Vos collègues sont-ils prêts à vous trahir?

Publié le 06/03/2012 à 09:09, mis à jour le 07/03/2012 à 13:43

Vos collègues sont-ils prêts à vous trahir?

Publié le 06/03/2012 à 09:09, mis à jour le 07/03/2012 à 13:43

Par Olivier Schmouker

Mais l’intérêt de l’étude réside dans ce qui suit. Les deux chercheurs ont eu l’idée d’intégrer au dilemme une donnée intéressante : une troisième personne fictive. Ce que ça change? Eh bien, rien, si ce n’est que dans le cas où les deux décident de coopérer, cela va causer du tort à cette troisième personne. M. Engel et Mme Zhurakhovska ont même poussé le vice un peu plus loin, en offrant la possibilité aux deux joueurs de faire varier le degré de coopération, en ce sens que plus les joueurs décident de collaborer ensemble, plus cela fait du mal au pauvre innocent!

Résultat? Passionnant! On pourrait imaginer a priori, comme les deux chercheurs avant leur expérience, que ces nouvelles conditions inciteraient les participants à moins coopérer, se refusant à faire du mal à autrui. Surtout pour une poignée d’euros seulement. Pourtant, ce n’est pas ce qui s’est produit. Pas du tout. Le taux de coopération est demeuré à peu près le même! Et ce, quel que soit l’intensité du mal infligé à la troisième personne!

Tout naturellement, M. Engel et Mme Zhurakhovska ont voulu savoir pourquoi la cruauté dérangeait si peu les participants à leur expérience. Par différentes petites expériences, ils ont pu analyser différents facteurs pouvant déterminer une décision si contre-intuitive. Et ils ont découvert que :

- La réticence à faire du mal, que nous avons tous en nous (à moins d’être un psychopathe diagnostiqué…), n’entre plus vraiment en ligne de compte dans la prise de décision;

- Ceux qui ont le plus envie de coopérer le font d’autant plus volontiers quand ils savent que cela fera, par la même occasion, du mal à une tierce personne;

- Si la coopération des deux cause du tort à une tierce partie, la croyance dans les bienfaits de la coopération et la décision de coopérer sont négativement corrélées. C’est-à-dire que les participants choisissent de coopérer sans pour autant être convaincus que cela va leur être bénéfique.

Incroyable, n’est-ce pas? À croire que nous ne sommes que des monstres de cruauté, qui ont soif de sang et se délectent à l’idée de déchirer la chair des autres à pleines dents.

Les deux chercheurs n’ont, bien entendu, pas sauté à une conclusion aussi simpliste. Ils ont plutôt considéré que l’un des facteurs déterminants dans la décision de deux personnes de collaborer ensemble est notre envie – notre besoin profond peut-être – de nous distinguer des étrangers, voire de leur nuire pour marquer notre «supériorité». C’est triste à dire, mais si collaborer avec une autre personne nous permet d’en écraser une autre, même innocente, alors nous nous prêtons encore plus aisément à cette collaboration…

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