De nombreux enjeux et défis attendent les CPA de demain


Édition du 08 Décembre 2018

De nombreux enjeux et défis attendent les CPA de demain


Édition du 08 Décembre 2018

« Notre rôle n’est pas uniquement d’encadrer les ­CPA, mais de protéger le public. » – Geneviève Mottard, présidente et chef de la direction de l’Ordre des CPA du Québec

L'Ordre des CPA du Québec a du pain sur la planche pour défendre la profession et s'assurer qu'elle demeure pertinente dans une industrie en pleine transformation. Il a récemment entrepris des démarches juridiques pour faire déclarer inconstitutionnel et inopérant l'article 17.0.1 de la Loi sur l'encadrement du secteur financier, adopté en juin dernier. Cet article autorise les CPA à dénoncer à l'Autorité des marchés financiers (AMF) une infraction à une loi que l'AMF est chargée d'appliquer, en dépit du secret professionnel censé exister entre un CPA et son client.

«Il y a là un enjeu majeur de protection du public investisseur, puisque cela touche au coeur de la relation entre le client et le CPA, estime Geneviève Mottard, présidente et chef de la direction de l'Ordre. Devant le manque d'écoute du gouvernement libéral, nous avons entrepris un recours judiciaire, mais nous allons discuter avec le nouveau gouvernement pour voir si celui-ci montre plus d'ouverture envers nos préoccupations.»

L'avenir dira si le nouveau premier ministre François Legault, lui-même CPA de formation, partage l'opinion de l'Ordre quant à cet article de la Loi. Entre temps, l'Ordre a publié des lignes directrices à l'intention de ses membres, leur rappelant que la Loi les autorise, mais ne les oblige pas à dénoncer une infraction et que leur rôle reste d'abord d'aider leur client à corriger une situation problématique.

Quel rôle pour les CPA ?

Les CPA ont bien d'autres défis à relever. «Nous menons une grande réflexion quant aux impacts de l'ère numérique sur la pertinence et la pérennité de la profession et sur les meilleures manières d'accompagner nos membres dans cette transition», explique la présidente. L'Ordre réfléchit d'abord au positionnement de la profession. Quelles tâches disparaîtront ? Déjà, la tenue des livres ou les déclarations fiscales se voient de plus en plus automatisées et le nombre de tâches exécutées par l'intelligence artificielle ne fera que croître.

Présentement, les seuls actes réservés aux CPA se trouvent dans le domaine de la certification. Tous les autres actes peuvent faire l'objet d'une concurrence venue de nouveaux joueurs, qui ne sont pas des CPA. Comment démontrer la valeur ajoutée des CPA ?

Ce constat mène à un autre enjeu pour l'Ordre : s'assurer que ses membres savent utiliser les outils technologiques et les nouvelles méthodes de travail qui apparaissent dans l'industrie. L'Ordre publiera au premier trimestre 2019 un livre blanc sur l'ère numérique et son impact sur la profession. Il a aussi développé un guide des meilleures pratiques d'utilisation des TI. Dans une collaboration avec le Barreau du Québec et la Chambre des notaires, l'Ordre met maintenant à la disposition de ses membres un service d'infonuagique qui comprend un service de messagerie sécurisée, le stockage et le partage sécurisé de documents, ainsi que du soutien technique et de la formation.

Assurer la pertinence de la profession exigera toutefois plus. L'Ordre travaille à modifier la grille de compétences des formations universitaires, pour accorder plus de place aux habiletés humaines, après une première phase qui avait augmenté l'accent mis sur les compétences technologiques. «De plus, environ 900 cours de formation continue sont offerts aux professionnels en exercice, dont une proportion de plus en plus grande porte sur le numérique», ajoute Mme Mottard.

Un système professionnel en manque d'agilité

Cette dernière se réjouirait toutefois qu'une réforme du système professionnel québécois, qui date des années 1970, vienne offrir une plus grande latitude à son ordre. «Le gouvernement gère tous les ordres sur un même pied, sans égard à la complexité de la profession qu'ils encadrent, ni au nombre de professionnels qu'ils comptent, causant un manque d'agilité», déplore-t-elle.

Chacun des 46 ordres a ses propres règlements et doit passer par l'Office des professions pour les faire évoluer. Or, ce dernier se trouve empêtré dans la gestion de plusieurs centaines de règlements, ralentissant d'autant l'adaptation des ordres aux nouvelles réalités de leur profession. Mme Mottard donne l'exemple du règlement sur la tenue de dossier. Archaïque, ce dernier précise qu'il faut conserver une copie du dossier d'un client dans un bureau barré, faisant fi de la dématérialisation des dossiers.

Avec une concurrence provenant de l'international et de nouveaux joueurs issus des fintechs, l'Ordre souhaiterait aussi obtenir le mandat d'encadrer la sphère comptable elle-même, plutôt que seulement les CPA. «Notre rôle n'est pas uniquement d'encadrer les CPA, mais de protéger le public, notamment dans des domaines comme la maltraitance financière ou l'équité fiscale, et pour y arriver, nous avons besoin d'un mandat élargi», conclut la présidente.

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