Du labo au bureau : les entreprises d'ici qui profitent déjà des avancées en IA

Offert par Les Affaires


Édition du 30 Septembre 2017

Du labo au bureau : les entreprises d'ici qui profitent déjà des avancées en IA

Offert par Les Affaires


Édition du 30 Septembre 2017

Par Alain McKenna

DOSSIER INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - On entend beaucoup parler d'intelligence artificielle (IA) et de robotisation, mais ces termes sont tellement vagues qu'ils font davantage penser à une oeuvre de science-fiction qu'à des applications concrètes dont les entreprises se servent au quotidien. Voici donc 10 entreprises qui prouvent que l'IA est bel et bien déjà parmi nous.

L’équipe d’Arima, à Québec, a développé ses premiers algorithme d’IA en 1994.

Arima
Le juste-à-temps à l'ère des algorithmes génétiques

L'expression «intelligence artificielle» a été popularisée ces trois dernières années, mais la technologie qu'elle incarne, elle, existe depuis plus d'une décennie. Les premiers algorithmes développés par Arima, qui se spécialise dans la gestion optimisée des chaînes de production, remontent à 1994. Ce n'est pas pour rien que son système figure parmi les plus poussés du genre...

«C'est un peu comme la gestion juste-à-temps, mais automatisée. Une nouvelle commande qui entre, un équipement qui se brise, peu importe, on peut tout réorganiser et créer un plan de production en quelques minutes, en fonction de l'équipement en place et des ressources accessibles», résume Jean-Pierre Fontaine, président et fondateur d'Arima, une entreprise d'une dizaine d'employés de Sainte-Foy, en banlieue de Québec.

La technologie d'Arima reproduit pour ainsi dire un processus de sélection naturelle : elle recrée un problème (par exemple, assembler 10 000 exemplaires d'un produit spécifique) par simulation des dizaines de milliers de fois, puis propose la solution qui s'avère la plus efficace. C'est ce que M. Fontaine appelle ses algorithmes génétiques. «Chaque composant de la chaîne est un chromosome pouvant varier en fonction d'une évolution qui tient compte de divers croisements.»

Résultat : les entreprises qui y recourent ont réduit leurs coûts de production de 10 à 20 % en moyenne, affirme Arima. Mieux : ça évite parfois de trop s'équiper, un détail important quand l'entreprise n'est pas une multinationale. Le marché des plus petites entreprises manufacturières est le prochain sur la liste de Jean-Pierre Fontaine, d'ailleurs. Arima développe présentement une version infonuagique de son système, qui pourra être «empruntée» par des PME et payée en conséquence, ce qui la rendra plus accessible à des clients éventuels établis au Québec ou ailleurs dans le monde.

«Avec l'engouement suscité par l'intelligence artificielle, on sent de l'intérêt dans beaucoup de secteurs», dit l'entrepreneur québécois, qui compte déjà des clients en France et en Nouvelle-Zélande.

En pouvant reconnaître l’émotion au visage des futurs pilotes, CAE peut adapter sa formation en conséquence... et en temps réel.

CAE
Pilotes émotifs ne pas s'abstenir...

Le géant montréalais de la formation en aérospatiale a créé des environnements de simulation qui permettent d'accélérer la formation des pilotes de ligne. Une pénurie anticipée sur ce plan met toutefois beaucoup de pression sur l'entreprise pour accélérer encore la cadence, chose que l'intelligence artificielle peut aider à accomplir en interprétant les émotions des futurs pilotes alors qu'ils sont en plein vol... virtuel.

Une des principales avancées informatiques des dernières années est l'interprétation des images, des visages et des émotions qu'on affiche. Facebook, un des leaders dans ce domaine, a même conçu un agent informatique capable de reproduire à peu près toutes les émotions humaines à partir de ce que ses algorithmes voient dans les images partagées sur son réseau social. Chez CAE, cette capacité pourrait aider à former de meilleurs pilotes, estime-t-on.

En adaptant la simulation de vol en fonction des réactions dans le simulateur, il est possible de créer des formations sur mesure qui amélioreront la compétence des futurs pilotes. On pourra donc former de meilleurs pilotes, plus rapidement. En attendant les avions entièrement automatisés...

Dialogue
Dialogue a conçu une plateforme de soins de santé sur mesure pour les entreprises.

Dialogue
Un médecin virtuel, c'est bien. Un médecin virtuel pour entreprises, c'est mieux !

On dit souvent qu'un travailleur en santé est un travailleur plus efficace. Cela dit, même la meilleure assurance ne permet pas d'éviter les salles d'attente et les délais du système de santé. La solution ? Un dispositif de santé virtuel, taillé sur mesure pour les entreprises qui ont la santé de leurs employés à coeur, comme celui développé par Dialogue.

Au début de l'été, la jeune pousse montréalaise a obtenu un financement de 4 millions de dollars de la part de la Banque de développement du Canada , entre autres. Dialogue comptait déjà Power Corp., McKinsey & Co. et BCF parmi ses soutiens, ce qui en dit long sur son potentiel. Avec cet argent en poche, l'entreprise pourra étendre son offre à l'Ontario, puis à l'ensemble du Canada.

À partir des données fournies par des professionnels de la santé, Dialogue a conçu une plateforme de soins sur mesure pour les entreprises, que leurs employés peuvent consulter sur-le-champ à l'aide d'un mobile. Une formule relativement abordable qui réduit la perte de productivité, d'une part, et qui fournit un service rapide aux gens qui en ont besoin, d'autre part.

«Dialogue représente l'avenir des soins de santé au Canada. Les patients n'ont plus à se déplacer pour se faire soigner. Ils obtiennent les soins où qu'ils se trouvent», explique Mark Dermer, un médecin qui a aidé Dialogue à créer son système.

Fuzzy.ai
Le cofondateur Fuzzy.ai Evan Prodromou et son équipe visent la vente en ligne par leurs « agents-IA ».

Fuzzy.ai
Laissez un robot vendre à votre place

On a souvent parlé du retard des entreprises canadiennes en matière de commerce électronique. Maintenant que des sociétés comme Shopify leur offrent des outils de création de sites transactionnels sur mesure relativement abordables, il ne reste plus qu'une chose à faire : vendre des produits aux internautes. C'est là que les robots-marchands de Fuzzy.ai entrent en scène.

L'entreprise montréalaise est encore toute petite, mais elle est en mode embauche. Au fil des prochains mois, elle devrait passer de 5 à 25 employés, qui auront le mandat d'aider les entreprises «à tricher dans leurs devoirs d'intelligence artificielle», comme le dit son cofondateur Evan Prodromou, à la blague. «Les systèmes d'apprentissage machine ont besoin d'une tonne de données pour être au point, ainsi que d'un grand nombre d'experts pour les diriger dans cette préparation. Ce que nous comptons créer, c'est un agent qui soit conçu à partir de quelques règles simples et dont la performance s'améliore avec l'expérience acquise.» On trouve déjà un tel agent chez Amazon, qui l'utilise évidemment sur sa propre plateforme. Pour avoir un outil comparable, une petite entreprise aurait besoin de bâtir sa propre expertise de vente en ligne, puis de l'utiliser afin d'entraîner l'agent à faire les bons gestes. Ce que Fuzzi.ai essaie d'accomplir, c'est de court-circuiter ce processus pour accélérer l'adoption de l'IA par les commerçants qui souhaiteraient avoir pignon sur Web. «Nous pourrions nous servir des données de fréquentation d'une banque et trouver le nombre optimal d'employés qu'il devrait y avoir sur le plancher à un moment donné», explique M. Prodromou. Un système qui permet, croit-il, de réduire les files d'attente et les coûts, ainsi que d'augmenter la satisfaction des employés. «Nos clients nous dictent les règles, les spécifications, et nous tentons d'atteindre leurs objectifs, quels qu'ils soient.»

Ça sonne comme la définition même de l'apprentissage machine, mais M. Prodromou et son équipe ont un domaine précis en tête : la vente en ligne. Ainsi, un agent pourrait être en mesure de prioriser puis de recommander les bons produits et d'en fixer le prix de la meilleure façon, afin d'accroître les chances de conclure une vente.

L'entreprise a obtenu du capital de risque de la part de 500 start-up, d'iNovia, de Real Ventures et d'Interaction Ventures.

Genetec
Grâce à l’IA, Genetec et les forces policières de certaines grandes villes américaines arrivent à prédire où auront lieu les prochains crimes.

Genetec
Aller au-delà de la simple surveillance vidéo

Pierre Racz, le PDG de la firme de surveillance Genetec, ne croit pas tellement à l'avènement de l'IA. Les voitures autonomes, les systèmes automatisés, très peu pour lui. «L'ordinateur est encore loin de l'humain, dit-il. Un ordinateur peut être le meilleur aux échecs, mais il ne sait même pas jouer aux dames !» Et pourtant, il peut aider à prédire et à enrayer le crime dans les grandes villes américaines...

À Chicago et à Détroit, Genetec travaille de concert avec les forces policières afin d'éliminer le crime avant même qu'il se produise. Comment ? En combinant une série de données qui vont de la météo aux horaires des événements sportifs, en passant par ce que font les gens en public. «Grâce à nos caméras, on peut par exemple savoir si des personnes se battent dans la rue», explique M. Racz. À partir de ces données, il devient possible de déployer des agents de sécurité aux bons endroits avant que le pire survienne. Résultat : dans ces deux villes, le taux de criminalité a baissé du jour au lendemain.

Cette capacité à interpréter le comportement des gens rehausse aussi la sécurité en entreprise. «Qu'un employé utilise sa carte d'accès pour aller dans la salle des serveurs, ça arrive. Qu'il le fasse un samedi soir à minuit, ça peut mériter l'attention de la sécurité», ajoute l'homme d'affaires montréalais.

Dans d'autres endroits, comme les aéroports, des algorithmes de reconnaissance d'image peuvent aider à améliorer le service à la clientèle. «Plus besoin d'envoyer un technicien pour confirmer qu'un escalier mobile est en panne. La caméra peut vous le dire. Même chose pour les files d'attente.» En repérant les situations anormales, un système automatisé peut alerter des agents au bon moment et, ainsi, corriger des situations qui nuisent au bon déroulement des choses.

Pas besoin de croire aux robots pour profiter des avancées de l'informatique...

Keatext
Keatext est à l’écoute de « la voix du client » sur les sites web des détaillants. Le cofondateur et CTO de l’entreprise, Charles-Olivier Cosimard, et la fondatrice et CEO, Narjès Boufaden.

Keatext
Le client a toujours raison, mais que veut-il au juste ?

Qu'ont en commun des entreprises comme BRP et Vidéotron ? Outre qu'elles ont toutes deux leur siège social au Québec, elles sont reconnues pour offrir un service à la clientèle irréprochable, ou presque. Leur truc ? Elles savent non seulement que le client a toujours raison, mais, grâce à l'IA de Keatext, elles savent aussi ce que le client veut vraiment quand il communique avec elles.

Keatext est une des jeunes pousses de l'heure dans la communauté montréalaise des start-up. Cet été, elle est revenue d'une prestigieuse présentation auprès de Google dans la Silicon Valley qui lui a permis de faire rayonner Montréal comme pôle crédible en intelligence artificielle.

Sa technologie est d'une simplicité désarmante : elle lit les commentaires laissés par des clients sur le site web des détaillants et en extrait le sentiment général, ainsi que la véritable intention. C'est ce que Keatext appelle «la voix du client».

«Quand les clients partagent leur expérience, ils ne font pas que se plaindre. Ils vous enseignent comment améliorer votre produit et votre entreprise», assure Tatiana Crisan, responsable du marketing numérique chez Keatext. Et en effet, il n'y a pas de meilleur moyen d'offrir de bons produits que de miser sur la réaction des clients pour les améliorer sans cesse...

mnubo
L’entreprise mnubo analyse les données des objets en vue de les transformer en objets encore plus « intelligents ».

mnubo
Objets connectés : d'une intelligence artificielle à une intelligence bien réelle

La mode étant aux appareils connectés pour la maison, très peu de fabricants résistent à la tentation d'ajouter une connexion Wi-Fi à leurs produits, pour ensuite permettre à leurs propriétaires d'en superviser l'état à distance. Cette connexion permanente ouvre la voie à une foule de nouvelles possibilités pour les fabricants qui sauront puiser dans les données générées par ces objets afin d'offrir de nouveaux produits et services. C'est là qu'une entreprise comme mnubo entre en scène.

L'entreprise montréalaise peut profiter de sa proximité avec l'Institut de valorisation des données (IVADO) et des universités de la métropole pour trouver les experts en gestion des données qui la démarquent de ses rivales. Surtout, ça permet d'offrir des outils d'analytique des mégadonnées sur mesure aux fabricants d'objets connectés qui ne savent pas trop quoi faire de toute cette information. Des systèmes de plomberie avant-gardistes aux climatiseurs intelligents, en passant par les ampoules et les thermostats connectés, tout est possible.

Depuis le printemps, mnubo travaille d'ailleurs avec des partenaires japonais en vue de développer une application pour l'ensemble de la maison connectée. «En Asie, on voit des maisons connectées bien plus innovatrices que ce qu'on a l'habitude de voir en Amérique du Nord», explique Frédéric Bastien, PDG de mnubo. «Nous comptons ainsi accroître la valeur potentielle du croisement des objets connectés, de l'apprentissage machine et de l'intelligence artificielle», ajoute-t-il.

Planbox
L’originalité du service de Planbox est d’utiliser une IA capable de reproduire une série d’idées sous forme de médiathèque, un peu à la façon de Netflix.

Planbox
Quand l'IA participe aux séances de remue-méninges...

Que font des sociétés comme SSQ, PwC et la Great West quand elles doivent innover ? Elles regroupent plusieurs personnes dans une salle et font une réunion de remue-méninges. Les participants changent d'une rencontre à une autre, mais une invitée de taille est toujours présente : l'intelligence artificielle de Planbox, un développeur de logiciels montréalais spécialisé dans les outils de développement d'affaires.

«Pour innover, l'important est d'avoir la bonne idée au bon moment, explique Ludwig Melik, chef de la direction de Planbox. Et avec la quantité d'information qui existe déjà sur tous les sujets, trouver cette bonne idée n'est pas facile. Nous avons donc développé des algorithmes qui font le tri dans toute cette information et qui la présentent de façon utile et visuelle.»

Ce qui distingue la solution de Planbox d'un moteur de recherche comme Google ? La façon dont sont livrées les données et l'étendue de ces dernières. À partir de quelques mots clés, on peut bâtir une «médiathèque visuelle d'idées qui pourraient intéresser l'utilisateur». Son apparence n'est pas sans rappeler le service vidéo de Netflix, mais son contenu est tout autre : on y trouve de l'info à propos de projets axés sur l'idée ou l'innovation recherchée, des suggestions de modèles d'entreprise, des sources de financement qui pourraient être intéressées à collaborer, etc.

«C'est l'équivalent d'un logiciel de gestion du service client comme ceux qui existent depuis 10 ans, mais appliqué à l'innovation. Aujourd'hui, pour une entreprise qui désire innover, ça prend un système d'enregistrement et d'archivage des idées», résume M. Melik. Et l'effet semble le même qu'avec les logiciels. Ceux-ci accélèrent les processus d'affaires permettant de se concentrer sur la relation avec les clients, ceux-là devraient accélérer la mise en chantier d'une idée, puis la transformer en projet en un instant à peine.

Shutterstock
L’entreprise Shutterstock a son siège social à New York (notre photo), mais une bonne partie de son exploitation se fait à Montréal.

Shutterstock
La guerre des robots est une guerre d'images

La populaire banque d'images Shutterstock a son siège social à New York, mais une bonne partie de son exploitation se fait à Montréal, où elle compte un peu plus de 70 employés. Et si ceux-ci sont occupés à créer de superbes images qu'achèteront des clients éventuels, des algorithmes développés conjointement avec Google lui permettent de protéger ces clichés du piratage et de la contrefaçon.

En juin, une équipe de chercheurs en apprentissage machine de Google a découvert un moyen extrêmement simple d'automatiser l'effaçage des filigranes qui protègent les photos numériques contre leur utilisation sans la permission de l'auteur. Google, dont la devise est «ne faire aucun tort», a donc approché Shutterstock afin de trouver une solution à ce problème : des filigranes aléatoires, disposés à des endroits différents d'une image à une autre.

Problème réglé. Mais quand l'image deviendra une composante majeure de l'IA, de nouveaux problèmes surgiront. Par exemple, des gens malicieux pourraient truquer des photos pour induire des systèmes automatisés en erreur. À qui incombera la tâche de prévenir ces manipulations d'images illicites ? À une IA qui sera peut-être développée par Shutterstock. En effet, celle-ci a décidé de prendre les devants afin de protéger ses images des menaces actuelles et futures. S'il y a un jour une guerre des robots, il semble que ce sera d'abord une guerre d'images...

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