La renégociation de l'ALÉNA menace les alumineries du Canada

Publié le 13/04/2017 à 15:54

La renégociation de l'ALÉNA menace les alumineries du Canada

Publié le 13/04/2017 à 15:54

Par François Normand

L’Association de l’aluminium du Canada (AAC) craint que la réouverture de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) ne renforce les règles d’origine et fasse en sorte qu’il soit plus difficile d’exporter de l’aluminium aux États-Unis.

«C’est notre plus gros enjeu au sud de la frontière», confie le président de l’AAC, Jean Simard, en soulignant que la chaîne de valeur de l’aluminium est très intégrée en Amérique du Nord et que la production canadienne est surtout exportée aux États-Unis, notamment dans le secteur automobile.

Les règles d’origine permettent aux entreprises canadiennes de vendre leurs produits aux États-Unis (et au Mexique) sans payer de tarifs douaniers. Mais elles doivent en revanche respecter certains seuils de contenus locaux afin que leurs produits soient considérés comme étant nord-américains.

Par exemple, dans l’industrie automobile, les règles d'origine s’appliquant aux véhicules exigent un contenu régional de 62,5%. Cela signifie que 62,5 % de la valeur des composants d’une automobile doit venir d'un pays de l'ALÉNA.

Vers un seuil de contenu américain?

Dans la renégociation de l’accord qui s’amorce, l’industrie canadienne court par exemple le risque que Washington demande que la valeur régionale de 62,5 % dans le secteur automobile comprenne un seuil minimal de 40 % de contenu américain -aucun seuil spécifique à un pays n’existe actuellement dans l’ALENA.

Le cas échéant, l’imposition de ce type de contenu américain pourrait complexifier les exportations d’aluminium canadien aux États-Unis, selon Jean Simard.

«Cela pourrait réduire nos exportations ou faire augmenter les coûts pour importer de l’aluminium aux États-Unis», dit-il.

L’enjeu est de taille pour le Québec, où sont concentrées la plupart des alumineries au Canada (Alcoa, Rio Tinto Aluminium et Aluminerie Alouette).

L’aluminium est notre premier poste d’exportation aux États-Unis, selon l’Institut de la statistique du Québec.

En 2016, les expéditions de métal banc s’y sont élevées à 4,8 milliards de dollars canadiens (G$), ce qui représente près de 2% de le la valeur totale des exportations du Québec aux États-Unis (57,1 G$).

L’industrie avait évité la catastrophe au printemps 2016

Malgré le libre-échange avec les États-Unis, l’industrie canadienne de l’aluminium a souvent des casse-têtes en ce qui a trait à son accès au marché américain.

Par exemple, au printemps 2016, le syndicat américain des Métallos a demandé à l’administration Obama d'imposer des tarifs de 50 % sur les importations d'aluminium aux États-Unis.

Les Américains ont reculé, mais l’industrie canadienne a eu des sueurs froides.

La proposition des Métallos visait en fait la Chine. L'industrie de l'aluminium vit une crise majeure aux États-Unis en raison de la surproduction de la Chine. La chute des prix et la force du dollar américain ont fait très mal aux alumineries américaines.

Or, la demande de tarifs écorchait en réalité les producteurs de la Russie, du Moyen-Orient et du Canada, car la Chine exporte relativement peu d'aluminium aux États-Unis pour l'instant.

La catastrophe a donc été évitée de justesse: l'industrie canadienne et des syndicats ont finalement convaincu les Métallos de retirer leur demande de tarifs, en raison de l'intégration de la chaîne de production en Amérique du Nord.

 

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