Augmentation de la maltraitance chez les tout-petits: des pistes pour agir

Publié le 12/06/2017 à 00:01

(à gauche: M. Pierre Fortin et à droite: M. Martin Damphousse)

Les signalements jugés fondés de maltraitance chez les enfants de 0 à 5 ans ont fait un bond de 27% au Québec depuis 2007-2008, selon un récent rapport de l’Observatoire des tout-petits. Une situation qui fait planer une ombre sur l’avenir du Québec. Que faire pour la contrer? Voici des pistes de solution.

Une augmentation préoccupante
En 2015-2016, les Directions de la protection de la jeunesse ont jugé fondés 7 700 cas de négligence ou d’abus chez les enfants de 5 ans et moins. Ceci représente 20 nouveaux cas de maltraitance par jour.

C’est ce que révèle le rapport Violence et maltraitance: les tout-petits québécois sont-ils à l’abri? réalisé par l’Observatoire des tout-petits. Ce rapport découle de l’analyse de quatre chercheuses québécoises en épidémiologie et en psychologie.

«Il faut bien comprendre que ce rapport résulte d’une démarche scientifique, précise l’économiste Pierre Fortin. Ses résultats sont donc parfaitement crédibles.»

Martin Damphousse, maire de Varennes et président du conseil d’administration du Carrefour action municipale et famille, se dit quant à lui surpris par cette hausse: «Je me serais plutôt attendu à une diminution, car il me semble que nous sommes de plus en plus sensibilisés à la maltraitance des enfants. Cela souligne en tout cas l’urgence pour tous les milieux, y compris les villes et les gens d’affaires, à se mobiliser.»

Un impact social et économique significatif
«Plus les formes de maltraitance sont nombreuses, graves, fréquentes et persistantes, plus les impacts sur le développement sont considérables», lit-on dans le rapport. La maltraitance physique et psychologique peut en effet entraver le développement cognitif, physique, affectif et social des jeunes victimes. Et elle laisse bien souvent des traces jusqu’à l’âge adulte: décrochage scolaire, maladies chroniques et troubles de santé mentale, tels que l’anxiété ou la dépression…

La maltraitance des jeunes enfants occasionne d’ailleurs des coûts sociaux et économiques importants pour notre société. Au Canada, elle entraînerait des coûts de 15,7 milliards de dollars par an, selon une étude réalisée en 2003[i]. En 2012, des chercheurs américains ont également estimé que le coût total de la maltraitance dans l’espace d’une vie est comparable au coût associé au diabète de type 2.

«Il faut voir ces données dans le contexte où l’on veut préparer notre économie pour l’avenir, avec des citoyens qui occuperont de bons emplois et qui feront fonctionner notre société, fait valoir Pierre Fortin. Le développement de notre capital humain passe non seulement par le recours à l’immigration, sur lequel les entreprises ont beaucoup insisté ces dernières années, mais aussi par la réalisation du plein potentiel de nos enfants. Et les résultats de ce rapport sur la maltraitance montrent que nous avons encore beaucoup de croûtes à manger.»

Comment renverser la vapeur?
La monoparentalité, la pauvreté, le stress parental lié à la conciliation travail-famille, les troubles de santé mentale et les abus d’alcool et de drogue sont des facteurs de risque pouvant conduire les parents à maltraiter leurs enfants, selon le rapport.

Pierre Fortin salue les gens d’affaires qui prennent à bras le corps ces problèmes par leur implication communautaire directe ou par le soutien financier qu’ils offrent aux organismes qui s’y attaquent. «Il faut développer des cultures d’entreprise où celles-ci se conçoivent comme des membres à part entière de notre société, et non pas seulement comme des machines à faire de l’argent, affirme-t-il. Certaines de nos entreprises, comme Cascades et Desjardins, l’ont très bien compris.»

L’économiste croit en effet que les milieux d’affaires peuvent jouer un rôle significatif pour réduire la maltraitance envers les tout-petits: «C’est très clair que les gens d’affaires peuvent aider énormément, parce qu’ils ont de l’influence sur la population et les gouvernements.»

Martin Damphousse ajoute que les gens d’affaires peuvent exercer une influence positive en tant qu’employeurs: «Lorsque l’environnement de travail est propice au bien-être psychologique, je suis convaincu que ça se répercute sur le climat familial.» Permettre le télétravail et des horaires flexibles limite le temps passé dans la voiture et le stress de la conduite à l’heure de pointe. Offrir des services d’aide psychologique aide les employés à composer avec leurs difficultés.

«Le bonheur est un excellent médicament», conclut-il.


[i] Bowlus, A., McKenna, K., Day, T. et Wright, D. Coûts et conséquences économiques des sévices infligés aux enfants au Canada. Rapport à la Commission du droit du Canada, 2003. 

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