Immigration: les technologies comme vecteur d'intégration


Édition du 13 Octobre 2018

Immigration: les technologies comme vecteur d'intégration


Édition du 13 Octobre 2018

Sur notre photo, une consultation dans un cabinet de télémédecine à Oberbruck, en France [Photo : Getty Images]

Alors que le Québec se situe toujours dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre qualifiée, les nouvelles technologies qui s’installent et modifient le quotidien des professionnels québécois ne pourraient-elles pas aussi représenter une opportunité pour adresser la question épineuse de l’accueil et la reconnaissance des compétences des professionnels formés à l’étranger ? Quelques ordres ont déjà franchi le pas en proposant une évaluation des dossiers en ligne assortie parfois de contenus informatifs, capsules vidéos, voire même d’auto-évaluations en ligne.

Et si les outils numériques permettaient de contribuer à mieux intégrer les travailleurs formés à l’étranger, et de réduire le délai d’attente avant l’obtention des permis ? Selon Gyslaine Desrosiers, présidente du Conseil Interprofessionnel du Québec (CIQ), le guichet unique (qualificationsquébec) mis en ligne cet été par le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI) « est un bon exemple d’outil destiné à faciliter la reconnaissance des acquis des travailleurs formés à l’étranger ».

Avec une seule fausse note accordée : ledit portail utiliserait une classification internationale des professions dont la terminologie n’est pas conforme à celle du Québec… « Plusieurs ordres nous ont déjà alertés. Ce guichet devra évoluer dans une nouvelle version pour s’adapter à la réalité de la province ». Reste qu’à l’heure où le Québec se trouve toujours en situation de rareté de main-d’œuvre, beaucoup d’ordres sont eux aussi en train d’étudier des manières d’aider les professionnels immigrants à rencontrer les standards québécois. 

A l’Ordre des Ingénieurs du Québec (OIQ), où l’intégration des professionnels formés à l’étranger est devenue une priorité, la première étape a été de revoir la manière d’étudier les dossiers, « en mettant plus d’emphase sur l’expérience professionnelle et en proposant, lorsque les professionnels ont des lacunes, d’augmenter les voies possibles pour qu’ils les complètent », explique la présidente, Kathy Baig. Ainsi, en plus du traditionnel examen, les candidats pourront appliquer à des cours à l’université, à un projet supervisé ou à un projet en entreprise tandis qu’une plateforme en ligne a été développée afin d’automatiser le traitement des demandes. « Grâce à ces modifications, nous visons de passer d’un taux d’obtention de 56% à 75%, tout en réduisant le délai d’attente de 16 mois à 9 mois ».

De son côté, le Collège des médecins du Québec a lui aussi développé des vidéos explicatives pour mieux informer les demandeurs provenant des pays étrangers. « Les candidats n’ont plus besoin de se déplacer pourront envoyer une copie de leur diplôme en pièce jointe», souligne Charles Bernard, président-directeur général du Collège, qui affirme qu’il existe aussi un portail pancanadien qui remplit un rôle informatif à l’échelle de la province. « L’informatique est un bon outil pour faciliter cette première étape clé». 

Favoriser l’acquisition de connaissances

Bien qu’il ne soit pas prévu que les ordres suppléent aux prérogatives des collèges ou des universités en matière de formation, leur mission de veiller à la formation continue de leurs membres fait que certains songent à proposer des modules de cours en ligne.

C’est le cas à l’Ordre des Ingénieurs du Québec (OIQ) où plusieurs cours payants ont été déployés sur la toile cette année. « Il s’agit de sujets demandés par les membres, au coût compétitif, et qui touchent bien souvent aux soft skills puisque nous n’avons pas vocation à offrir de la formation technique comme les écoles, précise la présidente de l’OIQ, Kathy Baig.

L’Ordre des Architectes du Québec (OAQ) a quant à lui commencé à proposer une offre de cours en ligne, grâce à une subvention de 175 000$ du MIDI et un investissement en propre de 100 000$, et qui s’adresse notamment aux professionnels formés à l’étranger. « L’idée est d’utiliser les technologies comme vecteur d’intégration », souligne Sébastien-Paul Desparois, directeur de la pratique professionnelle. Au total, pas moins de 16 capsules vidéos sont prévues, dont la moitié porteront sur le code de déontologie, et l’autre moitié sur les connaissances destinées aux professionnels formés à l’étranger, concernant par exemple les modalités d’admission, le référentiel de compétences, et les différentes réglementations locales.  « L’idée étant que ces contenus deviennent obligatoires avant de devenir membre, afin que les candidats puissent se former à distance ». Mais en plus de servir la clientèle immigrante, cette révolution numérique bénéficiera également aux professionnels québécois. « Cela nous permettra d’aller rejoindre plus facilement nos 4000 membres à travers la province ». 

Des ponts à imaginer

L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) est pour sa part encore en train d’analyser la façon dont le numérique pourrait s’inscrire dans son processus d’accueil des nouveaux arrivants. Si une grande place est encore donnée aux stages en milieu professionnel, afin que les infirmiers puissent développer un contact privilégié avec les patients, la présidente de l’OIIQ Lucie Tremblay estime que le numérique pourrait améliorer l’évaluation des dossiers, en s’assurant par exemple en amont que les professionnels formés à l’étranger soient capables de s’exprimer en français. « Si ce n’est pas le cas, il faudrait qu’ils soient orientés vers des formations de francisation avant leur arrivée, qui pourraient être communes à toutes les professions de la santé ».

C’est dans le même esprit que la profession des CPA s’est tournée vers la création d’un certificat intermédiaire comptable, offert à distance depuis cet automne par plusieurs universités partenaires à l’échelle du pays. « L’idée étant que les personnes provenant de pays avec lesquels nous n’avons pas signé d’accords de reconnaissance et dont il est difficile d’établir une équivalence puissent accéder à un emploi plus rapidement que d’obtenir le titre de CPA », explique Geneviève Mottard, présidente de l’Ordre des CPA. Avec, en fin de compte, la possibilité de se familiariser avec le cadre juridique et réglementaire local avant de poursuivre, si tel est leur souhait, vers une passerelle qui leur permettrait de reconnaître une partie de leurs compétences pour accéder au titre de CPA. « La technologie et le fait que certains modules puissent être offerts à distance constitue un atout», croit Geneviève Mottard. Contactée à plusieurs reprises, l’Office des professions n’a pas souhaité répondre à nos questions à ce sujet.

CLIQUEZ ICI POUR CONSULTER LE DOSSIER «ORDRES PROFESSIONNELS»

À la une

Bourse: Wall Street termine en hausse

Mis à jour à 18:06 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto a pris plus de 100 points mardi.

Tesla: chute de 55% du bénéfice net au 1T

16:38 | AFP

Le constructeur compte produire un véhicule électrique à bas coût «aussi vite que possible».

À surveiller: Metro, Gildan et American Express

Que faire avec les titres de Metro, Gildan et American Express? Voici des recommandations d'analystes.