Miser sur de nouveaux filons


Édition du 21 Avril 2018

Miser sur de nouveaux filons


Édition du 21 Avril 2018

Par Pierre Théroux

« ­Le ­Québec a la chance d’avoir une plus grande variété de métaux et de minéraux. Dans une industrie cyclique comme celle des mines, c’est un net avantage de pouvoir compter sur une telle diversification », selon ­Josée ­Méthot, ­PDG de l’AMQ. Photo : RNC Minerals

Si les métaux précieux restent les substances les plus recherchées au Québec, l'exploration minière tend à se diversifier, avec des minéraux moins conventionnels qui représentent déjà 8,4 % des dépenses d'exploration et de mise en valeur de gîtes minéraux de la province. Quels sont ces nouveaux métaux et quelles opportunités représentent-ils ?

Le sous-sol québécois, on le sait, est riche en or, en minerai de fer, en cuivre et en nickel. Ces métaux précieux et usuels restent d'ailleurs les plus recherchés et exploités au Québec, représentant près de 85 % des dépenses d'investissement réalisées pour l'ensemble des mines québécoises en 2016. L'industrie minière québécoise compte toutefois de plus en plus sur de nouveaux filons alors que des sociétés d'exploration ciblent aussi d'autres gisements de minéraux, notamment le lithium, le phosphate ou encore le graphite, qui ont fait l'objet de nombreuses études de faisabilité et dont l'exploitation devrait s'amorcer sous peu.

« Le Québec, comparativement aux autres provinces canadiennes, a la chance d'avoir une plus grande variété de métaux et de minéraux. Dans une industrie cyclique comme celle des mines, c'est un net avantage de pouvoir compter sur une telle diversification », fait valoir Josée Méthot, PDG de l'Association minière du Québec (AMQ).

Lithium : le carburant de l'avenir

« Le lithium représente un important filon pour le Québec, qui peut faire sa marque dans cette industrie où il y a une forte demande à l'échelle mondiale », constate Mme Méthot.

La forte mouvance en faveur de l'électrification des transports, jumelée à l'implantation des méga-usines de batteries, a propulsé la demande pour le lithium dont les prix ont monté en flèche ces dernières années, pour osciller entre 14 000 $ et 15 000 $ la tonne en 2017, comparativement à 6 000 $ à l'été 2015.

« La demande mondiale pour les produits au lithium s'est grandement intensifiée. La production actuelle ne suffirait pas à répondre à la demande prévue en 2025 », note Jean-Sébastien Lavallée, président du conseil et chef de la direction de Corporation Éléments Critiques, en précisant que le marché devra d'ici là produire plus de 600 000 tonnes de lithium additionnelles.

La propriété Rose lithium-tantale, située à la Baie-James, est le projet phare de cette société d'exploration minière qui produira 25 000 tonnes de carbonate de lithium lors de la mise en exploitation de la mine et de l'usine, prévue dans le deuxième semestre de 2020. Ce projet est évalué à 400 millions de dollars.

Le Québec compte trois autres projets d'importance de mine de lithium. Il y a North American Lithium, près d'Amos, en Abitibi, auparavant connue sous le nom de Québec Lithium, laquelle a été rachetée en 2016 par la société chinoise Jien International. Une autre entreprise chinoise, spécialisée dans la fabrication de batteries, vient d'y investir 66 M$ pour contribuer à la relance de la mine qui devrait produire quelque 20 000 tonnes de carbonate de lithium.

Nemaska Lithium, qui développe la propriété Whabouchi, située à environ 300 kilomètres de Chibougamau, a pour sa part décalé l'exploitation de la mine et de son usine de Shawinigan, qui doit produire 16 000 tonnes annuellement. Les activités doivent débuter respectivement aux derniers trimestres de 2018 et 2019.

Enfin, la société minière australienne Sayona Mining souhaite amorcer, en 2019, la construction de la mine Authier, en Abitibi. L'entreprise en avait fait l'acquisition à l'été 2016, de la société montréalaise Glen Eagle Resources.

Un important nouveau projet de phosphate

À Lac-à-Paul, dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, la société Arianne Phosphate s'affaire à développer l'un des plus importants nouveaux projets de phosphate au monde. L'entreprise souhaite profiter de la haute qualité de son gisement, dont la teneur en concentré d'apatite d'environ 39 % est plus élevée que les autres sites miniers mondiaux qui s'élèvent à environ 32 %, pour faire sa marque dans l'industrie alimentaire et celle des engrais.

« Nous avons grandement progressé ces derniers mois pour trouver des clients potentiels et du financement », souligne Jean-Sébastien David, chef des opérations d'Arianne Phosphate, qui prévoit amorcer en 2019 la construction de la mine et de l'usine, au coût de 1,2 milliard de dollars, et faire ses premières livraisons de phosphate en 2021.

L'entreprise Mason Graphite, qui travaille au développement du gisement de graphite du Lac Guéret, à environ 285 kilomètres au nord de Baie-Comeau, indique aussi avoir franchi des étapes importantes menant à la construction de la mine et de l'usine, qui pourrait amorcer sa production au début de 2019.

La société minière, qui prévoit des investissements de 200 M$ dans ce projet, vient en effet de verser un dépôt en argent pour confirmer une commande d'équipements requis pour l'usine de traitement.

« C'est une étape importante, car se sont des équipements clés qui exigent de longs délais de livraison », explique Benoît Gascon, président et chef de la direction de Mason Graphite.

Le projet du Lac Guéret, d'une capacité d'environ 50 000 tonnes de concentré par an, contribuera à environ 10 % de la production mondiale. La seule mine de graphite actuellement en activité en Amérique du Nord, celle de Lac-des-Îles près de Mont-Laurier, doit cesser ses activités en 2021.

Le Québec compte actuellement trois autres projets de mine de graphite : le projet Matawinie, à Saint-Michel-des-Saints, le projet Lac Knife, près de Fermont, et le projet Miller à Grenville.

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