Les firmes des TI québécoises attirent le capital de risque

Publié le 20/02/2014 à 10:16

Les firmes des TI québécoises attirent le capital de risque

Publié le 20/02/2014 à 10:16

En 2013, de toutes les provinces canadiennes, c’est le Québec qui a attiré le plus de capital de risque.

Selon les données de l’association du capital investissement, Réseau Capital, le Québec est très bien placé sur la scène du capital de risque. Et pour cause : sur les 3 premiers trimestres de l’année 2013, ses investisseurs ont injecté près de 600 M$ dans les entreprises québécoises, tous secteurs d’activités confondus, par rapport à 409 M$ en 2012.

Dans ces chiffres, les TI ne sont pas en reste. « Il s’agit du secteur qui performe le mieux, en se classant toujours n°1 ou n°2 », annonce Jack H. Chadirdjian, pdg de Réseau Capital.

En 2011, les TI représentaient 33 % des investissements réalisés par le capital de risque dans la province, et 30 % en 2012.

« Alors que l’industrie du capital de risque a subi une contraction dans le reste du Canada au cours des dernières années, le Québec a continué à conserver une position avantageuse grâce à un grand nombre de joueurs agiles qui s‘étaient réunis après l’éclatement de la bulle internet pour relancer le secteur », constate Hubert Manseau, fondateur de la firme de gestion de capital de risque, Multiple Capital.

Ce constat est partagé par Jean-Sébastien Cournoyer, partenaire chez Real Venture. « Ça n’a jamais été un meilleur moment pour bâtir une grande entreprise au Québec. Nous avons aujourd’hui un écosystème vibrant grâce à une communauté qui a réussi et qui aide les autres en retour. C’est un peu le principe de la Silicon Valley », souligne-t-il.

Les forces du secteur

Première raison de cette réussite : les produits issus des TI sont visibles partout : « Les Facebook, Paypal, ou LinkedIn de ce monde ont tous démarré grâce à du capital de risque », constate Jack H. Chadirdjian.

C’est sans compter sur les cycles de développement des TI, qui sont non seulement plus courts, mais aussi moins coûteux que d’autres industries telles que les biotechnologies ou les sciences de la vie.

« En TI, les rondes de financement vont de quelques centaines de milliers de dollars à 1,5 million de dollars, alors que dans les biotechnologies, cela peut prendre plusieurs dizaines de millions de dollars », rapporte Jean-Sébastien Cournoyer.

Enfin, l’écosystème montréalais, où les acteurs se côtoient et s’entraident au sein de différents événements (Start-up week-end, Start-up festival) et organismes (Maison Notman, FounderFuel, Real Venture), y est également pour quelque chose.

« Bon nombre de start-ups et de grandes entreprises du secteur, telles que Ubisoft, se sont installées à Montréal à la faveur des crédits d’impôt multimédias mis en place à la fin des années 1990 », rappelle Hubert Manseau.

Le fonds canadien de capital de risque spécialisé dans le domaine des TI, iNovia Capital, a même enregistré un niveau de participation exceptionnel cette année : « Nous avons réalisé près de 30 investissements sur les 36 derniers mois au pays. Depuis la mise sur pied du fond en 2007, près de 230 M$ de dollars ont été investis», souligne-t-il.

Parmi les start-ups accompagnées, figure la société montréalaise Luxury Retreats, spécialisée dans la location en ligne de villas de luxe, la société de vente en ligne Beyond the rack et le fournisseur de publicité et de technologie en ligne Collective Media.

Une aide pour l’amorçage

« Mon job est de trouver ces bijoux », affirme Chris Arsenault. Si ce fonds peut injecter des sommes comprises entre 200 000 $ et 10 M$ par projet, les critères sont bien encadrés.

« Les occasions d’affaires doivent être énormes pour répondre à un marché mondial atteignant quelques centaines de milliards de dollars », indique M. Arsenault.

« Il faut aussi que le plan d’affaires soit bien détaillé et qu’il s’agisse de secteur que nous connaissons, afin que nous puissions identifier les risques et mettre en œuvre les contacts nécessaires pour accompagner leur développement», souligne-t-il.

D’abord créé sous le nom de Montréal Start Up en 2008, le fonds Real Venture, fait partie des principaux joueurs spécialisés dans l’amorçage des entreprises en TI.

Après avoir levé deux rondes de financement de 5 M$ en 2007 et de 50 M$ en 2010, qui lui ont permis d’appuyer 62 projets, Real Venture se prépare aujourd’hui à clôturer un 3e fonds de 55 M$.

« Nous donnons aux entrepreneurs le premier capital qui leur permet de démarrer ainsi que du soutien et du mentorat pour les aider à lever une ronde de financement plus importante de 3 à 7 M$», précise Jean-Sébastien Cournoyer, partenaire de Real Venture, dont le portefeuille d’investissement réunit plus de 1500 emplois.

Parmi ces investisseurs, figurent des organismes comme le Fonds de solidarité FTQ, le FIER, la BDC, Investissement Québec ainsi qu’une quarantaine d’individus. « Nous nous intéressons à des équipes qui s’attaquent à des projets pouvant atteindre plusieurs centaines de millions de dollars en revenus, pour gagner ensuite le marché boursier et devenir les prochains Google » glisse M. Cournoyer. Il cite en exemple le site de commerce en ligne Beyond the Rack ou encore la plateforme de création de contenu 3D dans le cloud Lagoa.

Le choix de l’entrepreneur

Si la rentabilité financière est un enjeu important pour le capital de risque -qui se rémunère uniquement sur la valeur du capital de l’entreprise-, beaucoup d’importance est accordée à la personnalité des entrepreneurs.

« En TI, les entrepreneurs concourent tous sur le même marché virtuel et mondialisé, ce qui fait qu’ils peuvent tous avoir la même chance », précise M. Arsenault. Ce qui va donc faire la différence pour le capital de risque, c’est un entrepreneur innovant, voire même un binôme, possédant une très bonne connaissance de la technologie et du marché.

« C’est comme un mariage, il faut s’assurer que dans les bons comme dans les mauvais moments, on est à l’aise », glisse M. Arsenault.

Il cite le cas du jeune entrepreneur québécois Louis-Philippe Maurice qui a réussi à lever 1 M$ auprès de plusieurs investisseurs en mai 2013 pour financer la création de Busbud, un moteur de recherche et d’une application mobile permettant d’acheter des tickets de bus partout à travers le monde, dans plusieurs langues et devises. « Il s’agit d’un service que personne n’avait encore proposé », ajoute-t-il.

Et pour réussir dans le secteur, il ne suffit pas d’avoir un rêve, il faut aussi être bien au fait des impératifs économiques. « Parfois, l’erreur est de créer un logiciel très couteux à développer, qui n’intéressera pas assez de consommateurs ou qui ne pourra pas se vendre très cher : ainsi, pour être riche grâce à une application sur l’Apple Store, il faut pouvoir toucher près de 100 millions de personnes, et pas seulement 10 000 », rappelle Hubert Manseau.

Un partenariat de long terme

Si les sociétés de capital de risque sont là pour accompagner les start-ups dans la durée, elles choisissent souvent de se désengager après 5 à 10 ans, en fonction de l’étape à laquelle est rendue l’entreprise.

« Ce peut être au moment où la société se fait racheter par un autre joueur, ou au moment où elle choisit d’entrer sur les marchés boursiers. On peut aussi sortir lorsqu’elle fait appel à des fonds de private equity qui emmèneront l’entreprise à une prochaine phase de développement », précise Chris Arsenault.

Ils peuvent également être amenés avec d’autres joueurs du capital de risque, voire d’autres investisseurs tels que les programmes gouvernementaux, ou plus souvent les anges. « La cohabitation avec les autres acteurs est de plus en plus favorable. Il est déjà arrivé qu’une entreprise déjà approchée par un grand fond de capital de risque vienne nous voir pour compléter sa ronde de financement », explique François Gilbert,
président d’Anges Québec. Sur les 40 dossiers financés par Anges Québec depuis sa création en 2005, plus de 60 % ont un contenu en TI important ce qui représente une valeur estimée de plus de 10 M$ investis par les membres, qui s’impliquent à raison de 200 000 $ à 1,5 M$ par projet. « Nous sommes là pour du long terme. J’ai par exemple été actionnaire de Taléo par exemple, et j’en suis sorti après 8 ans », affirme M. Gilbert.

Pour Hubert Manseau, le principal défi est ensuite d’amener ces start-ups à se développer sur la scène internationale : « On aimerait voir plus d’entreprises en TI dépasser le cap des 100 M$ de chiffre d’affaires et décider d’aller sur les marchés publics, comme CAE, Logibec ou Miranda Technologies. La difficulté reste, pour les entrepreneurs, de ne pas être obligés de vendre ces entreprises à des capitaux étrangers pour poursuivre leur développement. »

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