Le marché canadien des fusions et acquisitions bat des records

Offert par Les Affaires


Édition du 02 Juin 2018

Le marché canadien des fusions et acquisitions bat des records

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Édition du 02 Juin 2018

« ­Le marché du cannabis thérapeutique vivra une assez forte consolidation », selon Philip ­Seagal, analyste à ­Mergermarket. [Photo : Getty Images]

Croissance économique mondiale stable, confiance des entreprises, départ à la retraite des baby-boomers, coût faible du financement : tous les ingrédients semblent réunis pour que 2018 soit un bon millésime en matière de F&A. Les Affaires dresse un état des lieux du marché québécois et vous parle des dessous de deux transactions importantes.

« En matière de volume de transactions, 2017 a été l'année la plus faste depuis cinq ans, avec pas moins de 2 274 fusions et acquisitions (F&A) contre 1 956 l'an dernier », lance Christine Pouliot, associée, Transactions, Bureau de Montréal et directrice générale, Vente, acquisition et financement d'entreprises chez PwC. Le cabinet comptabilise les transactions de plus d'un million de dollars américains.

Le Canada suit en cela une tendance mondiale. Selon Thomson Reuters, 2017 a battu tous les records, ayant enregistré plus de 50 000 transactions, pour une valeur totale de 3 500 milliards de dollars américains. Parmi ces emplettes, on note l'achat de 21st Century Fox par Disney (qui reste à conclure), pour plus de 50 G $ US, et celui de Level 3 par CenturyLink pour 34 G $ US.

Au Québec, l'achat du Groupe Jean Coutu par Metro pour 4,5 G $ a retenu l'attention. L'acquisition de GSE par Solmax a aussi été remarquée. Grâce à cet achat, Solmax devient le numéro un dans son industrie.

Au Canada, la plus grosse transaction a été l'acquisition, par Cenovus Energy, des 50 % de parts de FCCL détenues par ConocoPhillips (17,7 G $). D'ailleurs, les cinq plus importantes transactions ont été dans le secteur de l'énergie. Au total, on dénombre 129 F&A d'une valeur de plus de 5 M $ US dans le secteur énergie, mines et services publics, pour une valeur totale de 46,5 G $ US, selon Mergermarket. Les technologies pointent au deuxième rang, avec 88 F&A de plus de 5 M $ US, pour une valeur de 5,9 G $ US.

Pas moins de 60 % des transactions ont vu un joueur canadien acheter une entreprise américaine, l'un des niveaux les plus élevés depuis 2008. Signe que le protectionnisme trumpien, les incertitudes au sujet de l'ALÉNA, la réforme fiscale américaine et la faiblesse du dollar canadien n'ont pas altéré l'appétit pour les transactions transfrontalières.

Christine ­Pouliot, Associée, ­Transactions, ­Bureau de ­Montréal et directrice générale, ­Vente, acquisition et financement d’entreprises chez ­PwC

Contexte favorable

Il faut dire que bien des conditions économiques, financières et même démographiques stimulent le marché des F&A au Canada. « Les taux d'intérêt restent assez bas, l'accès au crédit est facile, les banques et les fonds d'investissement détiennent beaucoup de capitaux et la confiance en l'économie est forte », énumère Mme Pouliot.

L'évaluation des entreprises demeure très élevée, le contexte est favorable à la vente et plusieurs entrepreneurs arrivent en fin de carrière et doivent transférer leur entreprise. Un autre facteur est cependant déterminant : la numérisation de l'ensemble des industries. Le volume des transactions dans le secteur des technologies a augmenté de 34 % en 2017 par rapport à 2016.

Ce marché ne se limite pas à des sociétés technologiques qui s'achètent entre elles. Des entreprises de secteurs aussi divers que ceux des services financiers, de l'immobilier, du transport et de la logistique, du commerce de détail ou des soins de santé acquièrent des entreprises technologiques afin de mettre leurs innovations au service de leur croissance.

Ce que nous réserve 2018

Elizabeth Lim, analyste principale à Mergermarket, ne prévoit pas de grands bouleversements pour le marché de F&A canadien en 2018. Bien sûr, les entreprises et ceux qui les financent craignent l'incertitude, et le contexte politique actuel en regorge. Les négociations autour de l'ALÉNA, les menaces de guerres de tarifs avec la Chine et même l'Europe ou le retrait des États-Unis de l'accord sur le nucléaire avec l'Iran pourraient refroidir les ardeurs.

Cependant, le Canada ne sera pas nécessairement victime de ces soubresauts. « Il ne court pas grand risque d'être négativement affecté par tout cela pour l'instant, croit-elle. C'est un pays ami des États-Unis, pas du tout perçu comme un adversaire. Les négociations autour de l'ALÉNA devraient se régler. Les États-Unis ont annoncé que le Canada serait exempté de la plupart des tarifs qu'ils menacent d'imposer à d'autres pays. Je doute que la valeur des transactions s'effondre. »

Si la technologie continue d'être un vecteur important des F&A, un autre marché devrait y contribuer en 2018, selon son collègue chez Mergermarket, l'analyste Philip Seagal. « Le marché du cannabis thérapeutique vivra une assez forte consolidation, comme le montre le premier trimestre de 2018, dit-il. Déjà, on a vu cinq transactions, dont l'acquisition de CanniMed Therapeutics par Aurora Cannabis (1,1 M $). »

Un récent sondage de PwC révèle que 44 % des chefs de direction d'entreprises canadiennes prévoient des activités de F&A au cours de la prochaine année. Aux États-Unis, ce chiffre grimpe à 69 %. « Mondialement, beaucoup de noms importants circulent et l'année 2018 devrait nous réserver quelques transactions majeures, comme le montre l'annonce de l'achat de Shire par Takeda Pharmaceutical Co. pour plus de 60 G $ US », conclut Mme Pouliot.

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