En mode agile ou cascade ?


Édition du 25 Août 2018

En mode agile ou cascade ?


Édition du 25 Août 2018

La ­Banque ­Nationale a adopté la philosophie agile pour permettre aux employés d’exploiter leur potentiel et de placer ses clients au cœur de ses projets. [Photo : Stéphane Brügger]

Pour se synchroniser avec les besoins des consommateurs qui évoluent à la vitesse de la fibre optique, la Banque Nationale a non seulement transformé la culture d'entreprise, mais a également modifié, il y a deux ans, ses méthodes de livraison de projet.

« Nous nous sommes sentis en décalage par rapport à la manière dont les clients consomment les services financiers, qui change rapidement actuellement. Les banques doivent s'adapter, que ce soit en matière de solutions numériques de plus en plus présentes ou de fintech (technologie financière) », explique Wilfrid Merlet, leader en transformation, innovation et opérations.

Afin de mettre le client au coeur de leurs projets, les banques ont implanté la méthode de livraison agile. C'est-à-dire qu'elles déploient leurs solutions numériques en plusieurs étapes pour obtenir une rétroaction des consommateurs et des employés, et s'adapter ainsi à mesure que les projets avancent.

« Cette façon de faire nous a aussi permis de raccourcir nos cycles de développement », souligne M. Merlet. Au lieu de livrer un produit en cascade (clé en main) entre 12 et 18 mois, les équipes lancent une première solution en six mois pour prendre le pouls des utilisateurs avant de poursuivre.

Si l'agile est adéquat pour 60 % des cas, la méthode cascade demeure tout de même nécessaire, notamment pour les projets réglementaires, où les besoins sont définis à l'avance, et ceux qui dépendent de technologies plus anciennes. « Toutes les données de nos clients et employés sont intégrées dans une immense base de données, dont l'infrastructure beaucoup moins flexible est difficile à faire évoluer », précise M. Merlet.

L'agilité, cette incomprise

Des mots tendance, il n'en manque pas en gestion de projet. Le même terme peut posséder plusieurs définitions ou être incompris par la majorité. Comme « agilité ». « Ça part dans tous les sens, et les gens ne savent pas de quoi ils parlent et s'improvisent "agilistes" », déplore Frédéric Moreau, fondateur de Pöl Digital, une agence-conseil pour laquelle il est coach et formateur en agilité organisationnelle.

Alors qu'est-ce que l'agilité ? Deux choses : « faire agile » et « être agile ». La première est une méthode de livraison pour le développement informatique, comme les solutions numériques de la Banque Nationale. « Les besoins des clients sont imprécis : quantité d'information sur leurs transactions, manière de visualiser ces données, outils pour prendre leurs décisions financières, etc. Des incertitudes qui se prêtent bien à l'agilité », note M. Merlet.

La deuxième est une philosophie qui, elle, peut s'appliquer à n'importe quel domaine. L'entreprise emprunte alors les principes de livraison agile pour l'intégrer à sa culture. « C'est la capacité d'une personne ou organisation à anticiper les changements autour de soi, à s'ajuster à ces changements de façon dynamique, avec un but commun et un sens partagé par tous », dit M. Moreau.

La Banque Nationale a d'ailleurs adopté la philosophie agile pour permettre aux employés d'exploiter leur potentiel. « Avec le développement de nouveaux métiers, notamment en intelligence artificielle, nous devons innover dans nos pratiques de gestion pour attirer les millénaux », explique Manon St-Pierre, vice-présidente des ressources humaines de la banque.

Des méthodes qui se croisent

Tous les spécialistes de ce dossier s'entendent pour dire qu'une gestion de projet efficace, c'est celle qui est faite sur mesure. « Aucune n'est infaillible : elles ont toutes leur rôle distinct. On cherche donc le meilleur des mondes », indique Sylvie Leduc, conseillère en gestion de projet et experte des méthodes cascade et agile.

L'idée consiste à construire sa propre recette selon le contexte, en considérant le degré d'incertitude, les besoins technologiques et techniques, le budget, l'échéancier, la portée...

Par exemple, les jalons réglementaires en finance qui doivent passer par le gouvernement peuvent difficilement être livrés autrement qu'en cascade. « Les signatures, les contrats, les vérifications, etc. doivent être réalisés en amont, sans défaire la roue de l'autre, illustre Mme Leduc, spécialisée dans le domaine de la finance. On peut toutefois intégrer le mode agile si certaines composantes du même projet ont peu d'impact sur le volet réglementaire. »

Avant toute chose, c'est la maturité de l'organisation qui doit être évaluée. « Si une entreprise n'a aucune culture en gestion de projet, on part de très loin », souligne Henri-Jean Bonnis, qui gère depuis 2010 des projets informatiques de plusieurs millions de dollars en mode de livraison agile. Il est également président du conseil d'administration du PMI-Montréal, qui offre l'OPM3, un outil qui permet d'analyser la maturité d'une entreprise en gestion organisationnelle de projets.

Selon M. Bonnis, le défi d'aujourd'hui est « de faire de l'éducation et de remettre les choses aux bonnes places, pour que les dirigeants d'entreprises soient capables de s'équiper à l'interne. »

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