Stagiaires et start-up : grandir ensemble

Publié le 07/02/2018 à 06:00

Stagiaires et start-up : grandir ensemble

Publié le 07/02/2018 à 06:00

L’équipe d’Immune Biosolutions, entreprise de biotechnologie de Sherbrooke, a accueilli depuis sa fondation en 2012 une quinzaine d’étudiants de tous les niveaux.

Quand il a fondé Genetec, en 1997, Pierre Racz était accompagné de deux stagiaires. Tous deux travaillent encore dans cette entreprise qui compte plus de 900 employés et une dizaine d'antennes dans le monde entier. L'entreprise, spécialisée en développement de logiciels de sécurité, a toujours carburé à l'innovation. Accueillir des étudiants lui a donc permis d'avancer et de dénicher de la main-d'oeuvre sur mesure dans ce domaine en pénurie, explique Mathieu Vigeant, coordonnateur, recrutement universitaire. Un nombre qui a bondi de 27 à 150 par année durant la dernière décennie. « Plusieurs d'entre eux joignent ensuite nos rangs, alors que nous prévoyons embaucher près de 300 personnes d'ici la fin de 2018. Un plan assez ambitieux. »

Une formule gagnante

Si l'exemple remonte à quelques années déjà, travailler avec des stagiaires pour construire son entreprise n'est pas si rare, constate Alain Tremblay, directeur général du service des stages et du placement à l'Université de Sherbrooke. Bien qu'il soit difficile d'évaluer combien de start-up font réellement appel à des étudiants en formation, il estime qu'il s'agit d'une formule gagnante. « Cela permet aux entreprises d'aller chercher une expertise complémentaire à la leur, ce qui est d'autant plus intéressant quand elles sont toutes petites. Et les étudiants sentent qu'ils font une véritable différence et peuvent mener un projet de A à Z. »

C'est le cas chez Immune Biosolutions, entreprise de biotechnologie de Sherbrooke qui produit des anticorps à partir d'oeufs et de poulets. Quelques mois après sa fondation, en 2012, l'entreprise a accueilli ses premiers stagiaires, des étudiants au postdoctorat. Depuis, une quinzaine d'étudiants de tous les niveaux sont passés par ses laboratoires. « On choisit des stagiaires qui peuvent apporter un nouvel angle à ce qu'on fait, explique Frédéric Leduc, président et directeur général. Par exemple, nous avons beaucoup de futurs ingénieurs, parce qu'ils nous permettent d'apporter une expertise complémentaire à l'équipe, alors que nous avons étudié en biologie et en santé. »

Au fil du temps, certains étudiants les ont aidés à affiner leurs processus alors que d'autres ont carrément développé de la machinerie avec eux, poursuit le PDG. « Ils nous permettent donc, dans un court laps de temps, d'acquérir des connaissances et de bonifier notre expertise. » Il faut dire que, dès qu'ils reviennent pour un deuxième stage, ce qui est le cas de la majorité d'entre eux, ils sont maîtres de leur propre projet, précise M. Leduc. Et l'entreprise leur lance parfois des défis. « Dans notre domaine, il y a une étape dans notre processus que personne dans l'industrie ne réussit à robotiser. Nous avons donc demandé à l'un d'entre eux de l'automatiser lors de son prochain passage chez nous, cet hiver. Nous sommes très confiants. »

Un développement conjoint

Une façon de faire qui est parfaitement dans la philosophie des start-up qui sont, comme les étudiants, en période d'apprentissage. « Les stagiaires ont certainement eu un impact sur l'évolution de notre entreprise, affirme M. Leduc. Est-ce qu'on se serait rendu quand même ? Oui, mais sûrement moins vite et avec plus d'erreurs ! Leur apport nous permet d'accélérer beaucoup de projets, d'aller plus loin et de valider des idées que nous avions déjà. »

Même son de cloche du côté de Rum&Code, jeune pousse installée dans un incubateur de Shawinigan. Cette entreprise qui développe des solutions logicielles pour les entrepreneurs qui veulent se lancer en affaires a ouvert ses portes à cinq stagiaires depuis sa création, en juin 2016. « Le principal atout, c'est que cela nous a offert de la latitude en recherche et développement », soutient Félix-Antoine Huard, cofondateur de l'entreprise.

En effet, alors que la petite équipe se consacrait uniquement sur les produits pour ses clients, faute de temps, les stagiaires ont plutôt planché sur un projet maison. Ainsi, ils ont jeté les bases d'un logiciel spécialisé que Rum&Code aimerait vendre aux musées ou aux sociétés d'histoire. « Ils ont réussi à établir une preuve de concept qui est suffisamment solide pour aller chercher des partenaires prêts à nous appuyer dans cela », précise M. Huard.

Investir dans la relève

L'accueil de stagiaires a aussi permis à Rum&Code de mieux comprendre ses propres processus de gestion. « Nous avons pu tester comment nous étions capables d'encadrer une équipe de recherche et développement, comment s'imbriquent les départements des services et des produits, comment on fonctionne pour la formation, etc. Bref, ça a été l'occasion de voir comment on les intègre dans notre équipe », ajoute M. Huard.

« Peu importe la contribution sur le plan technologique, il y a un apport humain indéniable au passage d'un stagiaire, poursuit-il. En tant que jeune entreprise, on apprend toujours quelque chose, que ce soit au chapitre de nos processus, de nos façons de gérer les ressources, etc. On épouse la philosophie de plusieurs entreprises québécoises voulant proposer le meilleur environnement travail au monde et cela nous aide à nous adapter. »

L'expérience est si concluante que Rum&Code réfléchit à une manière d'élargir son offre de stages. « C'est un devoir, en tant que citoyen d'entreprise, soutient M. Huard. Même si nous n'avions que peu de liquidités, nous avons décidé d'investir dans la relève parce qu'on y croit. C'est important, surtout dans un domaine comme le nôtre qui fait face à une pénurie de main-d'oeuvre. » C'est aussi une façon de contribuer à propager le « #ShawiLove », un mouvement pour mettre Shawinigan sur les radars auquel l'entreprise adhère, ajoute-t-il.

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