Cultiver les toits verts

Publié le 19/01/2018 à 11:20

Par UQAM

En déployant un laboratoire d’agriculture urbaine sur son toit, le Palais des congrès de Montréal est devenu la principale vitrine de promotion des technologies dans ce domaine au Québec. Ce projet, mené en collaboration avec le Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) de l’UQAM et l’entreprise La ligne verte, a permis au Palais de remporter, en juillet dernier, le AIPC Innovation Award, décerné par l’Association internationale des palais de congrès (AIPC).

«Lancé en 2016, le partenariat avec le Palais des congrès favorise une meilleure connaissance des défis et des contraintes de l’agriculture sur toit, tout en servant de modèle pour son développement», souligne Eric Duchemin, professeur associé à l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM et directeur scientifique du AU/LAB.

Supervisé par le AU/LAB, le Laboratoire d’agriculture urbaine du Palais s’est fixé plus d’un objectif. En plus de permettre l’expérimentation de nouvelles technologies, il vise à réduire les îlots de chaleur urbaine et à améliorer la qualité de l’air au centre-ville. Il a aussi pour but d’encourager les propriétaires immobiliers à passer à l’action en matière de verdissement de leurs toits et à faire la promotion de Montréal comme ville engagée dans une démarche de développement durable, tout en permettant aux congressistes de profiter des récoltes.

Le laboratoire comprend, entre autres, Culti-Vert, une vitrine technologique de toits verts et de jardins potagers en bacs. On y trouve aussi des ruches d’abeilles pollinisatrices ainsi que VERTical, une nouvelle technologie de culture verticale, qui permet de densifier la production potagère sur une superficie de 6 000 pieds carrés.

«L’été dernier, nous avons installé un vignoble sur le toit, le deuxième du genre dans le monde, après celui de Brooklyn, aux États-Unis, note Eric Duchemin. La culture de la vigne en milieu urbain favorise la revalorisation et la réutilisation du verre. Finement broyé, le verre a des propriétés similaires au sable naturellement présent dans le sol des vignobles. En intégrant le verre des bouteilles au terreau en bac, nous bouclons le cycle d’économie circulaire de la bouteille de vin et réduisons ainsi son empreinte écologique.»

Bien que les coûts de mise en place des toits verts aient beaucoup diminué, certains propriétaires immobiliers s’inquiètent des frais récurrents que génère leur entretien à long terme. Comment les inciter à agir dans le domaine du verdissement des toits? «Il faut faire connaître les modèles porteurs et rentables, comme celui du Palais des congrès, pour montrer que ça fonctionne, dit le professeur. On peut aussi envisager des maillages entre promoteurs immobiliers et producteurs agricoles.»

Une stratégie gouvernementale

En mai dernier, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation a annoncé la création d’un partenariat avec la Ville de Montréal, le Palais des congrès et l’UQAM pour mettre en place le Carrefour de recherche, d’expertise et de transfert en agriculture urbaine (CRETAU). L’objectif du Carrefour sera de favoriser la rentabilité et la compétitivité des entreprises qui se consacrent à l’agriculture urbaine. Une Stratégie de soutien de l’agriculture urbaine dotée d’une enveloppe budgétaire de près de deux millions de dollars répartie sur trois ans a d’ailleurs été dévoilée en juillet 2016.

 

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