L'industrie peine à écouler ses copeaux de bois


Édition du 12 Mai 2018

L'industrie peine à écouler ses copeaux de bois


Édition du 12 Mai 2018

Par Pierre Théroux

Les copeaux de bois sont principalement achetés par les papetières, qui s’en servent pour fabriquer du papier. [Photo : Produits forestiers Résolu]

La bonne nouvelle : l'appétit des constructeurs américains pour le bois d'oeuvre fait tourner les scieries québécoises à plein régime. La mauvaise : cette cadence entraîne ainsi une surproduction de copeaux dans les usines de sciage, qui n'arrivent pas à les vendre sur le marché.

« D'un côté, les scieries font plus d'argent avec le bois d'oeuvre, mais il y a d'importants surplus de copeaux et de moins en moins d'acheteurs, ce qui a fait baisser fortement les prix », constate Pierre Marineau, directeur général de l'Association des producteurs de copeaux du Québec (APCQ).

L'Association calcule qu'environ 275 000 tonnes de copeaux restent invendues chaque mois dans les cours des scieries de la province. Or, c'est cinq fois plus que la moyenne des 15 dernières années, note M. Marineau.

« On arrive difficilement à trouver preneur. La situation est très problématique », confirme Denis Bérubé, PDG de Bois d'oeuvre Cedrico, une importante scierie de l'est du Québec qui exploite deux usines, à Price et à Causapscal, en Gaspésie.

Chute des prix de 50 %

Les copeaux de bois sont principalement achetés par les papetières, qui s'en servent pour fabriquer du papier. Or, à l'heure où la demande pour le papier journal est en constant déclin, et que les papetières doivent maintenant payer des droits antidumping sur le papier journal et non couché, les copeaux ne cessent de s'accumuler dans les cours des usines de sciage.

« Depuis trois ans, le prix des copeaux a chuté de 50 %. C'est une véritable crise et la situation peut difficilement s'améliorer parce que les papetières, où sont acheminés 90 % des copeaux, traversent des périodes difficiles qui risquent de perdurer », s'inquiète M. Marineau. Les 10 % des copeaux restants sont vendus à des fabricants de panneaux.

Le problème est encore plus préoccupant pour les scieries les plus éloignées des papetières qui, ayant moins besoin de copeaux, pour réduire leurs coûts, s'approvisionnent auprès d'usines de sciage à proximité. « Les plus importants stocks de copeaux se trouvent dans les régions du Nord-du-Québec, de l'Abitibi-Témiscamingue et de la Gaspésie », indique M. Marineau, en précisant que le Québec produit actuellement quatre millions de tonnes de copeaux annuellement, comparativement à six millions il y a plusieurs années.

Développer de nouveaux marchés

Pour remédier au problème, les scieries tentent de trouver de nouveaux marchés géographiques. « On a réussi à exporter des copeaux en Turquie, mais ce sont quand même de faibles volumes », indique M. Bérubé. Le Québec avait déjà expédié ses copeaux dans ce pays, qui les utilisent pour la fabrication de panneaux, « mais la crise politique de 2016 avait mis un frein aux exportations », souligne M. Marineau.

L'industrie compte aussi sur la filière des biocarburants. « On en parle depuis longtemps, mais il semble que des projets d'usine pourraient bientôt voir le jour », indique M. Marineau.

Enfin, les usines de sciage doivent aussi investir dans des équipements qui leur permettent d'utiliser davantage la bille de bois et ainsi produire moins de copeaux. Une bille qui entre dans une scierie en ressort à près de 50 % sous forme de résidus de sciage comme des copeaux, des sciures ou encore des écorces.

« Il faut raffiner encore plus nos méthodes de sciage, c'est la solution pour laquelle nous avons le plus de contrôle », affirme le PDG de Cedrico, qui compte d'ailleurs continuer à investir dans l'acquisition de nouveaux équipements technologiques pour moderniser son usine de sciage.

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