L'union fait la force

Publié le 27/10/2017 à 05:00

L'union fait la force

Publié le 27/10/2017 à 05:00

ÉCONOMIE CIRCULAIRE - La Chine a misé sur la symbiose industrielle entre les entreprises de ses parcs d’activité pour créer un futur plus propre.

Par Dou Shicong, Hong Kong Economic Journal

La consommation chinoise de ressources naturelles semble a priori catastrophique. Seconde économie mondiale, souvent considérée comme l’usine du monde, la Chine accumule un déficit de ressources gigantesque et sa croissance rapide depuis la fin du siècle dernier a été en grande partie propulsée par l’utilisation de charbon sale et de très mauvaise qualité. En 2014, le pays a produit 3,2 milliards de tonnes de déchets industriels solides. Seules 2 milliards de tonnes ont été recyclées, compostées, incinérées ou revalorisées.

Ces statistiques certes peu réjouissantes ont le mérite d’avoir sonné comme un électrochoc pour la Chine. Ces dix dernières années, à l’échelle mondiale, le pays a ouvert la voie à l’élaboration de politiques visant à limiter la consommation de ressources et à réduire la pollution atmosphérique. Il a ainsi jeté les fondations de circuits industriels complets et a converti les rejets de certaines productions en ressources pour d’autres, créant ainsi une « économie circulaire ».

Le 13e plan quinquennal de la Chine s’inscrit également dans cette démarche volontariste. Dans un discours prononcé à l’Assemblée nationale populaire le 5 mars 2016, le premier ministre chinois Li Keqiang a affirmé que le nouveau plan fournirait un cadre pour la mise en œuvre d’un « développement vert » compatible avec la croissance économique. Selon lui, « Réaliser la croissance verte signifie utiliser moins d’énergie et de ressources, et découpler les principales émissions de polluants de la croissance économique et de l’urbanisation ».

En tant que signataire de l’Accord de Paris sur le changement climatique, la Chine s’est engagée à ce que son plus haut niveau d’émissions de CO2 soit atteint au plus tard en 2030 (pour ensuite baisser). Les mesures actuelles s’avèrent prometteuses et le pays est en voie de dépasser ses objectifs climatiques. Mais la Chine sait qu’elle ne doit pas s’arrêter là. En effet, elle a besoin d’un changement radical de modèle de développement industriel alliant économies d’énergie et faible niveau d’émissions de carbone. Les parcs éco-industriels qui fleurissent aux quatre coins du territoire chinois sont conçus pour répondre à ce défi.

Ces zones industrielles réduisent la pollution de l’environnement et économisent les ressources en utilisant les sous-produits des autres entreprises résidentes et en partageant les ressources. Le célèbre parc éco-industriel de Kalundborg au Danemark a été le tout premier créé. Inauguré en 1959, il réunit neuf entreprises privées et publiques. Pionnier de la « symbiose industrielle » en 1972, il a cristallisé l’intérêt du monde entier.

Pour les Chinois, l’évolution de ce modèle représentait un réel potentiel, dans un pays où les zones et les parcs industriels réalisent 50 % de la production industrielle. Les opportunités de collaboration et les réflexes de consommation circulaire au sein de ces parcs ont déjà entraîné une baisse de l’utilisation de ressources naturelles − la consommation chinoise de charbon a reculé de 6 % cette année.

Le tentaculaire parc industriel de Suzhou, emblème d’un projet bilatéral entre Singapour et la Chine constitue le fleuron de ces parcs éco-industriels. Situé à 100 km au nord-ouest de Shanghai, il a été créé en 1994, couvre 8 000 hectares (auxquels s’ajoutent 20 000 ha pour de futurs agrandissements) et abrite plus de 25 000 entreprises.

Comme les Danois un demi-siècle plus tôt, les entreprises du parc ont mis au point des méthodes innovantes pour utiliser déchets et sous-produits de certaines entreprises comme matières premières, alimentant à moindres frais une économie circulaire ultra-performante. Le modèle de Kalundborg fait pâle figure face à l’ampleur de ces dispositifs.

À Suzhou, les exemples d’entreprises qui revalorisent les déchets d’autres productions sont légion. On peut également citer le projet d’usine de traitement des boues du parc industriel, inauguré en 2015. Il mutualise une installation d’épuration des boues et des eaux usées et une centrale de cogénération (adossées l’une à l’autre). Fort d’un investissement de 216 millions de yuans (27 millions d’euros), le projet doit durer cinq ans. Avec une quantité de déchets annuelle estimée à 108 000 tonnes de boues humides, il devrait réduire les émissions de CO2 de 31 000 tonnes chaque année. L’utilisation des résidus comme source de carburant réduira la consommation totale de charbon de 17 000 tonnes. L’incorporation des résidus de cendres aux matériaux de construction promet d’éliminer 10 000 tonnes de déchets solides produits par le parc.

En dehors de ce gigantesque projet et de nombreux autres, le parc a connu son lot de défis. Au premier rang desquels l’évolution des structures industrielles, car les secteurs peu performants, gourmands en main-d’œuvre − comme celui de la fabrication de produits électriques − sont poussés hors du parc par les secteurs des hautes technologies et des services, axés sur l’international – notamment les nanotechnologies et les activités de services financiers. Les analystes affirment toutefois que le parc à la capacité d’accueillir à la fois des petites et des grandes entreprises. S’il y échouait, la zone deviendrait inaccessible aux entreprises locales et le coût de la vie augmenterait de manière exponentielle.

Malgré cela, le parc de Suzhou offre un aperçu du futur auquel la Chine aspire : un futur dans lequel le développement vert et l’économie circulaire favoriseront l’investissement, apportant aux produits chinois un avantage concurrentiel sur le marché international et un sérieux coup de main à la Chine dans l’adoption d’un comportement plus respectueux de l’environnement.

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