" On continue de croire à l'énergie nucléaire "

Publié le 26/03/2011 à 00:00, mis à jour le 12/04/2011 à 11:03

" On continue de croire à l'énergie nucléaire "

Publié le 26/03/2011 à 00:00, mis à jour le 12/04/2011 à 11:03

Par Dominique Beauchamp

Pierre Duhaime, président et chef de la direction du géant de l'ingénierie-construction SNC-Lavalin depuis presque deux ans, était conférencier du Rendez-vous financier Les Affaires, tenu le 17 mars, à Montréal. Il a répondu aux questions de notre journaliste Dominique Beauchamp.

Les Affaires - La tragédie nucléaire du Japon remet de nouveau en question la sécurité de cette source d'énergie un peu partout dans le monde. La catastrophe menace-t-elle la renaissance de cette industrie, qui vous fournit bon an mal an 200 millions de dollars (M$) de revenus ?

Pierre Duhaime - À court terme, il y a certainement un impact. On ne pouvait imaginer pire cataclysme, un tremblement de terre et un tsunami, pour une centrale nucléaire. À long terme, je crois que l'énergie nucléaire restera une des solutions aux besoins énergétiques pour bien des pays parce que les centrales n'émettent pas de gaz à effet de serre. Leur coût de revient est aussi fortement compétitif. L'Ontario devrait aller de l'avant avec sa centrale Darlington. Bien des opérateurs voudront aussi renforcer leurs installations, ce qui pourrait nous fournir des occasions d'affaires. Une centaine de réacteurs, dont celui de Gentilly II, à Bécancour, devront aussi être remis à neuf au cours des prochaines années.

L.A. -Vous venez d'acquérir une entreprise de sécurité nucléaire et vous avez fait une offre d'achat conjointe avec la caisse de retraite des employés municipaux de l'Ontario pour l'acquisition d'Énergie atomique du Canada. Est-ce que la catastrophe du Japon change vos plans ?

P.D. - Non. Nous allons toujours de l'avant. La technologie du réacteur Candu d'Énergie atomique du Canada est sécuritaire. Nous espérons recevoir un suivi d'Ottawa par rapport à notre offre d'ici six mois, mais des élections fédérales pourraient entraîner des délais.

L.A. - Les combats en Libye vous ont obligé à retirer 943 M$ de contrats controversés de votre carnet de commandes et à évacuer 4 000 employés. Plusieurs ont été surpris d'apprendre que la Libye comptait pour 6,5 % de vos revenus en 2010. Est-ce un facteur de risque dont les investisseurs devraient davantage tenir compte à l'avenir ?

P.D. - Nous avons retiré ces contrats de notre carnet par mesure de précaution pour rassurer nos actionnaires, mais nous avons bon espoir d'y retourner une fois que la paix sera revenue, quel que soit le régime en place. Après tout, la plupart de nos projets en Libye, depuis 40 ans, améliorent les conditions de vie de l'ensemble de la population libyenne. Pour ce qui est du risque de nos projets à l'étranger, quand il se manifeste, ça peut effectivement avoir pour effet de diminuer notre valorisation en Bourse.

L.A. - Vous prévoyez désormais que vos bénéfices resteront stables en 2011 par rapport à 2010, en raison de vos contrats libyens. Comment est-ce possible avec un carnet de commandes record de 13 milliards de dollars (G$) et 10 000 contrats en cours de réalisation ?

P.D. - Nous visons une croissance de 7 à 12 % de nos bénéfices annuels. Nous l'aurions atteinte sans les événements en Libye. Les contrats libyens auraient procuré des revenus de 450 M$ en 2011. Leur suspension soustrait donc environ 0,20 $ par action au bénéfice, y compris les coûts associés à l'évacuation et aux travaux en cours, avant le soulèvement. Les ressources en Libye seront toutefois éventuellement réaffectées ailleurs, au fil des nouveaux contrats. Nous sommes toujours prudents dans nos prévisions. Nos actionnaires l'apprécient.

 

 

PLUS :

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