Les technologies propres stimulent l'industrie

Publié le 01/06/2013 à 00:00, mis à jour le 30/05/2013 à 12:13

Les technologies propres stimulent l'industrie

Publié le 01/06/2013 à 00:00, mis à jour le 30/05/2013 à 12:13

Alors que le gouvernement Marois s'est engagé à développer les énergies vertes, le secteur de la microélectronique, qui regroupe une centaine d'entreprises et près de 8 000 salariés au Québec, est bien placé pour répondre aux enjeux du développement de nouvelles technologies propres.

«L'industrie doit tirer profit des occasions fournies par les grands donneurs d'ordres et se saisir des grands défis sociaux», dit Gilles Gagnon, fondateur du bureau d'études DigiPlan TEC.

Selon lui, l'électrification des transports annoncée par le gouvernement Marois pourrait offrir de nouvelles occasions et des débouchés aux entreprises de la microélectronique.

Des centres de recherche québécois comme le Centre d'innovation en microélectronique du Québec (CIMEQ) travaillent déjà à concevoir des voitures électriques et des systèmes pour améliorer la consommation énergétique des bâtiments.

«On remarque que les TIC, qui connaissent une croissance énorme, ont un potentiel de verdissement qui équivaut à sept fois leur empreinte carbone. Il s'agit donc d'une très grande occasion pour l'industrie, car il devient alors possible de créer des réseaux de communication fondés sur les énergies renouvelables», explique Charles Despins, pdg du consortium de valorisation Prompt.

Depuis l'entrée en vigueur de la directive européenne RoHS visant à limiter l'utilisation de six substances dangereuses dans les produits manufacturés, le Québec s'est positionné comme un chef de file dans ce secteur. «Le Québec a été l'un des premiers à s'aligner sur les normes européennes, si bien qu'aujourd'hui la plupart des fabricants québécois n'utilisent plus de plomb. IBM a même développé un nouveau procédé qui lui permet de n'utiliser aucun plomb dans la fabrication de ses puces électroniques», dit Pierre Fafard, coordonnateur en microélectronique au ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation.

Un tissu industriel dense

Grâce à son tissu fait d'entreprises diversifiées qui comprend de grandes entreprises, des PME innovantes et de centres de recherche d'envergure mondiale, le Québec s'est taillé une place de choix sur la scène internationale dans ce domaine.

Il faut dire que la province bénéficie d'un emplacement stratégique, dans le prolongement du corridor nord-est de la microélectronique, dont le coeur historique se situe à Albany, dans l'État de New York.

Bromont est l'épicentre de cette industrie au Québec, avec son technoparc qui regroupe de grands acteurs industriels tels que Teledyne Dalsa, IBM et le C2MI, un centre de recherche d'envergure mondiale. «Le Québec compte des entreprises qui ne développent pas des produits en leur nom, mais qui offrent des services manufacturiers, de conception et de R-D à un tissu de sociétés issues de différents secteurs qui les utilisent ensuite pour concevoir leurs propres produits», explique M. Fafard.

Car la microélectronique est partout. On la retrouve dans de nombreuses applications - transports, médecine, télécommunications, etc. - et dans la composition d'une foule d'objets - ordinateurs, téléphones intelligents, coussins gonflables des automobiles, compteurs d'électricité, implants...

«La microélectronique apporte une base solide à de nombreux autres secteurs de l'économie, mais elle n'est pas encore reconnue comme un pôle de développement au sens propre du terme, comme l'aéronautique», dit Daniel Massicotte, directeur du Groupe de recherche en électronique industrielle (GREI) de l'Université du Québec à Trois-Rivières.

Un marché international

La microélectronique pourrait également doper les exportations du Québec. La production de ce secteur dans la province est estimée à près de 3 milliards de dollars par année, selon le ministère des Finances. Et près de 90 % de ces revenus sont réalisés sur les marchés étrangers, principalement aux États-Unis.

«Nous avons la plus grande usine d'encapsulation de puces électroniques à Bromont, chez IBM. Tous les composants pour les plateformes de jeux vidéo fabriqués ici partent ensuite chez les Nintendo, Microsoft ou Cisco de ce monde», indique M. Fafard.

Malgré les déboires en 2009 de Nortel, un des fleurons de l'industrie, les entreprises québécoises ont su rebondir en s'appuyant sur leur savoir-faire pour mettre au point des produits qui répondent à l'évolution du marché.

La présence d'acteurs d'envergure, tels que le leader de l'assemblage de composants électroniques Varitron ou le spécialiste de l'alimentation électrique Gentec, fait que l'on retrouve au Québec toute la chaîne de valeurs permettant de produire des MEMS, ces microsystèmes électromécaniques comprenant des procédés électriques et mécaniques.

«Nous avons une belle brochette d'entreprises, qui va de la conception des puces au développement de procédés consistant à les mettre sur les plaquettes, puis à la mise en boîtiers et à l'assemblage final», dit M. Fafard.

Grâce aux nouvelles techniques d'automatisation développées par des acteurs comme Varitron, la clientèle qui délocalisait sa production depuis quelques années en Asie a tendance à revenir fabriquer des produits de haute technologie au Québec.

«Cela représente un avantage supplémentaire pour les clients, qui peuvent ainsi plus facilement demander des changements de conception de dernière minute», dit-il.

Par ailleurs, la microélectronique est aussi intimement liée à l'industrie de l'électronique et des TI, qui a le vent en poupe. «Les capteurs et circuits électroniques entrent dans la composition des moteurs ou des logiciels développés pour les TI», souligne Gilles Gagnon.

UN PÔLE D'EXCELLENCE D'ICI 2016

Pour répondre aux enjeux de demain, les principaux acteurs de l'industrie se sont réunis pour la première fois l'an dernier autour d'une table de concertation. L'objectif : créer un pôle d'excellence d'ici 2016.

«Il s'agit de mieux s'organiser et de définir une vision commune afin de créer un pôle qui représente tous les acteurs de la microélectronique et de l'électronique au Québec», dit François Verdy-Goyette, directeur du CIMEQ et instigateur de la table de concertation.

Une initiative d'autant plus importante que le gouvernement doit dévoiler en juin le contenu de sa nouvelle Politique nationale de recherche et d'innovation. «Présentement, l'industrie de la microélectronique souffre encore d'un manque de communication. Souvent, les gens des transports, de la santé ou de l'aéronautique ne savent pas que la microélectronique peut produire les capteurs qu'ils utilisent au quotidien», dit M. Fafard.

En se posant comme un pôle d'excellence et de développement, les professionnels du secteur aimeraient donc accroître leur visibilité pour attirer la clientèle québécoise ainsi que les investissements publics et privés. «Aujourd'hui, très peu d'investisseurs acceptent de prendre le risque, car ils ne connaissent pas très bien l'industrie», précise Daniel Massicotte.

LE SECTEUR EN CHIFFRES

8 000 employés

100 Une centaine d'entreprises spécialisées

3 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel

90 % des revenus sont réalisés à l'exportation

55 % Plus de la moitié (55 %) des emplois du secteur industriel sont fournis par 10 entreprises.

- 5,3 % Les coûts d'exploitation annuels d'une entreprise d'assemblage de composants électroniques au Québec sont inférieurs de 5,3 % à ceux des États-Unis.

Source : KPMG

Principaux employeurs

IBM 3 000

Esterline CMC Électronique 850

Matrox 500

Teledyne Dalsa 480

Excelitas Technologies 220

Averna Technologies 195

Varitron Technologies 190

Principaux produits et services

- Semi-conducteurs

- Circuits et systèmes spécialisés pour la conception, l'inspection et la fabrication

- Services d'assemblage

Source : Investissement Québec

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