BLOGUE. L'une des plus importantes mesures du premier budget Marceau-Marois destinées à dynamiser l'économie québécoise, qui cible les centres de « traitement et d'hébergement de données », pourrait s'avérer complètement inutile, en raison d'un plancher d'investissement trop élevé.
Les conditions d'admissibilité du nouveau Crédit d'impôt à l'investissement (C2I) soulèvent des questions dans le domaine des centres d'hébergement de données, l'un des trois secteurs qu'il cible précisément, avec l'industrie manufacturière ainsi que le commerce de gros et l'entreposage.
C'est que le C2I impose un plancher de 300 M$ aux projets d'investissement privé qui souhaitent en bénéficier. En retour, il leur offre un congé d'impôt et de cotisations au Fonds des services de santé d'une durée de 10 ans.
Or, les projets de centres de données d'une valeur de 300 M$ sont archi rares, même à l'échelle mondiale.
La firme française OVH.com, qui se décrit comme « le plus important hébergeur en Europe », a annoncé en janvier dernier qu'elle construirait à Beauharnois, en banlieue de Montréal, le « plus grand centre de données au monde », équipé de 360 000 serveurs. Valeur de l'investissement, selon le communiqué (PDF) alors émis par l'entreprise, la ville de Beauharnois et Montréal International : 127 M$, moins de la moitié du plancher fixé par le gouvernement Marois.
Toujours au Québec, Telus devrait inaugurer la semaine prochaine à Rimouski son nouveau centre de données, qu'elle décrit comme l'un des plus modernes et les plus écologiques jamais construits. Valeur du projet : 65 M$.
Telus a aussi amorcé en juin dernier la construction d'un autre centre de données, cette fois à Kamloops, en Colombie-Britannique, qui devrait être prêt l'an prochain. Coût de celui-ci : 75 M$.
Des géants comme Facebook et Google ont eux aussi inauguré certains des plus gros et des plus sophistiqués centres de données au monde récemment, centres qui peineraient aux aussi à atteindre le seuil québécois.
Facebook a choisi la petite localité de Prineville, en Oregon. Son centre de 150 000 pieds carrés lui a coûté 210,4 M$, selon une étude de retombées économiques commanditée par Facebook elle-même.
Google, de son côté, a choisi Hamina, en Finlande, pour un centre de données qui desservira l'Europe. La première phase de ce projet a été construite au coût de 200 millions d'euros (255 M$). Une deuxième phase, annoncée en août dernier, donnera lieu à un investissement supplémentaire de 150 millions d'euros (192 M$).
L'exception semble être un centre de données construit par Apple à Maiden, en Caroline du Nord, à un coût que plusieurs sources estiment à 1 milliard de dollars américains.
Fait à noter, une fois construits, les centres de données créent peu d'emplois permanents, compte tenu des forts investissements qu'ils représentent. Le centre de Telus à Kamloops créera environ 75 postes permanents. Facebook ne s'est engagée à embaucher que 35 employés à temps plein pour son centre en Oregon. La première phase du projet de Google a créé 90 emplois, la deuxième en ajoutera 25.
L'attachée de presse du ministre Marceau ne nous avait pas rappelé à ce sujet au moment de publier.