BLOGUE. Mine de rien, on a assisté à une révolution dans le domaine de la téléphonie mobile il y a environ deux semaines, alors que Rogers, Bell et Telus ont en quelque sorte consacré la fin de la valeur des communications vocales.
Cet important changement est survenu en l'espace de quelques heures, le 7 novembre dernier. Rogers a alors annoncé une révision complète de ses forfaits, que Bell et Telus se sont empressés de copier.
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Cette révision consacre le statut de « commodité » des communications vocales en les rendant « illimitées » dans l'ensemble des forfaits. Seul le moins cher compte une limite, mais à 1000 minutes, elle demeure élevée.
La seule différenciation dans ces forfaits provient désormais de la quantité de données qu'il est possible de télécharger. Chez Rogers, on demande 65$ pour 1 Go, 75$ pour 3 Go et 95$ pour 5 Go, toujours avec la voix et les messages textes illimités. Le plus coûteux des forfaits vous permet de faire des appels illimités partout au pays, plutôt que simplement dans votre zone. Les offres de Bell et Telus sont très similaires, à défaut d'être parfaitement identiques.
Selon l'analyste Tim Casey, de BMO Marchés des capitaux, qui a produit un rapport sur le sujet, ce changement sert « à protéger les revenus liés à la voix ».
« Les nouveaux plans s'inscrivent dans la migration à long terme vers la banalisation de la voix et la monétisation des données », écrit-il.
Au cours des cinq dernières années, les opérateurs sans fil ont vu leur mesure du revenu moyen par abonné plafonner autour de la barre des 60$. Mais le marché n'était pas stagnant pour autant. Sous cette surface des 60$ se trouvaient deux courants en sens inverse : celui des revenus de données, en forte hausse (+29% par année), et ceux des revenus liés à la voix, en baisse équivalente. Les deux volets se partagent actuellement la facture de façon presque égale.
Le fait de rendre les communications vocales illimitées les « protège » dans la mesure où elles deviennent ainsi plus compétitives par rapport à des alternatives qui prenaient tranquillement le dessus : Skype, FaceTime et les communications par texte via Facebook, WhatsApp ou BlackBerry Messenger.
Pour le consommateur, un avantage marginal de ces nouveaux forfaits est de grandement simplifier les comparaisons entre les offres des trois plus gros opérateurs. Dorénavant, on peut dire adieu aux milliers de critères qui rendaient les forfaits voix et messagerie texte pratiquement impossibles à bien comparer :
- Nombre de minutes total
- Nombre de minutes de jour
- Nombre de minutes de soir
- Nombre de minutes la fin de semaine
- Appels entrants vs appels sortants
- Heure de début de la période « soir » et « fin de semaine »
- Nombre de numéros avec communications illimitées (« Amis »)
- Coût des minutes supplémentaires
- Messages textes entrants
- Messages textes sortants
- etc.
Les nouvelles formules sont beaucoup plus simples, même si on peut toujours compter sur les opérateurs pour tenter de les complexifier un peu pour éviter les comparaisons directes, qui pousseraient les prix à la baisse.
La comparaison est aussi facilitée avec les États-Unis, où on a aussi récemment adopté des forfaits du genre. Même qu'à première vue, de façon étonnante, les forfaits canadiens sont plus avantageux!
Ainsi, on peut avoir la voix et les textos illimités + 3 Go de données chez Rogers pour 75$ CA, alors qu'il faut débourser 90$ US pour 1 Go chez Verizon (85$ US chez AT&T). Il reste néanmoins des subtilités. Premièrement, les volets voix américains s'appliquent à tout le pays. Vous pouvez être en Floride et faire des appels en Californie toute la journée sans ennui. À ce prix, le forfait de Rogers se limite à votre région métropolitaine.
Surtout, les plans américains deviennent plus avantageux quand ils sont partagés entre membres d'une même famille. On demande de 30$ à 45$ US par mois pour ajouter un téléphone intelligent additionnel au forfait. Celui-ci pourra lui aussi bénéficier de la voix et des messages textes illimités, tout en partageant les données. Le prix moyen par téléphone dans ce contexte dépend de quelques facteurs, mais de façon générale, il a tendance à descendre sous le prix canadien. Notons que Rogers offre aussi des options de partage similaires.