Le Québec éprouve plus de difficulté que l'Ontario à convaincre les immigrants de s'établir ici à long terme.
En effet, bon nombre de nouveaux arrivants ne font que transiter par le Québec, ce qui remet en question ses capacités de les intégrer. Telles sont les conclusions d'une étude que nous avons réalisée sur le bilan migratoire du Québec au cours des 30 dernières années.
Or, comme le Québec dépend en grande partie de l'immigration pour assurer la croissance de sa population - et même la maintenir -, il s'avère primordial de mieux comprendre les raisons qui poussent les nouveaux arrivants à quitter le Québec pour tenter leur chance ailleurs au Canada.
Obstacle économique
Premier constat : le principal obstacle auquel les immigrants se butent au Québec serait d'ordre économique. Les immigrants décrochent moins facilement un emploi au Québec qu'en Ontario, et ce, même lorsque nos voisins sont plus durement touchés par la crise économique. Cette réalité est d'autant plus vraie pour les nouveaux arrivants et pour ceux qui sont les plus scolarisés. Faute de travail, les immigrants se tourneraient vers l'Ontario et les autres provinces pour améliorer leur sort.
Les conclusions de l'étude sont d'ailleurs éloquentes à ce chapitre : le taux de chômage des immigrants récemment arrivés est plus élevé au Québec qu'en Ontario, malgré le fait que les nouveaux arrivants sont plus scolarisés que les Québécois de souche.
Plus spécifiquement, la recherche nous apprend que, chaque fois que le taux de chômage augmente d'un point de pourcentage au Québec, la province perd 238 résidents, dont 102 immigrants. Un ratio qui a de quoi surprendre, puisque le Québec compte presque 10 fois plus de citoyens de souche que d'immigrants.
Autre révélation intéressante : bien qu'un marché du travail vigoureux semble avoir un pouvoir de rétention réel sur les immigrants, cette raison ne suffit pas à inciter les immigrants qui habitent en Ontario à migrer vers le Québec.
Une migration en dents de scie
Le bilan migratoire du Québec s'est toutefois beaucoup amélioré depuis le début des années 2000. Il faut préciser qu'il a connu deux creux considérables au cours des 30 dernières années (1981-1986 et 1996-2001). Sans pouvoir affirmer qu'il y ait un lien de cause à effet, on note la coïncidence de ces deux épisodes avec les deux périodes postréférendaires au Québec.
Par ailleurs, l'étude révèle que, même dans ses meilleures périodes de rétention, le Québec enregistre toujours un bilan migratoire moins performant que l'Ontario pour ce qui est des immigrants. Ainsi, même pour la période faste comprise entre 2001 et 2006, l'Ontario a mieux retenu ses immigrants que le Québec, qu'ils soient francophones ou non.
À la lumière de ces résultats, il paraît essentiel de tout mettre en oeuvre pour faire du Québec une vraie terre d'accueil où les nouveaux arrivants contribueront activement à la croissance économique. Pour ce faire, il faut leur permettre de s'intégrer rapidement au marché du travail.
75 % Les trois quarts des immigrants au Québec connaissaient le français en 2006, en forte hausse par rapport à la proportion de 65 % relevée en 1981. | Source : Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal, rapport «Immigration au Québec/émigration du Québec : qui arrive, qui part et pourquoi ?»