Séduire les jeunes au secondaire pour assurer la relève en TI

Publié le 20/02/2014 à 10:17

Séduire les jeunes au secondaire pour assurer la relève en TI

Publié le 20/02/2014 à 10:17

En TI, l’un des principaux enjeux reste la gestion de la relève. Car sans matière grise, il n’y a pas de logiciels ! C’est pourquoi l’ensemble des acteurs du secteur se sont regroupés depuis quelques années pour agir. Leur objectif ? Inverser la tendance et démontrer aux jeunes que l’industrie des TI peut leur offrir de belles perspectives de carrière.

L’industrie des TI compte 191 000 travailleurs pour 7058 entreprises au Québec, selon les chiffres du comité sectoriel TechnoCompétences. Un nombre qui devrait encore augmenter d’ici 2015 puisque près de 6 000 postes seront alors à pourvoir.

«Or, dans une industrie où près de 60% de emplois proposés requièrent une formation universitaire, il n’y a pas assez de finissants dans les collèges et les universités pour répondre à la demande », souligne Marie-Josée Tessier, directrice de TechnoCompétences.

Si les TI sont présentes dans nombre d’objets qui peuplent notre quotidien (ordinateurs, téléphones intelligents, tablettes, etc.), les jeunes sont encore loin d’avoir conscience des opportunités de carrière qui leur sont offertes dans ce secteur.

« On remarque qu’ils entrent dans les programmes de TI mais ne ressortent pas nécessairement avec le diplôme quatre ans plus tard. Entre 2000 et 2010, le taux de diplomation était par exemple de 60% pour toutes les filières du baccalauréat confondues, contre 57,8% en TI », souligne Marie-Josée Tessier.

En 2007, près de 1 606 jeunes se sont en effet inscrits au baccalauréat en TI, alors que seulement 1306 jeunes ont été diplômés quatre ans plus tard, en 2011.

Des préjugés tenaces

Plusieurs raisons expliquent ce désintérêt. Certains l’attribuent à l’éclatement de la bulle internet en 2000 et à la disparition du groupe Nortel en 2010, qui ont donné une mauvaise image de la profession. Mais pas seulement.

« Les jeunes se retrouvent dans une situation difficile, car l’ancienne génération leur a demandé de devenir développeurs, alors qu’ils sont avant tout utilisateurs des nouvelles technologies, ce qui n’est pas du tout pareil ! Ils ne savent donc pas s’il vont aimer ça », fait valoir Caroline De Guire, directrice générale de l’ Association québécoise des informaticiennes et informaticiens indépendants (AQIII).

Sans compter que dès le secondaire, les jeunes sont appelés à faire des choix de cours qui s’avéreront déterminants. « Il faut aller à leur rencontre pour leur rappeler de prendre un cours de mathématiques afin de ne pas se couper l’accès aux carrières scientifiques », rappelle François Coallier, directeur du développement technologique et des services académiques à l’ÉTS.

Car le génie des TI est un secteur d’avenir : « Environ 70 % de nos étudiants ont un emploi avant de terminer, tandis que les 30 % restants ont accès à 23 offres d’emplois chacun», affirme-t-il.

En 2014, l’ÉTS comptera 109 finissants en génie logiciel et 52 finissants en génie des TI, les deux programmes les plus demandés par les employeurs.

L’autre enjeu ? Attirer des femmes en TI, puisqu’environ 76 % des salariés sont des hommes. « Les femmes sont sous-représentées, car il existe encore beaucoup de préjugés. Si elles savaient qu’elles ne seront pas isolées derrière leur écran et qu’elles travailleront sur des projets en équipe, elles viendraient peut-être davantage», souligne Mme Tessier.

Certaines entreprises ont décidé de se saisir de la question : « Chez Google, les femmes font partie des priorités car c’est un fort bassin potentiel pour la relève. Beaucoup d’actions sont faites auprès de ces jeunes filles, dès le secondaire, afin de les attirer », cite Nathalie Gosselin, directrice générale du centre de formation et de transfert du CRIM.

Une cible : Les 14-18 ans

TechnoCompétences a par exemple lancé une campagne annuelle ainsi qu’une plateforme d’information, Ma Carrière Techno, afin de sensibiliser les jeunes de 14 à 18 ans.

« C’est un site très interactif qui permet aux jeunes de réaliser des quiz de personnalité et de lire des témoignages d’employés. L’objectif étant qu’ils ne se coupent pas de la possibilité d’une carrière en TI », indique Marie-Josée Tessier.

Grâce à des rencontres organisées au sein des écoles secondaires notamment, la grappe des TIC du Grand Montréal TechnoMontréal estime que près de 7000 jeunes ont pu être sensibilisés à l’industrie des TI depuis 2007.

« L’une des nouveautés a été, non seulement d’informer les jeunes, mais aussi de toucher les influenceurs directs qui sont les conseillers en orientation et les professeurs », explique la directrice de TechnoMontréal, Lidia Divry.

Dans le cadre de son programme de soutien à la relève, le réseau Action TI a signé un partenariat en septembre dernier avec l’organisme Academos Cybermentorat en vue de démystifier les métiers des TI auprès des jeunes de 14 à 30 ans.

«On voit qu’ils ont beaucoup d’intérêt pour la conception de jeux vidéos, mais ils ne savent pas forcément que le domaine des TI est bien plus large que ça», regrette Catherine Légaré, présidente d'Academos cybermentorat.

Sur les 2600 mentors inscrits sur la plateforme, 181 sont issus de l’industrie des TI (architectes de réseaux, gestion de projet…) et Academos souhaite encore en recruter 30 d’ici la fin de l’année.

« Les cybermentors sont là pour témoigner de leur vécu et servir de modèle aux jeunes, contrairement aux guides de carrières, qui offrent plutôt des descriptions techniques», précise Catherine Légaré.

Si pour l’instant, ces jeunes échangent avec leurs mentors par le biais de courriels, Academos offrira à compter de septembre 2014 un nouveau service de messagerie instantanée leur permettant de tchatter en direct.

Pour Patrice-Guy Martin, PDG d’Action TI, le chemin sera long : « Nous multiplions les actions, mais les résultats sont encore difficiles à mesurer. Le dialogue engagé avec les étudiants du secondaire que nous rencontrons en ce moment portera ses fruits d’ici 3 à 5 ans », affirme-t-il.

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