J'ai récemment lu à propos d'une recherche faite en Nouvelle-Zélande sur les relations de couple. Contrairement à ce que vous pouvez croire, les conclusions de l'étude peuvent aussi s'appliquer à tous les investisseurs.
Des chercheurs de l'University of Auckland ont demandé à un époux de toujours être d'accord avec son épouse. Leur but était de vérifier le vieil adage voulant qu'au lieu de toujours chercher à avoir raison, il est préférable de ne pas argumenter et d'avoir la paix.
Selon ces chercheurs, les membres du couple ne font qu'ajouter du stress à leur vie lorsqu'ils insistent pour avoir raison dans leurs échanges avec leur partenaire.
Les chercheurs ont donc demandé à ce couple d'évaluer leur qualité de vie sur une échelle de 1 à 10. Ils ont aussi demandé à l'homme d'être d'accord avec son épouse à chaque opinion et de dire oui à chacune de ses demandes, sans se plaindre, même s'il était en profond désaccord.
L'épouse ignorait tout de cette recherche. On lui avait demandé simplement d'évaluer sa qualité de vie.
Les chercheurs ont été estomaqués par le résultat. La situation du couple s'est rapidement détériorée. La qualité de vie de l'homme a dégringolé, passant de 7 à 3 pendant l'expérience, tandis que celle de son épouse a augmenté de seulement 0,5, à 8,5. Au lieu de créer de l'harmonie, l'attitude du mari a poussé l'épouse à être de plus en plus critique, autant dans ses actions que dans ses commentaires.
Besoin d'avoir raison
Après seulement 12 jours, le mari a craqué, révélant la nature de l'étude à son épouse. Les chercheurs n'ont eu d'autre choix que d'y mettre un terme. Ces derniers ont vraiment été surpris par le déclin rapide du climat entre les deux époux, car ils croyaient que l'attitude du mari augmenterait le bonheur du couple, du moins à court terme.
«Les êtres humains ont besoin d'avoir raison au moins de temps en temps, et d'être reconnus comme ayant raison pour être heureux», de conclure les scientifiques.
Je ne veux pas m'étendre davantage sur cette étude à portée limitée, mais je m'en voudrais de ne pas souligner que ce besoin d'avoir raison peut nuire considérablement à l'investisseur. Ultimement, en Bourse, l'important n'est pas d'avoir raison quant à un titre en particulier, mais bien de s'enrichir à long terme.
Cette attitude de toujours chercher à avoir raison est nuisible, parce qu'elle fait en sorte que bien des investisseurs s'entêtent à conserver des titres perdants. Ils croient qu'ils doivent avoir raison chaque fois qu'ils prennent une décision de placement. C'est d'ailleurs beaucoup plus une question de protéger leur ego fragile qu'une question de perdre quelques dollars en vendant.
Vendre, c'est admettre à eux-mêmes et au monde entier qu'ils se sont trompés lorsqu'ils ont décidé d'acheter.
Non seulement il n'y a pas de honte à se tromper en Bourse et à le reconnaître, mais, comme je veux tenter de vous en convaincre, l'erreur fait partie de la vie de tous les investisseurs. Même les meilleurs. Seuls les investisseurs qui mentent ne se trompent pas.
L'exemple du capital de risque
Le meilleur moyen de vous convaincre est toutefois de vous démontrer la mathématique financière qui vous permettra de vous enrichir même si vous faites beaucoup d'erreurs.
Toute ma philosophie de gestion de portefeuille est fondée sur l'idée qu'une poignée de titres gagnants suffisent pour s'enrichir au-delà de vos attentes.
Pour le démontrer, il n'y a pas meilleur exemple que le portefeuille d'un gestionnaire de capital de risque. Ce dernier investit dans des sociétés très risquées et son taux d'erreur est très élevé. Pourtant, s'il repère quelques sociétés gagnantes, le rendement réalisé peut être très attrayant. En fait, il peut se tromper 90 % du temps et faire de l'argent.
Supposons que ce gestionnaire investit un million de dollars dans 20 entreprises en démarrage différentes, sur un horizon temporel d'au moins cinq ans. Or, dans 18 de ces 20 sociétés, l'investisseur finit par tout perdre.
Pourtant, après cinq ans, il se retrouve avec un rendement annuel d'environ 28 %. Comment est-ce possible ? Les deux autres entreprises ont été de grandes réussites, la première rapportant 91 % par année et l'autre, 129 % !
Deux clés pour réussir à la Bourse
C'est un exemple théorique, mais c'est vraiment typique du placement dans le capital de risque. Malgré un taux d'erreur de 90 %, ce gestionnaire arrive à générer un rendement élevé parce qu'il a ciblé de grands gagnants.
Un investisseur boursier qui fait ses devoirs aura un taux d'erreur très inférieur. Selon mon expérience, je vous dirais que vous vous tromperez trois fois sur dix. Là encore, cela dépend de votre approche.
D'ailleurs, je vous dirais que ce taux n'est pas ce qui importe le plus. La clé est votre rendement lorsque vous avez raison et ce que vous perdez lorsque vous vous trompez. Autrement dit, si vous vous trompez relativement souvent, mais que vous perdez peu de votre capital à chaque fois, le dommage à votre portefeuille sera minime. Pour cela, il faut toutefois reconnaître rapidement vos erreurs.
C'est la première clé de la réussite en Bourse. La deuxième est de se comporter de façon inverse avec ses titres gagnants, soit de les conserver le plus longtemps possible, pour maximiser leur contribution à votre enrichissement.
Voilà comment vous pouvez vous enrichir à la Bourse sans avoir raison tout le temps !