombre des données concernant l’emploi. Comme la reprise du secteur immobilier, la croissance encourageante des prêts bancaires, la belle performance du secteur de l’automobile, etc.
Autre facteur important: une bonne partie du ralentissement économique récent pourrait très bien s’expliquer davantage par les incertitudes politiques (donc pas sous le contrôle de la Fed).
Les entrepreneurs et les gens d’affaires n’ont aucune idée des taux d’impôts qui seront en vigueur le 1er janvier 2013. Lorsque la visibilité est réduite, on conduit plus prudemment; c’est la même chose dans le monde des affaires, les dirigeants remettant les projets d’expansion à plus tard.
Enfin, de mon point de vue, la Fed devrait attendre pour la simple raison qu’en pleine campagne électorale, toute intervention pourrait être interprétée comme la volonté de s’immiscer dans la politique, minant sa crédibilité à long terme.
Bernard Mooney