La peur se traduit par des réactions physiologiques démesurées : on transpire à grosses gouttes pour un rien, on a des sueurs froides, etc. On devient nerveux, ou au contraire on sombre dans la procrastination (le fait de différer systématiquement toute décision ou tâche importante). Bref, on se sent souvent mal à l’aise au bureau, et parfois même très mal à l’aise, au point d’en tomber malade.
La peur est donc une émotion forte, une émotion totalement paralysante dans la très grande majorité des cas (quelques rares personnes savent la positiver, et s’en servir pour se lancer dans une tâche ardue avec beaucoup d’énergie…).
La vraie est question est de savoir d’où vient une telle peur? Pour essayer d’en avoir une idée, le médecin suisse Jean-Pierre Papart et Yih-teen Lee, professeur de management à l’IESE Business School, se sont intéressés au processus qui mène à un tel phénomène, dans le cadre d’une étude intitulée La peur au travail : un mécanisme de coordination managérial inefficace. Et ils ont découvert que les pratiques de ressources humaines adoptées par la haute direction de l’entreprise y sont pour beaucoup…
Ainsi, les deux chercheurs ont étudié les données disponibles de la Geneva Study, laquelle s’est penchée sur l’impact de l’organisation du travail sur la santé mentale du personnel de 10 entreprises du Canton de Genève, entre 2001 et 2005. Ils ont essentiellement regardé les effets négatifs sur les employés des demandes de hausse de productivité de la part de la haute direction, et ce en utilisant le modèle de Karasek (un questionnaire de mesure du stress conçu en 1979 par le sociologue américain Robert Karazek, qui évalue l'intensité de la demande psychologique à laquelle est soumis un salarié, la latitude décisionnelle qui lui est accordée et le soutien social qu'il reçoit).
Résultat? Quand la direction demande aux employés d’en faire plus et mieux, sans pour autant leur donner la flexibilité et les moyens nécessaires pour cela, le stress des employés grimpe en flèche. Et avec elle, la peur, chez certains.