Des municipalités à la recherche d'outils «intelligents»


Édition du 16 Décembre 2017

Des municipalités à la recherche d'outils «intelligents»


Édition du 16 Décembre 2017

Par Alain McKenna

Pour une métropole de près deux millions d'habitants, rien de plus facile que de mobiliser les ressources nécessaires à la création d'un organisme consacré aux données ouvertes. Pour une municipalité qui ne compte que 22 000 résidents, c'est une toute autre histoire... D'un autre côté, cela permet de tenter certaines expériences à plus petite échelle. C'est d'ailleurs le positionnement que tente de prendre la municipalité de Magog, dans les Cantons-de-l'Est, depuis quelques mois. Sa mairesse, Vicki-May Hamm, voit dans les applications qui peuvent être créées à l'échelle municipale un moyen de mousser le tourisme dans sa région, un des secteurs économiques névralgiques de ce coin de pays. «Nous avons déjà trois applications qui aident au tourisme, dit-elle : une qui donne des suggestions de sorties en ville, une autre qui aide à mousser l'achat local, et une troisième qui recense les sites d'art urbain et les lieux patrimoniaux répartis un peu partout sur notre territoire.»

Pour ses propres besoins, la municipalité de Magog a également créé un outil, à partir des stations météo de la région, qui lui permettent d'anticiper le mauvais temps et, par conséquent, d'assurer un meilleur déneigement l'hiver, par exemple. «Nous ne possédons pas de Bureau de la ville intelligente, comme Montréal, mais nous tentons tout de même de réaliser de cinq à six projets par année, précise Mme Hamm. Nous avons d'abord élaboré une définition de ce qu'est la ville intelligente, et on essaie maintenant de l'appliquer plus largement.»

Le numérique au service du citoyen

En plus d'être mairesse de Magog, Vicki-May Hamm est membre de l'exécutif et du conseil d'administration de l'Union des municipalités du Québec (UMQ) depuis 2014. L'organisme regroupe quelque 300 municipalités réparties partout dans la province, et englobe 90 % de sa population. Ces derniers mois, l'UMQ a mis sur pied un comité de travail autour du sujet de la ville intelligente, en vue d'aider ses membres à mieux comprendre de quoi il en retourne, et à en appliquer certains principes. «C'est plus qu'un enjeu technologique. La ville intelligente attire les entreprises et contribue à créer des start-up en région, affirme Mme Hamm. C'est certain que les gains vont varier d'une municipalité à l'autre, mais la question à se poser est simple : où voulez-vous voir votre ville dans 15 ou 20 ans ?»

Entre les luminaires connectés de Shawinigan et les solutions en géomatique actuellement développées à Saguenay, la ville intelligente offre plusieurs possibilités d'affaires. Elle repose tout de même sur trois principes simples : une meilleure gouvernance, un développement durable et un accès citoyen accru.

Au début de l'année, OVH, un hébergeur de données français ayant des installations importantes à Beauharnois, en banlieue sud de Montréal, a publié son premier Baromètre sur les villes intelligentes du Québec. Ce qu'elle a découvert ? Au-delà des beaux principes, les Québécois(es) ont hâte que les villes leur offrent des outils numériques qui facilitent leur quotidien.

Les quatre secteurs les plus importants à leurs yeux sont le transport, notamment l'offre de transport en commun, la sécurité au sens large, l'accès et la qualité de l'eau et des infrastructures. Les citoyens souhaitent également avoir une meilleure information en temps réel de la part de leurs élus et, idéalement, des technologies développées localement, qui sont adaptées à leurs besoins.

Grosse commande ! La notion de ville intelligente est peut-être nouvelle, mais elle a rapidement été adoptée par le public et c'est aux administrations municipales de s'adapter, constate Cédric Combey, vice-président, Ventes et marketing chez OVH Canada. «Aujourd'hui, de plus en plus de gens s'attendent à ce que l'information relative à leurs besoins et à leurs attentes, par exemple lorsqu'ils planifient un déplacement, soit accessible instantanément», dit-il.

Sortir du vase clos

Alors, que doit faire une municipalité de quelques milliers de personnes qui souhaite devenir plus «intelligente» ? Surtout, ne pas travailler en vase clos, prévient Jean-François De Rico, avocat associé au cabinet Langlois. Selon lui, «il existe plusieurs enjeux de licence et de propriété intellectuelle. Ceux-ci pourront être mieux réglés avec un fournisseur unique, si plusieurs municipalités se regroupent».

Me De Rico voit donc d'un bon oeil le leadership pris par l'UMQ dans ce dossier. À condition que la mentalité soit la bonne. «Il faudra adopter une bonne ouverture d'esprit afin d'assurer le partage des bonnes pratiques, et pour permettre aux éventuels fournisseurs de répéter une opération avec d'autres clients. Plus important encore, il faudra s'assurer de créer, puis d'imposer des normes strictes aux fabricants et aux fournisseurs de technologies quant à l'utilisation et la confidentialité des données et des systèmes.»

À l'heure où les cybermenaces foisonnent, il s'agit d'un avertissement important. Au chapitre du matériel, comme du logiciel, il faut s'assurer qu'on peut colmater les éventuelles failles le plus rapidement possible afin de limiter les dégâts. Car dans tout système ouvert, il y a un risque élevé d'imperfections. Harmoniser les plateformes et leur sécurité devrait être une priorité, conclut cet avocat québécois.

«Historiquement, on ne laisse jamais les risques surmonter le potentiel bénéfique des nouvelles technologies, mais il faut s'assurer de prévenir les risques le plus possible.» À ce jeu, que les municipalités du Québec se réunissent pour définir les règles du jeu ne semble que la moindre des choses.

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