Plus je prends de l'expérience en Bourse, plus je me rends compte de l'importance de la qualité de la direction, en particulier du pdg. J'en ai trouvé une autre preuve chez Disney.
Le conseil d'administration de la société a annoncé la semaine dernière qu'il prolongeait le contrat de Bob Iger à la tête du conglomérat du divertissement jusqu'en 2018, ce qui est une excellente nouvelle pour tous les actionnaires.
C'est d'ailleurs la troisième fois en quatre ans que le conseil remet à plus tard le départ de M. Iger, qui a 63 ans. Ce dernier est un exemple fracassant des changements extraordinaires qu'un bon dirigeant peut réaliser à long terme. Sa seule nomination, en 2005, était un criant signal d'achat pour les heureux qui le connaissaient.
Le titre a quadruplé depuis son arrivée, il y a neuf ans.Le foutoir de Michael Eisner
Ce qui l'est moins, c'est le travail exceptionnel effectué par M. Iger pour consolider la place de Disney dans le monde du divertissement d'aujourd'hui et de demain, et pour se distancer de ses rivales. Surtout quand on sait dans quel état se trouvait Disney lorsqu'il a accédé au poste de pdg.
M. Iger a remplacé Michael Eisner, qui a régné sur Disney de 1984 à 2005. La première partie de son règne avait été positive, M. Eisner faisant un bon travail appuyé par Frank Wells à titre de président et par Jeffrey Katzenberg, président de Walt Disney Studios. Or, lorsque M. Wells est mort dans un accident d'hélicoptère en 1994, Michael Eisner n'a pas nommé M. Katzenberg pour le remplacer. Il lui a préféré son ami Michael Ovitz, un des fondateurs de l'agence Creative Artists Agency, et cela, en impliquant très peu le conseil d'administration de Disney. Jeffrey Katzenberg a mal pris cette décision et a quitté l'entreprise pour fonder DreamWorks SKG, avec Steven Spielberg et David Geffen pour partenaires.
Ce fut le début d'une époque difficile, voire désastreuse pour Disney. M. Ovitz n'a pas fait long feu, partant 14 mois plus tard avec une généreuse enveloppe de compensation d'environ 100 millions de dollars américains !
En 2003, Roy E. Disney, le fils de Roy O. Disney, cofondateur de la société et neveu de Walt Disney, a démissionné du poste de vice-président du conseil de Disney en montrant du doigt la mauvaise gestion de M. Eisner, qu'il accusait notamment de transformer Disney en «société rapace, sans âme...»
Deux ans plus tard, après bien des chicanes avec le conseil, M. Eisner a quitté la société, même s'il restait une année avant l'expiration de son contrat. En janvier 2005, le titre de Disney était au même niveau qu'en 1997.Les acquisitions géniales de M. Iger
Le premier défi de Bob Iger a été de changer le climat de confrontation qui rongeait Disney de l'intérieur. Il a ainsi ramené l'enthousiasme dans la société et s'est concentré sur les franchises dominantes, comme ESPN. Il a aussi réussi à faire la paix avec Steve Jobs, principal actionnaire de Pixar Animation Studios, qui ne pouvait plus sentir Michael Eisner. Disney distribuait les films de Pixar et cherchait à l'acheter. Steve Jobs, lui, voulait laisser tomber Disney.
Le départ de M. Eisner a changé la donne. Le premier geste concret de M. Iger a été de s'entendre avec Steve Jobs, à tel point que celui-ci a accepté de vendre Pixar à Disney en 2006 pour 7,4 milliards de dollars américains.
Ce devait être la première de plusieurs acquisitions intelligentes, voire géniales, comme celle de Marvel Entertainment, et plus récemment, celle de Lucasfilm.
Ce qui fait que plus que jamais, quand vient le moment de parler de divertissement familial, Disney est la société dominante.
Aujourd'hui, on parle des transactions de Bob Iger, telle que celle qui a amené Pixar chez Disney, comme des évidences, des acquisitions «faciles». Or, c'était loin d'être le cas. Lorsque M. Iger a annoncé l'achat de Pixar en 2006, la majorité des analystes étaient convaincus qu'il s'agissait d'une erreur parce qu'il payait trop cher. Plus personne ne le pense aujourd'hui.Une aubaine à 34 M $ !
Il est facile de constater que Bob Iger a véritablement enrichi ses actionnaires. Lors de sa nomination en mars 2005, Disney avait une valeur boursière d'environ 48 G $ US. Or, celle-ci approche actuellement les 160 G $ US.
Cet accroissement est le fruit de l'amélioration constante de la performance de Disney. Ses revenus sont passés de 31,9 G $ US à plus de 48 G $ US en neuf ans, tandis que les bénéfices ont bondi de 183 % au cours de la même période. Selon Value Line Investment Survey, ses marges d'exploitation sont passées de 17,8 % lors de l'exercice 2005 à 25,8 % en 2013. Ses marges nettes, elles, sont passées de 8,5 % à un exceptionnel 13,6 %.
Voilà ce qu'a réussi à accomplir M. Iger avec les mêmes actifs que M. Eisner. Cela donne une petite idée de la puissance d'un dirigeant exceptionnel. La rémunération de M. Iger en 2013 a atteint 34,3 M $ US, selon le Wall Street Journal. À mon avis, il mérite chaque dollar. De plus, c'est une belle aubaine dans le monde des affaires d'aujourd'hui. On peut avancer sans se gêner que Bob Iger est le pdg qui a ramené la magie de Disney...
De mon blogue
Bourse: Vers une bonne saison des résultats
La saison de la publication des résultats financiers pour le trimestre clos le 30 septembre a commencé au cours des derniers jours. Dans l'ensemble, les résultats devraient être bons. Aux États-Unis, selon les analyses compilées par S&P Capital IQ, la croissance des bénéfices devrait être de 6,7 %. À noter que pour le deuxième trimestre, le consensus était également d'une croissance d'environ 7 %. Ce qui n'a pas empêché les sociétés de surprendre, grâce à une hausse trimestrielle de 10,7 %. Les experts de Global Markets Intelligence prévoient justement la même chose pour le troisième trimestre, avec une performance de près de 10 %. Si cela survient, ce serait la première fois qu'on aurait une croissance des bénéfices de 10 % pendant deux trimestres consécutifs depuis les débuts de la reprise économique en 2010 et 2011.