Chauffer les mines avec des résidus forestiers

Publié le 26/05/2014 à 10:54

Chauffer les mines avec des résidus forestiers

Publié le 26/05/2014 à 10:54

Par Benoîte Labrosse

Si le spectre d’une pénurie de propane revient planer sur l’Abitibi-Témiscamingue, Hécla Québec devrait pouvoir continuer d’extraire de l’or de sa mine Casa Berardi (au nord de La Sarre) grâce à son nouveau système de préchauffage de l’air à la biomasse forestière.

Deux générateurs alimentés par la combustion de résidus forestiers doivent en effet y entrer en fonction cet automne. « À terme, avec 9 générateurs, nous supposons que nous serons capables de remplacer 4,5 MW d’énergie produite à partir du propane par l’équivalent produit par la combustion d’environ 6 000 tonnes métriques vertes (non séchées) de résidus d’opérations forestières », résume Christian Léveillé, directeur général de Norforce Énergie, née d’une alliance entre Métal Marquis et la Coopérative forestière St-Dominique.

Le projet de Norforce, qui devrait permettre à Hecla Québec d’économiser 2,5 millions de litres de propane et d’émettre environ 2 700 tonnes de gaz à effet de serre de moins chaque année, est une première nord-américaine. Une économie considérable. La facture de chauffage à la mine Casa Berardi peut s’élever à 20 000 $ par jour lors des périodes de grand froid.

Les générateurs devraient être en mesure de combler 80 % des besoins de préchauffage de l’air qui entre dans la mine. Du moins jusqu’à ce que la température extérieure dépasse -15 °C. « On vise à aller chercher le minimum d’investissements pour couvrir le maximum de journées, précise M. Léveillé. Le chauffage à la biomasse demande beaucoup plus d’équipement que celui au propane. »

L’équipement en question consiste en une adaptation d’une technologie finlandaise utilisée pour sécher des céréales. « Quand ils sont venus voir nos installations, les fournisseurs n’en revenaient pas de voir la quantité et la qualité de notre combustible, souligne Christian Léveillé. Ils nous ont dit que leurs machines pourraient peut-être fournir 110 % ou 120 % de l’énergie prévue. »

C’est l’une des hypothèses à valider au cours de la phase de test qui débutera dès l’arrivée de l’équipement voyageant actuellement entre la Scandinavie et le port de Montréal.

Un leg de 3 millions de dollars à la communauté

Débuté il y a sept ans, le projet de Norforce Énergie représente un investissement total d’environ 3 M$, dont 1,1 M$ d’aide financière non remboursable obtenue par l’entremise du ministère des Ressources naturelles et du Bureau d’efficacité et d’innovation énergétiques. « Le reste est constitué de prêts, entre autres par la Caisse d’économie solidaire Desjardins et Investissement Québec, ainsi que du 10 % de mise de fonds du client », détaille Christian Léveillé.

En signant un contrat de 10 ans, Hécla Québec a donné à Norforce la marge de manœuvre nécessaire pour développer la nouvelle technologie dont il sera également opérateur et gestionnaire. « Nous avons besoin du projet de Casa Berardi pour pouvoir lancer nos opérations et développer notre expertise, souligne le directeur de Norforce, tandis qu’Hécla laisse un legs à la communauté. »

Un projet qui fait des petits

L’idée commence déjà à faire des petits : Norforce planche sur des projets avec deux autres sociétés minières, tout en travaillant à l’implantation de son futur centre de conditionnement et de transformation de la biomasse près de La Sarre. Dans un horizon de 0-5 ans, l’entreprise vise d’y produire de la plaquette forestière à partir de tiges considérées comme non-commerciales. À long terme, la transformation en combustible des branches et les cimes d’arbres est envisagée.

L’utilisation de cette technologie permettra à Casa Berardi d’améliorer son bilan carbone et de repasser au-dessous de la limite de déclaration obligatoire des gaz à effet de serre. Elle ouvrira aussi à Norforce un nouveau marché, celui des cendres de biomasse, qui pourront être utilisées pour neutraliser certaines haldes à roches stériles ou employées comme fertilisants.

Une autre des avenues qui restent à explorer est la cogénération de chauffage et d’électricité, qui pourrait s’avérer très utile en territoire éloigné. Surtout que la technologie de Norforce est entièrement conteneurisée et ne nécessite aucune fondation. « C’est un peu comme des blocs Lego, illustre Christian Léveillée. Ça se monte en quelques heures et ça ne prend qu’un terrain gravelé. Puis, quand les opérations cessent, nos installations sont entièrement démontables et exportables sur un autre site sans besoin de réhabilitation. »

Dans le futur, l’équipement pourrait même effectuer un retour aux sources temporaire. « Le chauffage dans les mines ne dure de six à huit mois par an, fait remarquer le dg de Norforce. Il y a beaucoup de travail à faire dans les prochaines années pour développer des technologies qui permettraient d’utiliser nos équipements dans le domaine agricole durant les quatre à six autres mois. »

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