Le stage en entreprise est devenu un marché à part entière. Des entreprises locales le partagent avec des sociétés internationales à la fine pointe de la technologie.

De Londres par un jour pluvieux, le Français Jean-Baptiste Perrin, responsable du développement des affaires d’Option-Carrière explique pourquoi le moteur de recherche sur l’emploi, présent dans une centaine de pays en 28 langues, s’est implanté dans le marché québécois et canadien.

«Le Canada est un marché dynamique et qui est enclin à se développer. C’est un marché intéressant pour nous », souligne-t-il. Le site enregistre 940 000 visites par mois au Canada et 2 650 000 pages y sont vues mensuellement.

Le créneau d’Option-Carrière, c’est de « réinjecter sur nos différents sites nationaux les annonces d’emploi de nos partenaires pour que les chercheurs d’emploi aient une grande panoplie d’offres de qualité au même endroit. On garantit à nos clients –les employeurs, qui paient pour la publication de leurs annonces- une audience qualifiée c’est-à-dire que leur annonce sera vue par des candidats intéressés et qui vivent proches de la localité demandée », précise Jean-Baptiste Perrin.

Si le site est avant tout axé sur la recherche d’emploi et que les stages rapportent peu à l’entreprise, «on a intérêt à publier des offres de stage car elles nous font connaître auprès des jeunes qui cherchent un stage et qui reviendront chez nous pour leur future recherche d’emploi », poursuit M. Perrin. Car c’est le réflexe des jeunes, aujourd’hui, d’aller sur Internet rechercher leur stage. Le 27 janvier dernier, le site comptait 2116 offres de stages pour le Canada contre 340 000 offres au total.

Internationalisation

Le marché de la recherche d’emploi et de stage s’est internationalisé grâce à l’émergence d’entreprises technologiques qui peuvent, à distance, avec des équipes relativement réduites –Option-Carrière, créée il y a dix ans, ne compte qu’une quarantaine d’employés, tous situés à Londres- et des moyens techniques très évolués, faire paraître des annonces d’emploi ciblées géographiquement dans le monde entier.

Chloé Mariën-Casey, elle, parle depuis Austin, au Texas. La responsable du développement des marchés francophones et Bénélux d’Indeed n’hésite pas à utiliser le mot «révolutionnaire» pour décrire le modèle économique de l’entreprise américaine rachetée en 2012 par une firme japonaise. Indeed, présent dans 50 pays en 28 langues, est aussi un moteur de recherche dont le but est «d’aider les chercheurs d’emploi en leur offrant le panorama le plus complet possible des offres d’emploi disponibles dans leur région», explique Chloé Mariën-Casey.

L’entreprise ne fait pas vraiment de différences entre l’offre d’emploi et de stage. « Depuis le départ, on a pris en compte les offres de stage car on considère qu’en leur apportant de l’expérience et un réseau, elles sont importantes pour le chercheur d’emploi mais aussi pour l’employeur qui ne trouve pas toujours le candidat adéquat pour un poste et qui peut donc prendre un stagiaire pour le former et le tester avant de l’embaucher », affirme la responsable d’Indeed.

Le marché est d’ailleurs intéressant car, tandis que le nombre d’offres d’emploi a diminué de 12 % entre janvier 2013 et janvier 2014 au Québec pour Indeed, celui des offres de stage n’a baissé que de 2 %. «Proportionnellement, les offres de stage ont augmenté par rapport à la totalité des offres publiées pour passer de 0,44 % en janvier 2013 à 0,6 % en janvier 2014 », précise Mme Mariën-Casey. Le 30 janvier, 200 nouvelles offres de stage ont été publiées sur le site québécois d’Indeed en une seule journée.

«Révolutionnaire»

Indeed a développé un modèle d’affaire original. Il ne se contente pas de réinjecter sur son site les annonces de ses employeurs-clients, il fait de la recherche active pour ramener vers son site un plus grand nombre d’offres. Pour les chercheurs d’emploi, rechercher, postuler et mettre en ligne leur CV –la CVthèque d’Indeed compte deux millions de nouveaux CV chaque mois- se font gratuitement. Les employeurs ne paient pas non plus pour consulter les CV en ligne des candidats ni pour faire paraître leur annonce. Sauf pour celles qu’ils souhaitent bien visibles, en haut de la liste. «Ça marche très bien car les entreprises paient au nombre de clics si bien qu’elles peuvent calculer précisément leur retour sur investissement », souligne la responsable d’Indeed.

Le prochain défi de l’industrie, ce sont les plateformes mobiles. S’adapter à cette nouvelle tendance coûte très cher et de nombreuses entreprises –et pas seulement les plus petites- n’ont pas encore investi pour avoir un site carrière compatible avec les téléphones intelligents et les tablettes. « On estime qu’un tiers des chercheurs d’emploi font leurs recherches sur une tablette ou un téléphone portable. Bientôt, ce sera la moitié.

Or, pour donner l’exemple de la France, récemment encore, 95 % des entreprises cotées au CAC40 n’avaient pas de site carrière compatibles avec les appareils mobiles. Elles se privent du tiers et bientôt de la moitié des chercheurs d’emploi », constate Chloé Mariën-Casey. Indeed a senti le coup venir et propose donc à ses clients employeurs de rendre leur plateforme compatible avec l’espace mobile par le biais de son application Indeed Apply, qui permet de postuler à des offres directement sur son téléphone intelligent ou sa tablette.

C’est à ce prix que ces entreprises d’un nouveau genre prennent de l’expansion rapidement d’autant que leur terrain de jeu est… mondial.