L.A. - Malgré la récession, la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée touche tous les secteurs de l'économie. Comment le secteur manufacturier relèvera-t-il ce défi ?
S.P. - Les entreprises doivent d'abord miser sur davantage d'automatisation dans leur processus de production, ce qui permettra de réduire les besoins en main-d'oeuvre. Elles doivent aussi mieux former leurs employés. C'est une tendance : la formation de la main-d'oeuvre se fera de plus en plus sur les lieux de travail, plutôt que dans les écoles. Et là, les gouvernements ont un rôle à jouer. Actuellement, il est plus facile de faire financer la formation à l'extérieur des entreprises par des programmes gouvernementaux. Mais quand la formation se donne en usine, il y a des coûts pour les entreprises. Les gouvernements doivent donc mieux soutenir ce processus.
L.A. - Le Québec peut-il s'inspirer d'un modèle ?
S.P. - Dans certains pays européens, les entreprises font reconnaître des expériences de travail comme des compétences, ce qui leur permet de faire rembourser les frais afférents. Cela stimule la formation de la main-d'oeuvre.
L.A. - Les jeunes ne se bousculent pas pour travailler dans le secteur manufacturier au Québec. Que ferez-vous pour y attirer du sang neuf ?
S.P. - Notre industrie doit actualiser son image vieillotte. Un sondage réalisé l'été dernier auprès des jeunes disait que 81 % d'entre eux n'envisagaient pas de faire carrière dans le secteur manufacturier.