Des administrateurs bien formés joueront mieux leur rôle stratégique auprès d’une entreprise. Mais à quelles portes cogner pour parfaire ses compétences en gouvernance ?
« Il reste des lacunes à combler en gouvernance », estime Michel Nadeau, directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organismes publics et privés (IGOPP).
Les administrateurs ne se limitent plus à la conformité ou à l’approbation d’états financiers, mais jouent désormais un rôle stratégique important. « Ils développent la vision, l’orientation stratégique de l’entreprise et en assurent le suivi », poursuit Michel Nadeau.
Ce rôle stratégique est assumé par des conseils d’administration ou encore, notamment dans les PME, par un comité consultatif. Les personnes choisies doivent comprendre leur rôle et parfaire certaines de leurs connaissances pour maximiser leur contribution.
Heureusement, certains organismes aident les entrepreneurs et leurs administrateurs et conseillers. L’IGOPP tient des formations axées sur cinq thèmes de base : constituer un CA, son rôle stratégique, faire un bon suivi en tant qu’administrateur, les responsabilités légales des administrateurs et le choix d’un bon DG ou PDG. D’autres thèmes peuvent être abordés dans des formations sur mesure, comme les finances de l’entreprise, être un bon président de CA, etc.
L’Institut des administrateurs de société (IAS) offre le Programme de perfectionnement des administrateurs, lequel mène au titre IAS.A. On peut aussi se diriger du côté du Collège des administrateurs et de son Programme de certification universitaire en gouvernance de sociétés, lequel mène à la désignation ASC (Administrateur de société certifié). Les administrateurs ASC ont accès aux formations du programme de perfectionnement du Réseau ASC, portant sur des thèmes comme l’innovation, les réseaux sociaux ou la cybersécurité. Le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec réserve sa formation Administrateurs de la relève aux moins de 40 ans.
Littératie technologique
L’évolution des nouvelles technologies crée par ailleurs une forte demande de formation chez les administrateurs. « Cet été, notre atelier le plus couru a été celui sur l’intelligence artificielle », note Sophie-Emmanuelle Chebin, associée d’Arsenal Conseils, une firme spécialisée en gouvernance.
L’évolution technologique pose tout d’abord la question des risques et de la cybersécurité. Mais elle peut aussi avoir une grande importance pour les opportunités de croissance de l’entreprise, voire pour sa survie. La mode est aux modèles d’affaires disrupteurs, qui peuvent fragiliser une entreprise rapidement. On n’a qu’à regarder l’impact d’Airbnb sur l’hôtellerie, d’Uber et Lyft sur le taxi ou des conseillers robots sur le conseil financier pour le comprendre.
Les administrateurs ont donc tout intérêt à parfaire leurs connaissances des évolutions technologiques comme les méga données, l’intelligence artificielle, l’infonuagique et autres réalité virtuelle. « L’idée n’est pas d’en faire des experts, mais de s’assurer qu’ils en savent assez pour poser les bonnes questions aux dirigeants, pour évaluer l’impact des nouvelles technologies sur leurs clients, leurs fournisseurs, leur gestion de risque ou leur modèle d’affaires », explique Sophie-Emmanuelle Chebin.
Pour y arriver, les administrateurs peuvent s’adjoindre un membre versé dans ces sujets, mais aussi suivre des formations offertes par des consultants comme Arsenal ou des firmes comme KPMG, ou encore à l’IAS ou au Collège des administrateurs. « L’important est qu’ils prennent les moyens pour augmenter leur littératie technologique, afin de bien jouer leur rôle », conclut la consultante.
