La relève investit à Trois-Rivières

Offert par Les Affaires


Édition du 06 Février 2016

La relève investit à Trois-Rivières

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Édition du 06 Février 2016

Par Claudine Hébert

Un groupe de quatre Trifluviens, composé de Steve Vigneault, Carl Gravel, Guylaine Déziel et Alexandre Trudel, a racheté en décembre pour 15 millions de dollars l’hôtel Delta Trois-Rivières, un établissement de 159 chambres qui appartenait au group

Un vent de fraîcheur souffle ces temps-ci sur Trois-Rivières. On le doit à une poignée de jeunes investisseurs qui croient fermement à leur ville. L'ensemble du parc hôtelier, dont plus de 70 % appartient désormais à des Trifluviens, a commencé à se refaire une beauté à coup de millions de dollars. Les locaux de la rue des Forges, au centre-ville, affichent un taux d'occupation exceptionnellement élevé de 94 %. Un dynamisme qu'on n'avait pas vu à Trois-Rivières depuis des décennies.

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La grosse nouvelle qui retient d'abord l'attention concerne l'hôtel Delta Trois-Rivières et son centre des congrès. En décembre dernier, un groupe de quatre Trifluviens, mené par Carl Gravel, président de la Société immobilière G3R, s'est porté acquéreur de l'établissement de 159 chambres. L'hôtel appartenait depuis 2006 au groupe torontois InnVest REIT. Cet investissement est estimé à plus de 15 M$.

«On souhaite redonner du lustre au principal hôtel en ville. On entame, dès cette année, des travaux de rénovation de 7 M$ pour refaire à neuf l'ensemble des chambres d'ici la fin de 2017», indique M. Gravel. La climatisation et le système de chauffage seront aussi améliorés par les nouveaux proprios qui sont, en passant, des entrepreneurs-électriciens.

La construction d'une nouvelle salle de 7 000 pieds carrés figure aussi dans les plans pour l'année 2017.

«L'actuelle grande salle de 9 000 pi2 ne suffit plus à la demande. En plus de devoir refuser des dizaines d'événements de jour par année, parce que ces organisations ne réservent pas de bloc de chambres, le Delta se prive de plusieurs congrès qui nécessitent désormais deux grandes salles : une pour les conférences et les repas, l'autre pour l'exposition de kiosques», dit-il.

En effet, confirme Yolaine Masse, directrice générale de Tourisme Trois-Rivières, son équipe a cessé de solliciter des dizaines d'organisations au Québec faute de pouvoir offrir les superficies demandées. «Pour le moment, on privilégie les événements de moins de 300 personnes. Nous en avons accueilli une bonne quinzaine l'année dernière. L'ajout d'une deuxième salle au Delta nous permettrait de cibler les congrès de 500 à 600 personnes», souligne Mme Masse.

Précisons que la présentation de salons lors des congrès est devenue l'une des principales sources de revenus des organisations d'événements d'affaires. «En 2015, ce sont plus d'une quinzaine d'événements qui ont sélectionné une autre ville que Trois-Rivières faute d'y trouver deux grandes salles sous un même toit», admet Mme Masse.

L’hôtel Delta Trois-Rivières lancera cette année des travaux de rénovation de sept millions de dollars pour refaire à neuf l’ensemble des chambres. [Photo : Olivier Croteau]

Pourquoi pas un centre de foires ?

«Des études menées en 2014 nous confirment que le marché québécois est saturé pour ce type d'infrastructures. Si le centre des congrès du Delta se dotait d'une deuxième salle, cela conviendrait parfaitement à notre clientèle essentiellement québécoise», dit Mme Masse.

En attendant la rénovation du Delta, la construction du pavillon Prestige aux Suites de Laviolette, réalisée au coût de 3 M$, permet à Trois-Rivières de bénéficier de 14 superbes suites (de loin les plus belles de la ville) avec planchers en bois, mobilier moderne, douche en verre. Trois d'entre elles sont équipées d'une cuisine complète.

Le pavillon abrite également une salle pouvant accueillir une centaine de convives. «Cette nouvelle salle, qui porte le nom de mon père, Jean Fréchette, fondateur de l'hôtel et décédé il y a deux ans, a accueilli près d'une dizaine de groupes en 2015 sans qu'on ait fait de promotion. On devrait pouvoir faire mieux en 2016», indique Julie Fréchette, qui a repris les rênes de l'hôtel de 117 suites. En raison de l'absence d'un restaurant sur place, la nouvelle salle fait pour le moment l'objet d'une défaveur. Les services traiteurs prennent néanmoins de l'ampleur en ville.


Le pavillon Prestige des Suites de Laviolette, un investissement de trois millions de dollars de la famille Fréchette.

Service traiteur

Parlez-en au propriétaire du restaurant Castel des Prés, Claude Gauthier, qui s'est récemment associé à Dominique Lapointe, propriétaire du service traiteur À la fine Pointe. «Depuis l'application du code d'éthique entre le milieu médical et les entreprises pharmaceutiques ainsi que la commission Charbonneau, la demande de location de mes cinq salles pour repas privés a chuté. Pour ne pas avoir à essuyer des pertes frôlant les 100 % liées à ce marché, mon association avec le service traiteur permet de récupérer 50 % de cette clientèle friande de boîtes à lunch», explique le restaurateur. Plus de 85 % de la clientèle de cette institution culinaire est composée de gens d'affaires. L'association entre les deux entrepreneurs prévoit également un plan de relève qui permettra à M. Lapointe de devenir éventuellement le principal propriétaire des deux entités.

De Montréal et Québec

La transformation complète de l'Auberge du lac Saint-Pierre ne passe pas non plus inaperçue. Stéphane et Geneviève Le Sieur, qui ont hérité de l'établissement au printemps 2014, ont injecté plus de 1 M$ pour la rénovation des 30 chambres, des 2 salles (pour 60 à 70 personnes) et du restaurant, et pour l'aménagement d'une terrasse. Un investissement auquel a participé le chef Alain Pénot, lié à l'établissement depuis au moins 20 ans, devenu officiellement le troisième actionnaire de l'auberge.

Cette revitalisation porte ses fruits. L'hôtel a connu un taux d'occupation record de plus de 90 % à l'été 2015. «Nous avons signé une dizaine de nouveaux contrats pour des événements à venir cette année», indique la copropriétaire, Geneviève Le Sieur. Pour profiter davantage de l'effet nouveauté auprès des entreprises, Mme Le Sieur a embauché un responsable marketing.

Les institutions financières, tout comme les firmes comptables, les bureaux d'architectes et les entreprises pharmaceutiques sont de retour dans ce lieu de villégiature, membre d'Hôtellerie Champêtre. Une clientèle qui provient à plus de 80 % de Montréal et de Québec. Et compte tenu de sa localisation discrète, l'hôtel accueille fréquemment des associations syndicales. «Il arrive qu'on reçoive deux syndicats en même temps», précise Mme Le Sieur.



Stéphane et Geneviève Le Sieur, les propriétaires, ont injecté plus d’un million de dollars pour rénover les 30 chambres de l’Auberge du lac Saint-Pierre.

Retour au firmament

Même l'Hôtel Gouverneur a bénéficié de son lot d'améliorations. Après avoir perdu sa 4e étoile en 2013, la chaîne Gouverneur, à qui appartient l'hôtel, a entamé la revitalisation des 128 chambres. Plus de 1 M$ a été injecté pour rénover les unités des étages 4 à 6. Un montant de 2 M$ est prévu pour achever les rénovations aux chambres des 2e et 3e étages en 2016. Non seulement l'établissement a lancé des démarches pour récupérer sa 4e étoile, mais les clients sont contents.

«Il y a six mois, je recevais au moins 15 plaintes par semaine. Depuis le début des rénos, particulièrement avec l'amélioration du service Internet, plus personne ne vient cogner à ma porte», signale Alain Robert, directeur général. L'établissement note également une hausse de la clientèle de près de 10 % depuis les premières rénovations terminées en octobre dernier.

La section des salles de l'Hôtel Gouverneur, qui peut accueillir de 200 à 300 personnes, a également subi une cure de rajeunissement. Plus de 250 000 $ ont été investis au cours des deux dernières années pour moderniser les sept salles et la salle à manger, gérées en concession par le groupe d'affaires de la Mauricie, Rouge Vin. Ce modèle d'entreprise permet la location de salles sans que les organisateurs soient tenus de réserver un minimum de chambres. Là aussi, les retombées positives n'ont pas tardé à se faire sentir. «Beaucoup plus d'institutions financières viennent louer nos salles qu'il y a deux ans», observe Paul Nadir-Nazair, coordonnateur des ventes.

Cette vague d'investissements ne peut pas mieux tomber, insiste Yolaine Masse, directrice de Tourisme Trois-Rivières. Actuellement, les retombées du tourisme d'affaires sont estimées à 20 M$, ce qui représente 50 % des retombées touristiques annuelles de la ville. «On veut que le tourisme d'affaires constitue 60 % de notre marché touristique. Le travail pour y parvenir a déjà commencé l'an dernier. De nous voir en 9e position au classement des destinations d'affaires du journal Les Affaires, en septembre dernier, a fouetté nos troupes et nous a convaincus qu'on peut faire beaucoup mieux. La 5e place est dans la mire.»

Et c'est parti. Trois-Rivières, dit-elle, vient de doubler son budget de promotion pour le tourisme d'affaires en 2016 à 150 000 $. Un club d'ambassadeurs doit également voir le jour.

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CARNET D'ADRESSES

Pourvu que vous mangiez...

Tourisme Trois-Rivières dit recevoir au moins un appel par semaine provenant de petites organisations cherchant un lieu de réunion à mi-chemin entre Québec et Montréal. Un produit que se font un plaisir d'offrir gratuitement plusieurs établissements en ville, à la condition toutefois que vous mangiez sur place. C'est le cas notamment à la boulangerie Les Moulins La Fayette. «On loue sans frais notre petite salle [10 à 20 personnes] au moins trois à quatre fois par semaine. Pour en bénéficier, il suffit aux groupes de commander nos boîtes à lunch vendues à partir de 10,95 $ par personne», souligne Pascal Villeneuve, l'un des trois copropriétaires. Cette succursale offre également un service traiteur pouvant desservir jusqu'à 500 convives.

Même le spa nordique Kinépi, construit au coût de 9 millions de dollars, prête sa salle de conférence gratuitement aux entreprises qui ne se formalisent pas de voir des bains et leurs utilisateurs en peignoir à proximité. Ici aussi, prendre le repas sur place est une condition sine qua non pour bénéficier de la gratuité des lieux. L'aménagement de deux autres salles est prévu avec la construction d'un hôtel relié au spa. L'immeuble de 12 M$, abritant une quarantaine de copropriétés, doit être érigé d'ici décembre prochain, précise le propriétaire René Giguère.

Dans les voûtes

On compte au moins une dizaine de musées à Trois-Rivières. Parmi ceux qui ont la cote auprès des organisateurs d'événements, notons le Boréalis, aménagé au coût de 8,5 M$. Ouvert depuis 2010, ce dernier plonge ses invités au coeur de ce qui reste d'une ancienne usine de fabrication de papier. Son attrait repose principalement sur ses infrastructures non communes, notamment sa terrasse pouvant accueillir 100 personnes qui surplombe la rivière Saint-Maurice et ses voûtes qui servent à l'occasion de dégustation de vin et de rallye à la lampe UV. Le musée sert régulièrement de lieu pour conférence de presse (une vingtaine par année) et de 5 à 7 (plus d'une cinquantaine par an). Au total, la clientèle affaires compte pour 10 % des visiteurs.

Nouvel hôtel-boutique

Depuis la mi-janvier, Trois-Rivières compte un hôtel-boutique, le Oui-Go, parmi son offre d'hébergement. Les 16 chambres, dont le mobilier est composé à 80 % de fournitures locales, occupent une ancienne banque du centre-ville. Notons que ce nouvel hôtel de trois étages sans ascenseur s'adresse à une clientèle en forme. Seuls les bagages peuvent être transportés par le monte-charge.

Rendez-vous au bar Tiki

Aux entreprises qui n'ont pas les moyens d'emmener leurs employés dans le Sud, le motel Coconut offre une solution de rechange abordable : un 5 à 7 dans son bar Tiki. Seul bar polynésien du Québec, l'endroit peut recevoir jusqu'à 180 personnes. Cocktails des îles, meubles en rotin, plantes exotiques... même le collier de fleurs offert à toutes les personnes qui franchissent la porte fait partie de l'expérience très prisée par les organisateurs de congrès et de fêtes de Noël. «Plus de 75 % de nos clients qui réservent pour des événements sont des groupes d'affaires», signale une des trois propriétaires, Mélanie Boisvert. Les 38 chambres ont toutes été rénovées pour près d'un demi-million de dollars.

Un populaire amphithéâtre

L'amphithéâtre Cogeco, a connu un succès boeuf l'été dernier. Plus de 96 % des billets du spectacle hommage au groupe Beau Dommage ont trouvé preneur. «Et déjà le quart des billets du prochain spectacle de l'été 2016, qui sera inspiré des oeuvres de Robert Charlebois, sont déjà vendus», souligne Maryline Lavoie, coordonnatrice des ventes. L'infrastructure qui peut accueillir près de 9 000 spectateurs en période estivale ouvre même ses portes en saison morte. Déjà, une vingtaine de groupes ont réservé l'espace de la scène pour des cocktails dînatoires.

Vue privilégiée sur le fleuve

Prévue pour accueillir les croisiéristes dès ce printemps, la nouvelle gare maritime servira d'autre lieu pour tenir un cocktail. Aménagée au coût de 500 000 $, l'infrastructure, qui pourra recevoir jusqu'à 250 personnes, partage le même toit qu'une des meilleures tables en ville, Le Poivre Noir.

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