Matagami, le brouillard perpétuel

Offert par Les Affaires


Édition du 10 Octobre 2015

Matagami, le brouillard perpétuel

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Édition du 10 Octobre 2015

Mine Glencore est activement à la recherche d’une mine qui puisse prendre le relais pour les 330 travailleurs qu’elle emploie à Matagami.

Quand on descend la rampe d’accès vers la mine Bracemac-McLeod, à Matagami, on se retrouve, sur quelques dizaines de mètres, plongé dans un épais brouillard. C’est là que se rencontrent l’air chaud qui remonte du fond de la mine et l’air frais de l’extérieur. Mais on pénètre du même coup dans un autre brouillard : celui dans lequel progresse à tâtons la ville de Matagami elle-même depuis 25 ans.

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En effet, depuis la fermeture de la mine fondatrice de Mattagami Lake par Noranda en 1988, cette ville passée de 4500 à 1500 habitants vit de sursis en sursis, aucune autre mine n’ayant jamais plus dépassé les 10 ans d’existence. Pas moins de 11 exploitations se sont succédé depuis. La dernière en date, la mine Bracemac-McLeod, ne fait pas exception : entrée en production en 2013, elle a juste assez de réserves pour se rendre en 2018. Or, on n’a toujours pas découvert la treizième mine.

À moins que Glencore, propriétaire de la mine depuis la fusion avec Xstrata en 2013, ne pousse l’exploration encore plus profondément, ne serait-ce que pour gagner du temps. C’est là tout l’intérêt de la zone McLeod Deep, une lentille de zinc distincte qui s’étend de 930 à 1490 mètres en profondeur. Elle pourrait prolonger la durée de vie de la mine de quatre ans, soit jusqu’en 2022. Et ainsi éviter le psychodrame de 2004, lorsque la mine Bell-Allard avait fermé avant que la mine Persévérance ne soit lancée.

Mais rien n’est garanti. « Au prix que Glencore prévoit sur le long terme, McLeod Deep est économique », estime François Pronovost, chef ingénieur. « Mais c’est sûr que si demain le zinc tombe à 0,35, ça change complètement la donne. » La livre de zinc est descendue à son plus bas cette année à 0,72, en chute libre depuis sa brève remontée à 1,09 en mai 2015.

Au moins, M. Pronovost peut se féliciter que le délai entre l’épuisement des réserves à McLeod, prévu pour 2018, et le début de l’exploitation à McLeod Deep ait « fondu » avec le temps. « On parlait d’un an avec une production à zéro », rappelle-t-il. « Maintenant, on parle de deux mois à 80 % de notre capacité. »

Glencore, qui traverse par ailleurs une crise sans précédent, n’est pas encore convaincue de la rentabilité du projet. « C’est un gisement malheureusement assez marginal, quand on regarde le coût », estime Brad Ryder, affaires corporatives chez Glencore. « Et plus c’est profond, plus c’est cher. »

Le géant suisse est néanmoins activement à la recherche d’une mine qui puisse prendre le relais pour les 330 travailleurs qu’elle emploie à Matagami, incluant les contractants.

« Notre équipe d’exploration travaille sur l’un des rares projets d’exploration de zinc dans le monde », dit M. Ryder. « Évidemment, il n’y a pas beaucoup de ressources qui sont mises en exploration étant donné la situation mondiale. Mais ce qui rend Matagami spéciale, c’est qu’il y a déjà un concentrateur, des infrastructures, des gens, des routes. C’est ce qui fait qu’on va mettre les ressources là plutôt qu’en exploration hors chantier. La meilleure place pour une nouvelle mine, c’est à coté d’une vieille mine. »

Glencore dit avoir déployé autour de Matagami « l’une des plus grosses campagnes de forage au Québec actuellement ». « On fore entre 40 000 et 45 000 mètres par an avec 3 ou 4 foreuses, et on dépense 3 ou 4 millions », dit M. Ryder.

Bracemac McLeod a produit près de 74 800 tonnes de concentré de zinc en 2014, ainsi que du cuivre et de l’argent. Ses réserves se limitent à 2,7 millions de tonnes à 6,3 % de zinc.

Pour sa part, Glencore traverse une crise inédite depuis son introduction en bourse en 2011, suite à la divulgation de sa dette, lourde de 30 milliards. Son action a chuté de près de 30 % à la bourse de Londres le 28 septembre dernier, puis de 28 % à Hong Kong le lendemain.

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