Une usine LEED, qu'est-ce que ça donne ?

Offert par Les Affaires


Édition du 28 Janvier 2017

Une usine LEED, qu'est-ce que ça donne ?

Offert par Les Affaires


Édition du 28 Janvier 2017

Par Denis Lalonde

[Photo : 123RF/giorgiorossi73]

Le fabricant de pâtes fraîches et surgelées O'Sole Mio, de Boisbriand, a vu sa plus récente usine obtenir la certification LEED en avril dernier, un accomplissement qui reste toutefois difficile à monétiser.

«Nous ne voulions pas être les deuxièmes au Canada dans les prochaines années. Ça a été un défi, car il n'existe pas de normes préétablies dans notre industrie. La certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) vise avant tout les immeubles gouvernementaux et les tours de bureaux», explique le président de l'entreprise, Alfredo Napolitano.

Ce dernier soutient que l'usine LEED ne lui donne pour le moment aucun avantage concurrentiel. «Quand on approche les bannières avec ça, on nous répond "ouais, pis"», dit-il.

Une réponse de Loblaw, qui possède aussi les bannières Provigo, Maxi et Pharmaprix au Québec, confirme les dires du dirigeant. «Au moment de choisir un fournisseur, nous nous assurons de la salubrité, de la qualité, de la disponibilité et du rapport qualité-prix des produits», dit la directrice principale, Affaires corporatives et communications de la société, Johanne Héroux, dans un échange de courriels. L'obtention de la certification LEED n'est donc pas un élément de l'équation.

Chez Sobeys, qui possède la bannière IGA, la réponse est plus nuancée. «Nos fournisseurs qui ont des établissements LEED ne font pas partie d'un club sélect. Nous les sélectionnons avant tout pour la qualité de leurs produits et la constance des approvisionnements. Toutefois, je ne peux pas vous cacher que nous avons un préjugé favorable pour les entreprises qui partagent nos valeurs», raconte le directeur principal de la stratégie numérique nationale du détaillant, Alain Dumas.

Le centre de distribution d'IGA à Terrebonne a obtenu en janvier la certification LEED Argent, alors que son entrepôt de la société à Trois-Rivières est LEED Or. Quelques épiceries de la bannière ont aussi obtenu leur certification.

Stéphanie Kennan, présidente de l'agence montréalaise de marketing Web Bang Marketing, croit que le principal souci des épiciers est d'augmenter leurs marges bénéficiaires. Elle rappelle qu'IGA a annoncé en avril une baisse de prix de 8 500 produits, et que Loblaw a demandé à ses fournisseurs de se serrer la ceinture en juillet. «La vertu, ce n'est pas nécessairement ce qu'il y a de plus vendeur. Beaucoup de gens ne savent même pas que la certification LEED existe. Si la société veut cibler les consommateurs avec ça, j'ai l'impression qu'elle va perdre son temps. Ça ramène toujours au portefeuille des clients», explique-t-elle. Mme Kennan croit que les marques qui veulent être reconnues pour leur bon comportement environnemental doivent modifier toutes leurs façons de faire. Par exemple, la société pourrait produire des pâtes biologiques avec du blé exempt d'organismes génétiquement modifiés (OGM) et les emballer dans des contenants compostables. «À ce moment, la marque s'élèvera au-dessus des autres de façon importante sur le plan environnemental», dit-elle. Elle affirme que le plus grand bénéficiaire de l'usine LEED sera O'Sole Mio, grâce entre autres, à la réduction des coûts de chauffage et d'éclairage.

Un investissement rentabilisé en «5 à 10 ans»

Alfredo Napolitano soutient que la construction du bâtiment a nécessité un investissement de 55 millions de dollars (M$), dont 4 M$ ont servi à se conformer à l'obtention de la certification LEED.

«Nous étions à quelques points de l'obtention de la certification LEED Argent. Nous avons obtenu le sceau LEED certifié», dit le président. La société de 180 employés espère rentabiliser son investissement «d'ici 5 à 10 ans».

M. Napolitano concède qu'à la base, les produits doivent être bons, sinon les clients vont rester indifférents. «Notre usine n'améliore pas la qualité des pâtes», dit-il, ajoutant que l'entreprise travaille à intégrer le logo LEED à ses emballages pour, espère-t-il, susciter l'intérêt de gens plus soucieux des enjeux environnementaux. Chose certaine, si O'Sole Mio doit bâtir une autre usine dans les prochaines années, son président assure qu'elle sera LEED. Le dirigeant de la société ne veut pas dévoiler son chiffre d'affaires, mais soutient que ses ventes progressent de 20 % à 30 % par année.

À court terme, l'entreprise souhaite consolider sa présence sur ses trois principaux marchés, le Canada, les États-Unis et le Mexique. À plus long terme, l'Europe et l'Asie sont dans la mire de l'entreprise, mais surtout pour des produits surgelés.

RETOUR AU DOSSIER EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE: DES BÂTIMENTS INTELLIGENTS

À la une

Dette et déficit du fédéral: on respire par le nez!

ANALYSE. Malgré des chiffres relativement élevés, le Canada affiche le meilleur bilan financier des pays du G7.

Budget fédéral 2024: «c'est peut-être un mal pour un bien»

EXPERT INVITÉ. Les nouvelles règles ne changent pas selon moi l'attrait des actions à long terme.

Multiplier la déduction pour gain en capital, c'est possible?

LE COURRIER DE SÉRAFIN. Quelle est l'avantage de cette stratégie?