La force du nombre


Édition du 16 Mai 2015

La force du nombre


Édition du 16 Mai 2015

Les utilisateurs constituent les principaux moteurs de l’évolution des logiciels libres. Formant de véritables communautés virtuelles, leur collaboration constituent un modèle inspirant d’innovation ouverte.

Pour Éric Bégin, président chez Solutions inLibro inc, un bon logiciel libre est d’abord et avant tout un logiciel soutenu par une communauté de développeurs très active. « C’est ce qui fait vivre et évoluer le logiciel, prévient-il. Il faut que cette communauté soit dynamique. Trop d’entreprises optent pour un logiciel libre sans s’attarder à sa communauté. C’est une erreur. »

Le logiciel libre évolue différemment par rapport à ceux opérant sous licence. Les innovations sont dictées par les utilisateurs et réalisées dans des collaborations ouvertes, et non par des équipes enfermées dans les bureaux d’une compagnie cherchant à se donner un avantage compétitif. Les communautés de développeurs réunissent des entreprises comme des particuliers, tous utilisateurs de logiciels libres.

InLibro, par exemple, mise sur le logiciel libre Koha ILS, un système intégré de gestion de bibliothèque. Créé en 1999, il est utilisé dans des milliers de bibliothèques dans le monde et repose sur une grande communauté de développeurs, à laquelle participe activement inLibro. « Nous redonnons à la communauté tous les développements que nous faisons pour nos clients, et bénéficions des avancées des autres contributeurs », explique Éric Bégin.

Tout le monde y gagne

Guillaume Boudrias, développeur et administrateur de Praxis Laboratories Coop, basé à Montréal, précise que les communautés de développeurs reposent sur ce qui distinguent les logiciels libres de leurs rivaux propriétaires. « Ce n’est pas le logiciel qui est vendu, mais les services qui l’entourent, comme l’implantation, l’entretien ou l’amélioration », explique-t-il. Dans une telle optique, aucun intérêt commercial ne souffre d’une collaboration ouverte. Au contraire. Plus le logiciel est fonctionnel et intéressant, plus il se répand et plus les entreprises de services peuvent dénicher de nouveaux clients. 

Depuis 2010, Guillaume Boudrias est très actif au sein de la communauté de développeurs de Drupal, un populaire logiciel utilisé pour faire des sites Web, intranet ou mobiles. Il a notamment contribué au développement d’Aegir, un outil de gestion permettant de déployer et gérer plusieurs sites Web faits avec Drupal. Il participe aussi aux communautés Debian et CiviCRM. Dans ces deux cas, sa contribution se limite à faire des rapports de bugs, un élément crucial pour colmater les brèches des logiciels libres et assurer leur évolution. 

Au sein d’une communauté, il y a généralement des « mainteneurs », qui déterminent certaines priorités de développement. D’autres développeurs, comme Guillaume Boudrias, font des contributions plus ponctuelles, souvent en fonction de leurs propres besoins, apportant ainsi une foule de petites améliorations. D’autres enfin se contentent de faire des rapports lorsqu’un problème se pose dans l’utilisation du logiciel.

Bien que ces communautés soient surtout virtuelles, localement des initiatives surgissent régulièrement pour favoriser des rencontres dans le monde… réel ! « Il y a une culture d’organisation d’événements, confirme le développeur. Cela permet de développer des liens personnels, mais aussi de propager les logiciels libres ».

Foire d’emplois

D’outil d’innovation, la communauté de développeurs se mue régulièrement en outil de recrutement. Fabián Rodríguez, consultant en TI libres de Le goût du libre, s’était fait remarquer par ses contributions à Ubuntu, un système d’exploitation en code source ouvert pour ordinateurs, tablettes, téléphones intelligents ou télévision, commandité par la firme Canonical. Cette dernière l’a embauché et il a travaillé pour elle pendant plus de quatre ans, à titre d’analyste senior au support de systèmes. Il a aussi agi comme contact de la communauté de développeurs Ubuntu Québec.

Il indique que son cas n’est vraiment pas exceptionnel. « C’est un mode de recrutement très fréquent dans le logiciel libre, note-t-il. La contribution à une telle communauté constitue en fait un genre de cv moderne. Les entreprises peuvent directement évaluer la qualité de votre travail et éventuellement vous embaucher ou vous offrir un contrat sur cette base. » Encore aujourd’hui, il lui arrive de se faire repérer ainsi et d’obtenir des contrats de consultant.

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