«Il faut choisir son employeur en fonction de sa culture d'entreprise»

Offert par Les Affaires


Édition du 22 Mars 2014

«Il faut choisir son employeur en fonction de sa culture d'entreprise»

Offert par Les Affaires


Édition du 22 Mars 2014

Par Les Affaires

La place des femmes sur le marché du travail est toujours d'actualité, et je dirais même qu'elle l'est encore plus aujourd'hui, vu notre économie changeante. D'entrée de jeu, je crois que la présence féminine est d'une grande importance pour assurer la prospérité de toute entreprise.

Dans les conférences que j'anime, il m'arrive souvent de dire aux femmes plus jeunes que moi qu'il est essentiel d'avoir autant d'ambition dans sa vie personnelle que dans sa vie professionnelle. Sur le marché du travail, on peut choisir un employeur en fonction de sa culture d'entreprise. De là l'importance, pour les organisations, d'adopter une approche flexible et attentive. Par exemple, chez Cossette, des mesures ont été mises en place pour faciliter la vie de celles (et de ceux, bien sûr) qui ont une jeune famille. La politique d'horaire responsable et la semaine de quatre jours en font partie. Le monde de la pub ne correspond plus à l'époque machiste de Mad Men ; à preuve, le comité de direction de Cossette au Québec est majoritairement féminin (huit femmes et cinq hommes).

Je pense que les organisations ont le devoir d'établir des conditions gagnantes pour maximiser leurs ressources, hommes ou femmes, et pour créer de la richesse. Nous devons faire preuve de proactivité dans nos stratégies et, en tant que femmes au pouvoir, contribuer à influencer notre culture organisationnelle pour contrer le plafond de verre. La nouvelle réalité du travail permet aux femmes de se démarquer, et les entreprises doivent emboîter le pas pour changer la donne. Ainsi, l'agilité, la flexibilité et la capacité à gérer le risque sont des qualités de plus en plus recherchées, et pour lesquelles les femmes se démarquent considérablement.

Réunir les meilleurs talents autour d'un projet

Dans un monde en changement, notamment celui dans lequel j'évolue, le modèle de réussite individuelle, souvent valorisé chez les hommes, n'est plus envisageable. L'ère du travail en vase clos, chacun pour soi, est révolue. L'agilité organisationnelle consiste à réunir les meilleurs talents autour d'un projet pour lequel tous devront travailler en équipe, du début à la fin, sans égard à la hiérarchie. C'est un modèle dans lequel la femme trouve sa place. Cela permet non seulement de constituer des équipes gagnantes et d'améliorer le produit final, mais de mettre en lumière des qualités de leadership insoupçonnées.

L'agilité entraîne inévitablement la coopération. Puisque la réussite personnelle n'est plus une fin en soi, il faut désormais changer son schème de pensée et cesser de se méfier de ses collègues. Il faut aller vers les autres, avoir l'esprit ouvert et, surtout, faire confiance. Non, ce n'est pas une mince affaire, mais, si ce principe est valorisé par les dirigeants de l'entreprise, les employés y puiseront leur inspiration, et le climat de travail en sera amélioré.

La coopération est une qualité souvent innée chez les femmes. Celles-ci devant mener de front de nombreuses tâches professionnelles et familiales, elles savent qu'elles ne peuvent tout accomplir seules et qu'elles ont besoin d'aide, de la part tant de leur conjoint, de leur entourage que de leurs collègues, et ce, même dans un environnement de travail hautement concurrentiel. La coopération, c'est aussi une façon de partager le risque et de profiter du succès ensemble. C'est pouvoir tirer profit des expériences respectives pour prendre des décisions plus éclairées. Mais attention, la coopération ne se limite pas aux collègues : elle est également souhaitable avec les fournisseurs, les clients et même la concurrence.

Devenons des agentes de changement

C'est en faisant preuve d'agilité et d'esprit de collaboration qu'on peut recruter de nouveaux talents. Le règne des descriptions de tâches est terminé. Il faut savoir former des équipes multidisciplinaires au sein desquelles les membres ont des intérêts variés, au travail comme à la maison. La flexibilité et la capacité de gérer plusieurs tâches sont des qualités recherchées et, avouons-le, les femmes ont une longueur d'avance sur ce point. Bien sûr, lorsqu'on embauche, la gestion du risque est toujours à prendre en considération. Si une femme prend un congé de maternité d'un an, est-elle quand même la meilleure ressource pour exécuter les fonctions ? Et si elle doit partir à 17 heures chaque jour pour aller chercher ses enfants, est-ce encore le cas ? Si la réponse est affirmative, alors il ne faut pas hésiter un instant à l'embaucher.

Je terminerais en rappelant aux femmes que nous devons nous-mêmes prendre notre place. N'attendons pas l'atteinte de quotas ou l'adoption de nouvelles lois, devenons des agentes de changement. Ayons confiance en nos capacités et valorisons nos bons coups : au final, tout employé est engagé pour son savoir-faire. Soyons vraies ; ne tentons pas d'agir comme des hommes. Exprimons nos opinions et besoins et, surtout, ne faisons aucun compromis : notre titre, nos responsabilités et notre salaire doivent être à la hauteur de ce que nous sommes.

Mélanie Dunn possède près de 20 ans d'expérience en gestion et en communication marketing. Elle est présidente de Cossette au Québec, ainsi que présidente du conseil de Vision7 au Québec et membre de l'équipe exécutive de Vision7 International.

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Entreprendre au féminin
Dans cette grande série, qui paraît toutes les deux semaines, nous vous présentons le parcours d'entrepreneures de tous horizons, nous examinons des enjeux liés à l'entrepreneuriat féminin, et nous donnons la parole à de grandes personnalités féminines du milieu des affaires québécois.

Présenté par Desjardins, avec la collaboration de Femmessor, la Caisse de dépôt et placement du Québec et PwC.

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