Les marchés financiers et en particulier la Bourse sont doués pour semer la crainte. Même si, la plupart du temps, c'est la volatilité qui fait peur, les marchés peuvent inquiéter lorsqu'ils explosent ou ne font rien alors qu'ils devraient réagir.
Une ou deux manchettes, une statistique économique ou un commentaire d'un personnage reconnu peuvent changer la tendance, l'humeur et les perspectives.
Plusieurs changements d'humeur
Depuis octobre 2014, les marchés ont déjà subi quelques-uns de ces changements. Le début de ce mois a été marqué par les craintes liées aux économies chinoise et européenne. Rassurés par des statistiques positives de l'économie américaine, les titres boursiers ont ensuite rebondi puissamment.
À ce moment, la certitude était que les taux d'intérêt allaient monter aux États-Unis et qu'il fallait réfléchir aux meilleures façons d'investir dans ce contexte pour faire de l'argent en 2015.
Or, un autre événement à la fin de l'année 2014 a encore une fois modifié le sens du vent boursier. La dégringolade des prix pétroliers a provoqué un raz-de-marée sur les marchés qui craignent maintenant que celle-ci soit la preuve que toute l'économie mondiale est beaucoup plus faible qu'on ne le croit. On craint une récession planétaire, voire une dépression.
En quelques jours, les capitaux ont subitement bifurqué vers les titres obligataires, faisant baisser les rendements à des niveaux historiquement extrêmes. Le thème de la déflation refait les manchettes.
C'est ainsi que s'ouvre 2015, les certitudes de hausses de taux étant ébranlées.
Avec ces mouvements subits et contradictoires, pas surprenant que bien des investisseurs soient un peu perdus, et même inquiets.
Vision à long terme
Le problème, en ce qui concerne les manchettes financières, est qu'elles créent un épais nuage qui obstrue la vision à long terme. Pourtant, c'est le facteur sur lequel s'appuient nos décisions de placement. On doit donc resituer ce qui se passe actuellement dans un bon contexte à long terme.
Oui, la croissance économique est faible, mais ce n'est pas nouveau. C'était le cas en 2014, en particulier en début d'année, mais cela n'a pas empêché la Bourse de bien performer.
Par contre, il est vrai qu'une croissance plus rapide serait bienvenue, en particulier en Europe et au Japon. Il y a encore une surabondance des capacités de production, ce qui est une bonne nouvelle pour l'inflation. En contrepartie, cela nourrit les craintes de déflation.
Toutefois, ce contexte nous rassure, car les possibilités de surchauffe économique sont très faibles, repoussant bien loin dans le temps les craintes de récession.
Le contexte financier demeure favorable aux actions. D'une part, les banques centrales ont encore le pied sur la pédale de l'accommodation monétaire. Historiquement, la Bourse performe bien dans ce contexte et les marchés baissiers sont rares. D'autre part, les investisseurs sont obligés en quelque sorte de favoriser les actions, ne serait-ce que de façon relative.
Imaginez, l'acheteur de l'obligation gouvernementale américaine de 10 ans a un rendement de 1,79 % au moment d'écrire ses lignes. Certes, son capital est assuré, mais il fera davantage de rendement uniquement si les taux d'intérêt baissent de façon significative.
Il est vrai que le marché obligataire a très bien performé depuis le début de 2014, bien mieux que prévu. D'ailleurs, cette catégorie d'actifs est redevenue trop populaire, à mon avis. Les surprises de ce côté pourraient être fort mauvaises.
L'acheteur du S&P 500, même après six ans de marché haussier, reçoit un rendement en dividende de 1,99 %. Même en ne supposant aucune appréciation, c'est le minimum que l'investisseur fera, car les dividendes augmenteront dans les prochaines années, c'est certain.
Cela est encore plus vrai si vous achetez l'indice Dow Jones, qui offre un rendement en dividendes de 2,5 %.
Sachez qu'il est rare que les actions aient un rendement en dividendes supérieur aux obligations gouvernementales. En fait, c'est survenu trois fois depuis 1958, et chaque fois, les Bourses ont bien performé au cours des 12 mois qui ont suivi.
La raison est claire : lorsque les actions paient plus que les obligations, vous devriez favoriser les actions. C'est aussi simple que cela !
Évaluation raisonnable
Enfin, les titres boursiers ne sont plus les aubaines qu'ils étaient en 2009 et même en 2011. Il s'agissait d'une époque exceptionnelle. C'est une erreur de s'en servir comme point de référence fondamental. Le S&P 500 se vend à environ 16 fois les bénéfices de 2015 et à moins de 15 fois ceux de 2016. C'est une proposition sensée dans le contexte actuel des taux d'intérêt et les perspectives de croissance des profits.
Il est certain qu'il serait préférable de payer 13 à 14 fois les bénéfices. Mais il faut vivre dans le réel et non dans l'imaginaire.
Et si vous faites une bonne analyse de toutes les catégories d'actifs, vous devrez conclure que le marché boursier offre encore les meilleures possibilités de rendement pour les trois à cinq prochaines années.
À mon avis, vous pouvez espérer un rendement de 7 % à 8 % par an au cours des trois prochaines années. Une perspective intéressante. Je ne dis pas que ce sera facile ou linéaire, mais c'est une récompense sensée pour les risques que l'investisseur assume.