Selon un quotidien montréalais, seulement 3% des lecteurs qui ont répondu à la question se sont dit insatisfaits de la réélection de Barack Obama. Je me sens seul. C’est ça, l’exclusion sociale dont parle toujours Françoise David de Québec Solidaire? La réaction de la Bourse américaine au lendemain de l’élection est la seule raison pour laquelle je ne me sens pas un paria aujourd’hui!
Si le passé est garant de l’avenir, je m’attends à quatre années additionnelles d’ « Obamanomics » de la part du président le plus interventionniste depuis l’ère de LBJ-Nixon. En politique domestique, il aura réussi à prolonger la récession pendant quatre ans. Son interventionnisme nous aura valu les 2 319 pages de la loi Dodd-Frank sur la réforme financière, les plans de sauvetage à coup de centaines de milliards, le corporatisme pro-syndical de la faillite de GM et Chrysler et la socialisation de la santé avec Obamacare (2 074 pages). Pas surprenant de la part d’un président qui pense que les guichets bancaires automatiques causent du chômage et que le succès des entrepreneurs ne leur revient pas (« you didn’t build that »). Sa politique internationale a été tout aussi liberticide, ayant établi des précédent dangereux au niveau de la détention exécutive et du droit du président d’ordonner des assassinats de citoyens américains. Il a triplé le nombre de soldats en Afghanistan, bombardé le Pakistan avec des drones et lancé une guerre en Lybie en affirmant qu’il n’avait pas besoin de l’appui du Congrès.
L’avenir s’annonce donc pénible. M. Obama croit à l’ingénierie économique « bottom-up » via une réglementation de plus en plus étouffante et la redistribution de la richesse, contrairement à la théorie du « Trickle Down Economics » du président Reagan qui a donné une des plus longues ères de prospérité des États-Unis. Attendons-nous donc à des hausses d’impôts, une résistance à couper les dépenses, des subventions mal avisées pour « créer » des emplois manufacturiers et verts, des contrôles sur les émissions et le prix de CO2 et le maintien des programmes sociaux.
Contrairement à ce que les analystes politiques gauchistes voudraient nous laisser croire, la victoire de M. Obama n’est pas spectaculaire et ne devrait pas le conforter à poursuivre ces politiques dommageables. En fait, M. Obama a perdu 10 millions de votes entre les deux élections. Sa majorité est passée de 52,9% des suffrages à 50,4%. Même le très « progressiste » New York Times a admis le mouvement vers la droite des électeurs américains en 2012. Si les Républicains avaient adopté des politiques sociales congruentes avec les principes qui sous-tendent leurs politiques économiques, c’est-à-dire plus de liberté et de responsabilité individuelle tant dans les choix économiques que dans les choix personnels et sociaux, je parie que M. Romney emménagerait à la Maison-Blanche en janvier.
Heureusement, les Américains ont décidé de lier les mains de M. Obama en maintenant la paralysie entre le législatif et l’exécutif, ce qui mettra du baume sur la plaie de ceux qui veulent limiter la croissance de la taille de l’État fédéral. Certes, M. Obama nous amènera sur le bord du précipice fiscal d’ici deux mois et un compromis tordu et temporaire sera conclu dans la dernière semaine de décembre pour repousser le problème de six mois. Malheureusement, le précipice sera encore plus profond dans six mois. Quand on est dans le trou, il faut arrêter de creuser! La vraie solution est, justement, de couper les dépenses et (peut-être) de générer des revenus (en taxant la consommation, pas l’épargne). M. Obama ne doit pas oublier que le républicains du Congrès ont, eux, obtenu un message bien plus clair que lui et que la Constitution américaine spécifie que c’est le Congrès qui est l’organe législatif prioritaire aux États-Unis, pas le président.
Malgré ce frein législatif, les politiques socialistes de M. Obama pousseront la dette nationale à 20 000 milliards $ par le temps qu’il quitte la Maison-Blanche. La planche à billet va fonctionner à temps plein, avec l’inflation inévitable qui s’en suivra. Une fois que l’Europe aura réglé ses problèmes, les regards du monde de la finance se tourneront vers la situation fiscale américaine. La crise de confiance dans la devise américaine qui s’en suivra sera peut-être la seule façon de forcer le peuple américain à faire face au problème. Qui sait, peut-être ramènera-t-elle le libéralisme qui a naguère fait des États-Unis un pays où, comme le disait M. Obama le soir de sa victoire, tous sont supposés avoir l’opportunité de réussir.
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Adrien Pouliot, un avocat de formation, est un homme d’affaires qui a œuvré en communications d’abord à CFCF Inc. où il en est devenu le président puis comme propriétaire et président d’Entourage solutions technologiques. Il est actuellement président de Capital Draco Inc., un fonds d’investissement privé. M. Pouliot a siégé sur de nombreux conseils d’administration d’entreprises publiques et privées et d’organismes en santé et en éducation. Il a présidé le conseil de l’Institut économique de Montréal et de la Ligue des contribuables et il a été, en 2011, vice-président de la Commission politique de l’ADQ.