«Cessez de nous donner des coups de pied et valorisez-nous», lance l'industrie minière à Marois

Publié le 13/03/2013 à 20:45, mis à jour le 13/03/2013 à 21:21

«Cessez de nous donner des coups de pied et valorisez-nous», lance l'industrie minière à Marois

Publié le 13/03/2013 à 20:45, mis à jour le 13/03/2013 à 21:21

Par Suzanne Dansereau

L’industrie avait même invité à sa tribune le pdg de la multinationale Goldcorp, de Vancouver. Goldcorp est en train de bâtir le prochain plus gros projet minier au Québec : la mine d’or Eleonore, située à la Baie-James.

Chuck Jeannes a dit aux participants que les profits d'Eleonore, qui ont déjà baissé de 250M$ avec les modifications du gouvernement Charest, vont encore diminuer d'un demi milliard de dollars avec la formule Marois (celle proposée en campagne électorale). « Cela n’incitera pas Goldcorp à fermer sa mine, a—t-il expliqué, mais c’est de l’argent qu’elle ne dépensera pas pour poursuivre l’exploration et rallonger la durée de vie de la mine».

Il a ajouté que les marges bénéficiaires des producteurs d’or étaient surestimées parce qu’on a l’habitude de ne compter que les coûts de production –lesquels ont augmenté de 16% par année depuis le boom soit dit-en passant – alors que d’autres coûts s’ajoutent ( entretien, de transport, etc) à la facture totale. Sans profits suffisants aux yeux de l’industrie, il n’y aura pas d’investissement pour bâtir d’autres mines, a-t-il plaidé. «Ne tuez pas le prochain Eleonore».

Assiette fiscale

Deux experts ont expliqué que le gouvernement doit laisser l’assiette fiscale à partager avec les minières à un niveau ne dépassant pas 40% des profits, s’il souhaite garder des investisseurs ou en attirer d’autres au Québec. C’est déjà difficile de le faire compte tenu des faibles teneurs de nos gisements et de la petite taille des mines.

Christian Provencher, vice-président de Agnico-Eagle, a estimé de son côté que certaines de ses mines au Québec n’auraient pas été construites avec le régime proposé et qu’elles fermeront plus tôt que prévu. Agnico-Eagle a investi à ce jour 3,2 G$ en Abitibi.

Les minières québécoises rejettent le système ad valorem parce qu’il a pour effet de réduire la quantité de réserves économiquement exploitables dans un gisement. Ce régime va faire très mal aux petites mines et aux petites teneurs, bref à plus de la moitié des mines au Québec, ont-ils plaidé. Quant au régime taxant les surprofits, il ignore la nature cyclique de l’industrie, a plaidé de son côté le pdg de Goldcorp.

Chez les Agnico-Eagle, Goldcorp, Arcelor Mittal, où l’entreprise a le choix d’investir ses profits dans des gisements moins chers à exploiter ailleurs, les porte-paroles ont signalé que l’intérêt de leur maison-mère envers la juridiction québécoise faiblissait à vue d’œil.

Le gouvernement Marois a promis de décider rapidement ce que sera son nouveau régime après avoir entendu le forum du 15 mars.

Les minières réclament publiquement le statu quo, mais officieusement, elles espèrent qu’on ne fera que changer «quatre trente sous pour une piastre», c’est-à-dire qu’on haussera les redevances pour sauver la face, mais qu’on fera des aménagements ailleurs (dans les déductions, par exemple, ou les exemptions) pour compenser la perte.

Mais dans tous les cas, l’incertitude aura été bien nuisible, car les investisseurs ont déjà commencé à délaisser le Québec, ont indiqué plusieurs dirigeants de sociétés d’exploration.

«Arrangez-vous pour créer un climat d’investissement favorable». Tel est le souhait final de Bryan Coates.

 

 

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