Réjean Robitaille : la Laurentienne mise sur le Canada anglais pour croître

Publié le 21/10/2010 à 00:00, mis à jour le 21/10/2010 à 09:40

Réjean Robitaille : la Laurentienne mise sur le Canada anglais pour croître

Publié le 21/10/2010 à 00:00, mis à jour le 21/10/2010 à 09:40

Par Marie-Claude Morin

Réjean Robitaille. Photo : lesaffaires.com

Réjean Robitaille, président et chef de la direction de la Banque Laurentienne, était le conférencier du Rendez-vous financier Les Affaires qui a eu lieu le 14 octobre à Montréal. Il a répondu à nos questions.

Si la Banque Laurentienne semble petite, c'est simplement parce que les institutions bancaires canadiennes sont parmi les plus importantes du monde, souligne d'entrée de jeu Réjean Robitaille. Le pdg ne voit aucune raison de rougir, au contraire.

VIDÉO : Visionnez nos six capsules avec Réjean Robitaille

L'actif de la Banque Laurentienne a bondi de 17 à 24 milliards de dollars (G$) depuis qu'il en a pris les rênes, en 2006. La direction souhaite faire augmenter l'actif à 35 G$ d'ici cinq ans. En dépit de la crise financière, le bénéfice par action a crû de 22 % depuis trois ans, ce qui en fait la seule banque canadienne à avoir augmenté son bénéfice à chaque année au cours des cinq dernières années.

La clé de cette performance : des activités concentrées au Canada et limitées à des créneaux moins risqués.

Pour conserver cette feuille de route, l'institution doit accroître sa présence au Canada anglais, où elle réalise déjà 40 % de ses activités et qui compte pour près de 50 % de sa rentabilité.

Les Affaires. Compte tenu du contexte mondial, est-il possible de maintenir votre forte croissance tout en restant concentrés sur le marché canadien ?

Réjean Robitaille - Nous croyons que oui. Dans certains endroits du Canada anglais, nos parts de marché sont presque risibles, ce qui nous donne beaucoup d'espace pour croître, même si le marché ralentissait.

Pour être efficaces, nous adoptons une stratégie de petits pas et d'investissements concentrés sur les marchés où nous voyons un réel potentiel. Le Canada est une assez grande patinoire; nous n'avons pas besoin d'aller aux États-Unis.

L.A. - Vous excluez le développement d'un réseau de succursales à l'extérieur du Québec. Comment comptez-vous accroître votre présence dans les autres provinces ?

R.R. - Plutôt que par la brique et le mortier, la croissance pancanadienne passera par notre filiale B2B Trust, ainsi que par le financement immobilier et les prêts commerciaux. B2B Trust présente un excellent potentiel de ventes croisées. Plus de la moitié des 30 000 conseillers financiers indépendants au Canada utilisent les services offerts par nos 350 employés de Toronto. Chaque conseiller sert entre 300 et 400 clients, ce qui fait un total de 4,5 à 6 millions de clients potentiels pour d'autres services.

Nous avons par ailleurs commencé à promouvoir les services de B2B Trust auprès d'autres réseaux de distribution, comme les compagnies d'assurances et les courtiers en valeurs mobilières.

Dans le créneau de l'immobilier commercial, nous nous concentrons sur les grands centres du pays. Nous misons sur la proximité avec le client et la rapidité de réponse pour nous démarquer.

Quant aux prêts commerciaux, nous continuerons de cibler les PME et de nous limiter au Québec et à l'Ontario.

L.A. - Avez-vous des projets pour Valeurs mobilières Banque Laurentienne (VMBL), qui ne représente que 6 % de vos bénéfices ?

R.R. - VMBL est notre dernier-né et offre énormément de possibilités de croissance. Les valeurs mobilières génèrent une grande partie de la rentabilité des autres banques canadiennes. Dans une activité qui fonctionnerait à plein régime, il n'est pas utopique de penser que VMBL pourrait représenter de 15 à 20 % de nos bénéfices. Nous souhaitons faire passer notre effectif de 9 à 15 analystes et doubler à une centaine les entreprises sous couverture à court terme, et passer de 85 à 150 con-seillers d'ici deux ans. Nous ciblons deux créneaux, soit les revenus fixes et les petites capitalisations.

L.A. - Vous avez été très agressif sur le marché immobilier, avec la remise de 5 %, par exemple. Tout le monde dit que cette croissance va s'essouffler. Qu'en pensez-vous ?

R.R. - Effectivement, le marché immobilier a étonnamment bien fait pendant la crise, mais il commence à ralentir partout au pays. Il reste toutefois encore très fort. Pour aider notre croissance dans ce secteur, nous avons établi des ententes stratégiques, notamment avec La Capitale et Remax.

L.A. - Quel est le climat de concurrence dans l'industrie bancaire actuellement ?

R.R. - La concurrence est très forte, mais différente de ce qu'elle était avant la crise. Plusieurs acteurs internationaux se sont retirés du Canada ou y ont réduit leurs activités. Cependant, les banques canadiennes sont très actives. La concurrence est assurément plus féroce qu'en 2008 et en 2009, sans toutefois l'être plus qu'avant la crise. C'est le retour à un environnement normal.

L.A. - Vous avez été la seule institution financière à augmenter son dividende en 2009. Prévoyez-vous d'autres hausses ?

R.R. - Nous désirons continuer à distribuer une part de nos bénéfices à nos actionnaires. Nous sommes bien positionnés pour le faire, puisque notre ratio dividende-bénéfice est l'un des plus faibles de l'industrie. Tout dépendra de la réglementation. Si elle demeure la même, nous serons en mesure de continuer d'augmenter le dividende.


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