BLOGUE. J’ai eu la chance de suivre une formation cette semaine donnée par Richard Greene, l’auteur du livre Words That Shook The World, sur les meilleures techniques pour devenir un orateur hors pair. Tout au long du séminaire, je me suis demandé s’il était possible pour un politicien québécois de droite de soulever les foules en diffusant un message de conservatisme fiscal.
Première surprise du séminaire : sur une échelle de 1 à 100, quelle est l’importance des mots dans un discours qui frappe et dont on va se souvenir? 20%? 50%? 70%?
Et bien, non. C’est 7%! Le langage corporel et le ton de la voix comptent pour 93%!
Évidemment, l’orateur hors pair doit choisir soigneusement les mots qu’il utilise mais pour avoir de l’effet, le contenant est plus important que le contenu.
Les démocrates Kennedy et Clinton sont des politiciens qui ont compris l’importance de la prestation. Leur gestuelle, leur ton de voix, leur ponctuation étaient impeccables et captivaient les foules. Au Québec, les discours de Jean Charest et de Lucien Bouchard précédant le dernier référendum figurent parmi ceux qui ont eu soulevé les passions sur leur auditoire.
Les conservateurs fiscaux (dont je suis) sont souvent des orateurs ennuyants, sans passion, sans émotion qui n’allument pas avec leur public parce qu’ils ne réussissent pas à parler à leur cœur. C’est vrai que d’expliquer des principes économiques, la loi de l’offre et de la demande ou le danger du poids de la dette par rapport au produit national brut a de quoi endormir n’importe qui! De son côté, la gauche, avec son empathie pour les pauvres et les démunis, se drape du manteau de la moralité, de la solidarité et de l’entre-aide et elle vise le cœur et non la tête. Françoise David a fait bouger l’aiguille du compteur de la popularité lors du débat électoral.
Mais alors, comment expliquer que le républicain Ronald Reagan soit reconnu comme « The Great Communicator », lui qui était pourtant un apôtre de la liberté et du marché libre? Vous vous rappelez du fameux message du président Reagan sur la liberté et le triomphe de l’individualisme sur le communisme devant le mur de Berlin, alors qu’il demandait à M. Gorbatchev « to tear down this wall ». De toute évidence, ce maître à penser conservateur savait faire passer son message en touchant le cœur de ses électeurs.
Je me prends des fois à rêver d’un Ronald Reagan québécois qui viendrait soulever les passions de ses concitoyens et rallumer la fierté qu’avaient nos ancêtres coureurs des bois de travailler fort, d’épargner et d’investir, de bâtir, d’entreprendre et de chercher l’excellence et le dépassement de soi. D’un leader charismatique qui raviverait notre confiance en nous-mêmes comme individus, libres et responsables, et non comme dépendants et serviles de l’État-providence. D’un chef qui rallumerait notre flamme patriotique non pas en nous enfermant dans un nationalisme qui nous replie sur nous-mêmes derrière des barrières artificielles mais en nous mettant au défi de conquérir le Canada, l’Amérique toute entière et le monde grâce à nos talents d’entrepreneurs, de créateurs et d’inventeurs. Est-ce que ça existe un leader comme ça au Québec? En connaissez-vous, des leaders fiscalement responsables capables de stopper le déclin tranquille du Québec en sachant nous émouvoir, nous faire réfléchir, nous motiver à passer à l’action en créant une connexion émotionnelle avec le peuple québécois?
Je cherche toujours…
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Adrien Pouliot, un avocat de formation, est un homme d’affaires qui a œuvré en communications d’abord à CFCF Inc. où il en est devenu le président puis comme propriétaire et président d’Entourage solutions technologiques. Il est actuellement président de Capital Draco Inc., un fonds d’investissement privé. M. Pouliot a siégé sur de nombreux conseils d’administration d’entreprises publiques et privées et d’organismes en santé et en éducation. Il a présidé le conseil de l’Institut économique de Montréal et de la Ligue des contribuables et il a été, en 2011, vice-président de la Commission politique de l’ADQ.