Le stage comme porte d'entrée pour les immigrants

Publié le 19/02/2014 à 23:54

Le stage comme porte d'entrée pour les immigrants

Publié le 19/02/2014 à 23:54

Si les étudiants québécois se tournent de plus en plus vers l’international pour acquérir une expérience professionnelle, le stage permet aussi aux étrangers de mettre le pied à l’étrier au Québec.

Shubhendu Tripathi, 23 ans, est venu de son Inde natale à Québec en 2012 pour faire un stage chez Biscuits Leclerc. Programmeur tout juste diplômé, il avait envie de faire un stage dans un milieu francophone pour «apprendre une autre langue et avoir une expérience internationale».

«Quand on veut aller travailler à l’étranger, c’est plus facile de commencer par faire un stage», explique Shubhendu Tripathi, qui a postulé chez Biscuits Leclerc par le biais de l’AIESEC. Aujourd’hui, les procédures d’immigration sont en cours pour lui permettre de rester y travailler, comme salarié cette fois.

L’entreprise de Saint-Augustin-de-Desmaures reçoit régulièrement des stagiaires indiens dans son département informatique dans le but de les embaucher par la suite. Une manière de faire face à la rareté de la main-d’œuvre dans ce secteur d’activité au Québec et à l’inflation des salaires, explique François Levac, vice-président informatique. «Leur formation est très bonne et ils sont très efficaces», dit-il.

«C’est plus facile de les faire venir pour un stage, explique le vice-président. De plus, comme l’intégration et l’adaptation sont parfois difficiles, cette période de stage de 18 mois permet de mettre tout le monde en confiance », explique M. Levac.

Il apprécie son partenariat avec l’AIESEC qui s’occupe du stagiaire en–dehors des heures de travail pour l’aider à découvrir la région, à s’intégrer, à faire des activités avec d’autres étrangers. «Si on embauchait directement ces ressources étrangères, ce serait difficile pour nous de gérer l’accueil après le travail, la recherche de logement, etc. On n’a pas d’expertise là-dedans», poursuit le vice-président.

Les stages de longue durée laissent le temps à l’employeur d’établir une relation avec le stagiaire qui, lui, peut s’adapter à son nouvel environnement avant de décider s’il reste ou non. Une période salutaire de test pour les deux parties.

Shubhendu Tripathi, malgré l’hiver, a décidé de rester. Comme son collègue arrivé en même temps que lui. Il a bien eu le mal du pays «dans les six premiers mois qui ont été très difficiles » mais il a découvert les joies de l’hiver et il clame maintenant qu’il «adore la neige, le ski, la planche à neige». Il s’est fait des amis et «si je veux retourner plus tard dans mon pays, ce sera un atout d'avoir travaillé en Amérique du Nord. Là-bas, la compétition sur le marché du travail est très forte», explique le jeune homme.

Expérience déterminante

Au CSPQ, le Centre de services partagés du gouvernement provincial, le département informatique fait lui aussi appel à des stagiaires étrangers notamment pour la formation en vue de l'implantation du projet Sagir, un ensemble de systèmes informatiques intégrés qui vise le remplacement progressif des systèmes de gestion des ressources humaines, financières et matérielles au sein de l’administration publique.

Une dizaine sont venus ces dernières années principalement d'Europe et du Maghreb, comme Youcef Redjouani, arrivé d’Algérie en mars 2013 pour 18 mois. «Ce sont des professionnels disponibles rapidement, qui ont une grande flexibilité pour faire des tâches variées. Ils soutiennent nos formateurs dans leur travail (appui pendant les phases d'exercice lors des formations, révision linguistique des documents techniques, etc.)», explique Pierre Fournier, chef d'équipe pour la diffusion de la formation relative au projet Sagir.

Même s'il est rare que le CSPQ embauche ensuite ses stagiaires, qui viennent toujours pour de longues durées (12 à 18 mois), c'est une porte d'entrée pour les étrangers qui veulent s'installer au Québec. Ils quittent le CSPQ avec de l’expérience professionnelle au Québec dans un projet d’envergure. Par ailleurs, «les stagiaires qui m’ont précédé ont pu avoir accès, du moment qu’ils remplissaient les conditions de l’immigration, à des emplois professionnels dans la région de Québec. Je prévois moi aussi, si tout se passe bien, demeurer au Québec après mon stage », confie Youcef Redjouani.

Le stage est finalement devenu un mode de recrutement également pour la ressource étrangère. Des professionnels étrangers que cette formule, loin de faire fuir par son aspect précaire, arrange en leur permettant de tester leur envie d’une expérience plus durable loin de chez eux.

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