Drummondville redéfinit son offre

Offert par Les Affaires


Édition du 06 Février 2016

Drummondville redéfinit son offre

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Édition du 06 Février 2016

Par Claudine Hébert

La superficie du nouveau centre de foires totalise un peu plus de 87 000 pi2.

Drummondville possède désormais un centre de foires qui lui permet de jouer dans la cour des grands. Le nouveau Centrexpo Cogeco, ouvert en décembre 2014, dispose d'une superficie d'un peu plus de 87 000 pieds carrés. Il a été construit au coût de 30 millions de dollars, grâce à un partenariat financier entre la Société de développement économique de Drummondville et les gouvernements provincial et fédéral.

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L'établissement de deux étages impressionne avec son vaste hall de 11 000 pi2 entièrement fenestré. De nombreuses petites attentions ont été conçues pour faciliter le travail des promoteurs et organisateurs d'événements.

Plus de 1 200 places de stationnement, une salle de 60 000 pi2, quatre quais de débarquement, une cuisine pouvant servir 4 300 convives qui a coûté à elle seule 1 M$, une terrasse sur le toit pour 70 personnes, un éclairage ajustable... Drummondville a mis le paquet. De quoi s'attaquer au marché canadien, une cible encore plus atteignable avec l'agrandissement de la piste d'atterrissage de l'aéroport.

Envergure nationale

Le centre de foires compte déjà sur une poignée d'organisations d'envergure nationale. À commencer par la Banque Nationale, qui y a tenu son assemblée générale annuelle des actionnaires en avril 2015. «Sans ces installations modernes, jamais la tenue de notre assemblée n'aurait été possible à Drummondville», soutient Jean-François Cadieux, directeur, affaires publiques, à la Banque Nationale. L'événement, qui se déroule généralement dans les grandes villes du pays (Montréal, Québec, Moncton, Calgary), a attiré près de 300 personnes.

Le centre de foires a également décroché l'exposition ExpoZoo présentée en septembre dernier. Cette activité, qui rassemble plus de 1 000 visiteurs en deux jours, revient en septembre 2016. Un événement qui s'est longtemps tenu à Saint-Hyacinthe avant la fermeture de l'Hôtel des Seigneurs. Le centre de foires de Sherbrooke l'avait présenté en 2013 et 2014. «Notre objectif est d'attirer des organisateurs grands congrès de 500 personnes et plus qui n'auraient jamais considéré Drummondville parmi leur choix de destinations. On vise à accueillir au moins deux expositions par mois. Ce type d'événement a l'avantage d'occuper les mêmes dates au calendrier d'une année à l'autre», précise Martin Dupont, directeur général de la Société de développement économique de Drummondville (SDED).

Pour rendre le produit encore plus attrayant, la SDED a convaincu le promoteur hôtelier Jean Audet de construire un Grand Hôtel Times (le 4e du groupe) sur le site du centre de foires. Les deux immeubles seront reliés par un passage au 3e étage de l'hôtel.

«Un atout majeur», soutient M. Dupont. Au cours de la dernière année, il signale avoir essuyé au moins une dizaine de refus de la part d'organisateurs qui favorisent désormais des infrastructures regroupant tout sous un même toit.

Devant ouvrir à la fin de février, l'hôtel Times, dont la facture s'élève à 21 M$, comprendra 12 étages et 140 chambres fenestrées du plancher au plafond. La salle de réunion aménagée au sommet, qui pourra accueillir un peu plus de 200 convives, s'annonce comme le bijou de cette nouvelle adresse. «Ce sera un bel endroit pour organiser un petit-déjeuner d'affaires devant le lever du soleil. Les cocktails et banquets en fin de journée bénéficieront eux aussi d'un beau spectacle», indique Jean Audet. Une application permettra aux convives d'identifier les Montérégiennes et les montagnes des Cantons-de-l'Est visibles à l'horizon.

Une concurrence dénoncée

Avec ces nouvelles infrastructures, on s'attendrait à sentir une synergie auprès des principaux acteurs de l'économie touristique drummondvilloise. Pour le moment cependant, ce n'est pas du tout le cas.

«Jusqu'à maintenant, l'arrivée du centre de foires s'est traduite par une perte de revenu sensible pour notre établissement», soutient Étienne Houle, directeur général au Best Western Universel. Selon M. Houle, dont l'établissement abrite une salle de 13 000 pi2 rénovée pour 700 000 $, ce sont des revenus de près de 800 000 $ en location de salles qui se sont envolés au cours de 2015. Une perte qu'il attribue au «manque de fairplay» du centre de foires, une institution financée à 100 % par des fonds publics, insiste-t-il, et qui accueille actuellement plusieurs événements de moins de 200 personnes.

Les gouvernements du Canada et du Québec ont versé chacun 6,59 M$, pour une contribution gouvernementale totale de 13,18 M$. La SDED, un organisme municipal, a assumé la différence des coûts de ce projet.

L'établissement hôtelier a d'ailleurs envoyé en octobre dernier à la SDED une mise en demeure portant entre autres sur la perte de revenus de l'hôtel.

Même son de cloche auprès de Geneviève Milot, copropriétaire de l'Hôtel Le Dauphin, qui complète ces jours-ci des travaux de 1 M$ pour la revitalisation des chambres et l'ajout d'une salle de jeux à son établissement. La femme d'affaires estime ses pertes de revenus à plus d'un quart de million de dollars pour l'an 2015 en location de salles. Ironiquement, en additionnant les deux montants des deux principaux hôteliers en ville, ce sont les revenus générés par le Centrexpo Cogeco pour sa première année. «C'est inacceptable que le centre de foires accepte des événements de petite taille. Ce n'est pas du tout son mandat», dit Mme Milot.

Après vérification auprès de la SDED, 167 événements ont eu lieu dans le nouvel immeuble depuis son ouverture, il y a un an. «Près de 40 % de ces événements ont occupé plus de 10 000 pi2», indique Martin Dupont. Pour le reste, ce sont effectivement des organisations qui ont loué une superficie de moins de 5 000 pi2. Et plus du quart ont eu besoin de moins de 1 000 pi2 . «On ne peut tout de même pas refuser les gens qui veulent absolument tenir leur événement sous notre toit», se défend Martin Dupont. Il précise d'ailleurs qu'une dizaine d'organisations, se sentant trop à l'étroit, étaient de toute façon sur le point de quitter Drummondville.167 événements ont eu lieu dans le Centrexpo Cogeco depuis son ouverture en décembre 2014. Source : Société de développement économique de Drummondville

L'arrivée d'un nouvel hôtel dans le paysage suscite également la grogne des deux hôteliers. Construire à Drummondville un hôtel de 140 chambres, c'est comme ajouter 5 000 chambres d'un seul coup à Montréal, disent-ils.

Comment réagiront-ils ?

«Nous n'avons pas le choix de nous adapter, répond Étienne Houle. Nous n'imposons plus de règles d'hébergement, soit un bloc d'au minimum 10 chambres, pour des réservations d'événements qui ont lieu au-delà des quatre prochains mois.»

Au Dauphin, où les 27 salles peuvent accueillir jusqu'à 500 personnes, on achève la rénovation de l'hôtel ce mois-ci. Au cours des trois dernières années, plus de 5 M$ ont été investis par les deux propriétaires, les soeurs Geneviève et Caroline Milot (également propriétaires du Quality Inn en ville), pour remettre au goût du jour l'établissement de 120 chambres. Les salles de bains publiques, qui ont coûté à elles seules plus de 50 000 $, valent le détour avec la céramique mur à mur, les vasques en verre du côté féminin, un large évier de verre et de béton du côté des messieurs. «Nous allons continuer d'innover, d'être à l'affût des nouvelles tendances et de faire ce dans quoi on excelle : offrir un service impeccable à notre clientèle», insiste Geneviève Milot.

Il s'agit certes de l'an un. Une période de rodage sera nécessaire pour que chacun trouve sa place. Les communications sont actuellement tendues entre les parties concernées.

«Chaque fois qu'une nouvelle infrastructure est offerte sur le marché du congrès au Québec, elle suscite généralement la curiosité auprès des organisateurs, un phénomène normal. Tout ce que l'on souhaite maintenant, c'est que les intervenants trouvent un terrain d'entente pour que Drummondville puisse s'imposer comme une destination de choix au Québec», confie une source à l'Association des professionnels de congrès du Québec qui désire garder l'anonymat.

S'entendre sur le rôle de chacun, c'est ce qu'ont fait le Palais des congrès de Montréal et le Centre des congrès de Québec avec leurs hôteliers.

«Depuis l'ouverture du centre il y a 20 ans, nous avons une entente non écrite avec nos hôteliers qui fait en sorte que nous ne démarchons aucun événement de moins de 350 personnes ni d'expositions de 30 kiosques et moins», fait savoir Ann Cantin, directrice des communications du Centre des congrès de Québec.

Il peut tout de même arriver qu'un client d'un groupe de 200 personnes insiste pour tenir son activité au centre. «Nous allons lui accorder l'espace seulement si, après lui avoir suggéré les salles des hôtels du centre-ville, il tient mordicus à venir chez nous», ajoute Mme Cantin.

Le Palais des congrès de Montréal, qui dit ne faire aucune sollicitation auprès d'organisateurs de congrès de moins de 1 000 personnes, s'est quant à lui entendu avec Tourisme Montréal pour éviter les dédoublements. Alors que le Palais des congrès prépare les candidatures pour les événements internationaux, Tourisme Montréal veille à séduire les grands événements américains. «C'est un travail d'équipe essentiel qui nous permet de canaliser nos énergies», dit Chrystine Loriaux, directrice des communications et marketing du Palais des congrès.

RETOUR AU DOSSIER : RÉUNIONS ET CONGRÈS

Des infrastructures sportives qui rapportent
 
En attendant que le centre de foires trouve sa vitesse de croisière, Drummondville peut déjà compter sur un marché du tourisme sportif en pleine croissance. Ce dernier représente de 15% à 20% des revenus de plusieurs hôteliers. « Ce marché, qui se portait déjà bien avec la construction d’une seconde glace en 2007, s’est bonifié avec la construction de l’Aqua Complexe en 2011. On a constaté une augmentation d’au moins 5% de la clientèle », constate Julie Blanchette, directrice générale du Comfort Inn.
 
En effet, cette infrastructure de près de 19 M$, a permis l’aménagement d’une piscine semi-olympique de 25 mètres. Ce qui s’est traduit par des compétitions provinciales de natation, de nage synchro et de plongeon qui n’avaient jamais eu lieu en ville. La 50e finale des Jeux du Québec présentée pour la toute première fois à Drummondville à l’hiver 2015, fait partie de cette liste.

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