BLOGUE. Au moment d’écrire ces lignes, le titre de Facebook est sous les 27$US, soit un recul de plus de 26% par rapport à son prix d’émission. Le 18 mai, premier jour de sa vie boursière, il a atteint un sommet de 45$US pour ne connaître pratiquement que des jours de baisse depuis.
Et, devant une entrée tant attendue et loin d’être réjouissante (j’allais écrire que c’était un fiasco, mais cela me semble exagéré), ils sont nombreux à tirer toutes les sortes de conclusions comme…
…cela démontre qu’investir en Bourse est un jeu de cons
…le premier appel public de Facebook a été un complot tissé par les actionnaires de contrôle avec la complicité des preneurs fermes pour se débarrasser de leurs actions à gros prix
…on n’a aucune chance devant le monstre qu’est Wall Street
…cela confirme que les épargnants ont raison de ne plus faire confiance à la Bourse
…c’est une confirmation que nous sommes dans un méga cycle baissier
…etc!
Ouf. Comme on a le don, voire le génie de tirer autant de conclusions d’un seul événement. C’est incroyable. C’est comme si je faisais un point sur une feuille quadrillée et que je vous demandais d’en tirer une courbe ou une ligne! Si vous avez cinq sous de jugement, vous me regarderez avec pitié tellement c’est une demande irrationnelle.
Facebook est un premier appel public qui a mal tourné, un point c’est tout. Encore là, peut-être s’agit-il d’une conclusion trop hâtive. Le titre n’a que 11 jours d’historique boursier.
Pour moi, l’introduction en canard boiteux de Facebook ne prouve rien; elle ne fait que confirmer une réalité que je me plais à répéter depuis des années : la Bourse est imprévisible à court terme. C’est vrai pour un titre en particulier et pour le marché dans son ensemble.
Problème d'attitude
Il serait facile de croire que tous ceux qui ont acheté des actions de Facebook sont des imbéciles. Ce n’est pas vrai. Plusieurs ont analysé le titre en détails et décortiqué ses perspectives avec sérieux.
Le problème n’est pas l’intelligence, c’est l’attitude. Il s’est transigé plus d’un milliard d’actions de Facebook en 10 jours. C’est la moitié de toutes ses actions en circulation et 100% des actions disponibles (excluant celles contrôlées par la direction qui ne peuvent être vendues avant une certaine date).
Pensez à cela une minute : toutes les actions disponibles de Facebook ont déjà changé de mains en 10 jours alors que la société n’a pas encore publié de résultats financiers, ni de nouvelles vraiment significatives.
Tous ces investisseurs (ce n’est probablement pas le bon terme) ont transigé sur quelle(s) base(s)? Ont-ils acheté parce qu’ils veulent être propriétaires de cette entreprise dans laquelle ils croient pour les 10 prochaines années?
A mon avis, une grande partie de ces participants boursiers y ont vu une occasion de faire un coup d’argent rapide. Et là, ils se retrouvent le bec à l’eau! Plusieurs, incapables de prendre leurs responsabilités, se tourneront vers les avocats et/ou les organismes de réglementation pour tenter de sauver leur mise et/ou leur face.
Tous ces pseudos investisseurs viennent de réapprendre une leçon aussi vieille que la Bourse : on peut perdre notre chemise à spéculer.
Bernard Mooney